Nouvelle manière de naviguer pour Thomas Ruyant : "Nos voiles sont très différentes de celles des autres"


Il va s'élancer le 8 novembre sur le Vendée Globe avec LinkedOut. Confronté à l’énorme potentiel de sa nouvelle carène et à la puissance de ses appendices, Thomas Ruyant est rapidement parvenu à la conclusion que les plans de voilure traditionnellement étudiés pour les Imoca ne convenaient plus aux exigences de son plan Verdier. "La combinaison foils-jeu de voiles de multicoque constitue une véritable révolution en soi."

 

Crédit : P Bouras

« Cela fait partie des retours d’expérience que j’ai eues avec Antoine Koch et Laurent Bourguès » explique Thomas Ruyant. « Après avoir beaucoup navigué, notamment sur Malizia de Boris Herrmann lors de la Transat Jacques Vabre en 2017, j’ai constaté combien les bateaux avaient fortement évolué, non seulement leur plateforme mais aussi les foils. 

Pourtant, les jeux de voiles restaient un peu figés. On ne les avait pas fait évoluer au même rythme. Alors qu’on a, à présent, des voiliers qui naviguent comme les trimarans, avec énormément de vent apparent, des bateaux qui créent leur propre vent, il convenait de se pencher sérieusement sur la question. C’est ce que j’ai fait en parallèle de la construction du bateau avec Antoine Koch. La combinaison foils-jeu de voiles de multicoque constitue une véritable révolution en soi. »


Des voiles plus plates mais aussi plus petites 

« Nos voiles sont très différentes de celles des autres. On voit que les V2 de nos adversaires se rapprochent de nos choix. Nous disposons sur LinkedOut d’un jeu de voiles qui se rapproche fortement d’un jeu de voiles de multicoque, des voiles plus plates et plus petites. Dans 15 noeuds de vent, on navigue déjà à plus de 20 noeuds, au lieu de 13 ou 15 sur un Imoca ancienne génération. Le vent apparent* prend plus de place dans notre fonctionnement. 

Les bateaux sont plus exigeants au réglage, mais une fois les hautes vitesses atteintes, on ne peut plus s’arrêter. Il nous faut un jeu de voile plus pointu, plus précis, et en l’occurrence plus plat et plus petit car il n’y a plus besoin de toujours plus de puissance. On en crée suffisamment. On se rend compte qu’une même voile peut couvrir plus d’angles ! A 80° du vent à 20-25 noeuds, si on abat de 20 à 30 degrés, on n’a plus besoin de choquer la voile d’avant, le bateau continue d’accélérer et on n’a pas besoin de modifier les réglages. 

En mode foiler, on navigue à présent avec des voiles plus petites et plus plates, pour une utilisation efficace plus longtemps, et avec de plus grandes variations d’angle de vent. »

 

Des voiles plus polyvalentes et une gîte calculée

"Sur LinkedOut, je conserve à bord un spi de 380 m2 qui va me servir dans moins de 15 noeuds de vent et sur des allures très abattues, à 145° du vent, en VMG. Mais à 15 noeuds de vent, je vais affaler mon spi au profit d’une voile beaucoup plus petite, pour aller chercher des angles complètement différents. On n’a plus besoin de grands gennakers. Après mon spi, ma plus grande voile ne fait que 240 m2. 

On passe du mode archimédien sous spi au mode foiler en lofant de 140° du vent à 130°, et le bateau va accélérer, "debout" sur ses foils, avec des angles beaucoup plus fermés. Une fois que le bateau démarre, il crée son vent et demande des régulations précises pour sa gite, afin de garder un maximum de surface de foils à plat. Il me faut 15° de gîte pour bien avancer."
 
Source : TB Press