Yann Eliès / Les pieds toujours sur terre, la tête déjà en mer...

A un peu moins de deux mois jour pour jour du départ du Vendée Globe, Yann Eliès ne fait pas mystère de la pression qui l'accompagne jusqu'à cette échéance. L'esprit déjà tendu vers ce tour du monde en solitaire et sans escale, il ne cède rien dans sa préparation aussi sereine que rigoureuse avant le 9 novembre prochain, quand il sera retrouvera seul à la barre de son monocoque de 60 pieds GENERALI pour vivre cette aventure sur toutes les mers du globe. Ses impressions à quelques semaines du jour J...



Nous ne sommes plus qu’à deux mois du départ du Vendée Globe, dans quel état d’esprit es-tu ?
« Deux mois, c’est proche à l’échelle du projet. Deux mois, c’est aussi une période intense en termes de préparation. J’essaye donc de rester cool et zen, de garder l’esprit clair même si le soir, parfois, quand je pense à tout ce qu’il faut préparer, anticiper en vue de cette échéance, j’ai des petits coups de stress ! Globalement, je suis plutôt serein, je sais que nous avons bien travaillé sur le projet et j’ai une grande confiance en mon équipe. »

As-tu déjà la tête en mer ?
« Ca m’arrive de plus en plus, je me dis que cela va être une formidable aventure, que je vais y prendre énormément de plaisir. Et dès le week-end prochain, je vais pouvoir vraiment me projeter puisque je pars deux jours et demi au large avec le bateau. Je vais emmagasiner encore pour essayer de trouver le bon rythme, celui qui va me permettre de faire le tour du monde sans avarie : il sera moins soutenu que celui tenu lors des dernières transats. Je me projette aussi quand je liste toutes les choses qu’il ne faut pas oublier et quand je fais l’arbitrage entre la fiabilisation et l’optimisation, entre les pièces de rechange à embarquer pour pas qu’une avarie m’empêche de continuer et le moindre kilo superflus. »

En quoi consiste ta préparation sur ces deux derniers mois ?
« Il y a d’abord un enjeu : bien gérer son temps pour tout faire. Il s’agit de bien mener la préparation du bateau en naviguant le plus possible en configuration « large », de ne pas négliger la préparation physique quand je ne navigue pas, de répondre aux sollicitations médias qui viennent s’ajouter et de garder aussi des petits moments pour soi, en famille, ne serait-ce que pour bien préparer ses petites affaires personnelles ! Je raisonne donc à la grande semaine ! La semaine prochaine, par exemple, je participe à un stage au Pôle Finistère Course au Large. Nous serons neuf parmi les concurrents du Vendée Globe et il sera très positif de se confronter à la concurrence, de mesurer les effets des modifications apportées au bateau. A deux mois du départ, je suis dans un entonnoir en termes de temps : je mets donc la priorité sur le bateau et le projet. Quand le Vendée Globe sera passé, je pourrai plus me dédier à ma famille. Mon objectif est d’être bien prêt pour le 18 octobre, quand le bateau sera arrivé aux Sables d’Olonne. Ensuite, il ne me restera plus qu’à attendre de participer à la grande fête du départ ! »

Pression, excitation ? Quel sentiment domine à l’approche de cette échéance ?
« C’est un mélange des deux. Cela fait presque trois ans que je travaille ce projet et j’ai hâte d’être le 9 novembre après-midi, seul à bord de GENERALI, quand j’aurai évacué la pression qui accompagne le départ. Car, la pression monte face aux sollicitations des médias et quand j’imagine tout le monde qu’il y aura aux Sables d’Olonne. Il faut donc tendre vers plus de sérénité possible et envisager le plaisir qu’on va y prendre… »

Source : Générali