Solitaire du Figaro / Sébastien Simon abandonne : "Cela ne m’était jamais arrivé de jeter l’éponge"

A 16h50 hier lundi, alors qu’il se trouvait au nord de la pointe de Cornouaille et progressait au près dans une douzaine de nœuds de vent sur une mer légèrement agitée, Sébastien Simon a indiqué à la Direction de course de la Solitaire du Figaro que son étai s'était cassé. Le skipper de Bretagne – Crédit Mutuel Espoir, qui a dans un premier temps tenté de terminer l’étape, a toutefois été contraint à l’abandon. Très déçu, le jeune marin revient sur son avarie.


Abandon de Seb Simon sur La Solitaire du Figaro.
Credit : A.Courcoux

Vers 21h25, Sébastien Simon a donc annoncé qu’il faisait route au moteur vers Roscoff. Forcément, la déception est immense pour le marin qui s'était notamment illustré en remportant la deuxième étape entre La Corogne et Concarneau, et qui pointait à la dixième place au classement général cumulé des trois premières manches. Interview.


Sébastien, comment cela s’est-il passé ?
« J’ai entendu un énorme « crac » et j’ai vu mon étai en train de pendouiller. J’ai abattu un grand coup, je suis parti en courant chercher mon solent et de la garcette. Mon premier réflexe a été de sécuriser le gréement. Après, j’ai hurlé sur le bateau. Je me suis dit que ce n’était pas possible que deux années de suite il m’arrive des bricoles. J’avais vraiment à cœur de bien faire et je n’ai pas l’occasion d’aller au bout. C’est vraiment très dur. 

Dans un premier temps, j’ai voulu continuer. Il me restait 1,37 mille à faire au près pour passer Wave Hub lorsque c’est arrivé. J’ai donc poursuivi sous gréement de fortune jusqu’à la marque, mais le mât était franchement sur l’arrière. Il n’arrêtait pas de bouger. J’ai eu peur que le pied de mât déchausse et que l’espar me tombe sur la tête. Heureusement, après, j’ai pu envoyer mon spi. 

Au début, il y avait encore de l’air, du coup, ce n’était pas trop mal, mais ensuite, ça a mollit à 8 nœuds, et là, c’est devenu plus compliqué. J’ai essayé de garder de la tension dans les haubans, et j’ai blindé le hale-bas et l’écoute de GV mais malgré ça, le mât penchait sérieusement. Je me suis rendu compte qu’il restait 300 milles à parcourir, avec des conditions très aléatoires, et que je n’étais plus du tout en mesure de rivaliser avec les autres. »


Avez-vous beaucoup hésité à continuer la course ?
« Enormément, d’autant que cela ne m’était jamais arrivé jusqu’ici de jeter l’éponge. S’il était resté 100 milles à avaler, j’aurais peut-être tenté de finir mais là, il me restait les trois quarts de l’étape à faire, qui plus est dans des conditions incertaines. On ne sait même pas si la manche va se terminer au près, au portant ou autrement. 

Christian Le Pape (le Directeur du Pôle Finistère Course au Large, ndlr) m’a dit au téléphone que pour rejoindre Owers, j’aurais sans doute dû faire du largue serré, ce qui est un peu limite avec un étai cassé. Dans un sens, cela me conforte un peu dans l’idée que j’ai fait le bon choix. 

De plus, l’année dernière, je me suis infligé une sorte de punition en finissant à tout prix une étape après une collision avec un autre concurrent. Je suis arrivé six heures après le premier et ça a été très dur. Je ne voulais pas revivre ce genre de chose. ».


Vous faites route sur Roscoff à présent ?
« Absolument. J’ai gardé la grand-voile car pour l’instant je suis en mesure d’appuyer le moteur. En revanche, demain, il n’y aura plus du tout de vent. Ça va être long. Je suis écœuré parce que je me suis tellement impliqué pour que ça marche. 

Mon but, c’était de montrer que j’avais bien progressé, que j’étais capable de faire une belle place. J’étais dans les dix au général après les trois premières étapes et puis voilà que tout s’écroule. Du coup, je n’arrive même plus à voir les bons côtés de ma Solitaire. Je n’arrive même plus à me rappeler de ma victoire d’étape. Je suis tellement déçu… »


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Par la rédaction
Source : Rivacom