Régates / Un final en apothéose à Saint Barth (Vidéo)

Après trois premiers jours de régates disputées sur des parcours différents, variés, tactiquement et sportivement exigeants, la direction de course et Luc Poupon avaient programmé en clôture d'une première édition des Voiles de Saint-Barth déjà unanimement louée, un tour complet de l'île de Saint-Barthélemy, soit 22 milles de régate entre les roches et dans un alizé qui de toute la semaine, jamais n'aura faibli. Et pour que l'esprit festif de l'événement soit parfaitement respecté, c'est sur une même ligne de départ et dans la même et unique procédure que les 23 voiliers étaient dès 11 heures invités à s'élancer.

Crédit : Christophe Jouany / Les Voiles de Saint- Barth


Rambler, en pensant à Peter Doriean
Dès l'entrée en procédure, un énorme grain tropical noyait le plan d'eau et les équipages sous des trombes d'eau. Quelques minutes plus tard, le ciel se déchirait enfin et, comme c'est souvent le cas, un calme blanc envahissait l'entrée du port de Gustavia et la ligne de départ. Les voiliers patientaient quelques instants, toutes voiles battantes, et la direction de course pouvait renvoyer une procédure, dans un alizé reprenant ses droits à plus de 18 noeuds de secteur est. La bouée de dégagement, mouillée à moins d'un mille du départ, donnait lieu à un sévère embouteillage, et au spectaculaire déboulé sur deux amures différentes des deux géant, Sojana en tribord et Rambler en bâbord. Le ton était donné, et cette dernière manche des Voiles de Saint-Barth s'envolait avec la même tonicité que ces devancières de la semaine. En juste deux heures, le formidable plan Reichel/Pugh Rambler en terminait avec un parcours rendu tactique par les nombreuses marques de passage. Dominateurs sans partage avec quatre victoires sur quatre courses disputées, les hommes de George David restaient modestes dans leur triomphe, toutes pensées mobilisées au moment du franchissement de la ligne d'arrivée pour leur ami récemment et accidentellement décédé, l'Australien Peter Doriean. Comme l'avait annoncé le tacticien du bord, l'américain Ken Read, le meilleur hommage que les 20 hommes qui constituent l'équipage pouvaient rendre à leur teammate, c'était de donner tout au long de la régate le meilleur d'eux mêmes. Le grand ketch Sojana s'est toute la semaine appliquée à tenter de suivre le rythme effréné du Maxi américain. L'alizé puissant l'a lui aussi bien aidé à naviguer au maximum de son fabuleux potentiel. En vain. Le déficit de vitesse du plan Farr était trop important pour que les hommes de Peter Holmberg, épaulés par les Français Loïck Peyron, Lionel Péan et Jacques Vincent, puissent espérer s'imposer. Les écarts demeurent pourtant minime, et aujourd'hui encore, de seulement 10 petites minutes.


Wild Horses... pour 4 secondes!
C'était le grand match du jour, qui avait dès hier, après la belle victoire des filles du W 76 White Wings, soulevé l'enthousiasme des équipages et spectateurs des Voiles de Saint-Barth. Faraday Rosenberg et ses 15 équipières allaient elles renouveller leur performance, remporter la manche du jour et l'emporter du même coup au classement général face à son sistership Wild Horses à Donald Tofias et ses boys. L'incertitude aura planée tout au long des 22 milles théoriques du parcours lancé autour de Saint-Barthélemy. De plus en plus à l'aise dans ses options de route millimétrées, White Wings prenait de nouveau un départ plein de culot et enroulait la bouée de dégagement largement en avance sur Wild Horses. Les deux grands Classe W 76 fonçaient sous le vent de l'île et c'est à l'occasion des longs bords de louvoyage dans une mer de plus en plus formée que les filles allaient baisser légèrement de rythme. Suffisamment pour permettre le retour de Tofias qui venait sur un ultime rush de portant, l'emporter de 4 malheureuses secondes. La victoire revient donc à Wild Horses dans un Groupe des Classiques particulièrement excitant, haut en couleur et tout en élégance, avec la présence toujours inspirée sur les lignes de départ de Kate, voilier aurique récemment construit sur plan Mylne.

Trop forts les marins de St Marteen!
Robert Velasquez est venu aux Voiles de Saint-Barth sûr de son équipage des Antilles Néerlandaises, confiant en la qualité intrinsèque de son First 45, et fort de décennies d'expérience de la navigation entre les îles Antillaises. Avec quatre victoires pour autant de course, il irradiait ce soir d'une joie communicative, et ne trouvait pas de mots assez enthousiastes pour qualifier cette belle semaine bénie d'Eole. Il triomphe en tête du groupe le plus fourni de ces Voiles, n'ayant laissé aucune chance au vaillant Dufour 34 Speedy Nemo à Raymond Magras, beau dauphin d'un podium complété par le J 109 Pocket Rocket de David Cullen.

Etonnant J 122
A la lutte toute la semaine avec le splendide Swan 45 Puffy à Patrick Demarchelier, parrain de l'épreuve, le véloce et intrépide petit J 122 Lost Horizon skippé par le marin d'Antigua James Dobbs triomphe ce soir en signant une quatrième victoire. Ni la brise, ni la forte houle parfois très désordonnée, ni les passages de grains ne semblent avoir impressionné Dobbs et ses hommes qui ont su tactiquer à merveille pour annihiler la puissance du Swan et inscrire le nom de leur vaillant coursier au palmarès de la première édition des Voiles de Saint-Barth.

Source : Les Voiles de Saint Barth