Troisième du Vendée Globe, Yannick Bestaven attend une déduction de temps pour avoir participé au secours de Kevin Escoffier

Yannick Bestaven, skipper de Maître CoQ, occupe une superbe troisième place sur le Vendée Globe, à seulement une dizaine de milles du deuxième, Thomas Ruyant. D'autant qu'il attend une déduction de temps par le jury pour s'être dérouté et avoir participé au secours de Kevin Escoffier. Il raconte et confie son bonheur d’être en mer dans des endroits qu’il découvre. 


Crédit : JM Liot



Vous avez eu un début d’océan Indien particulièrement musclé racontez-nous ces quelques jours en enfer.

"On a eu une succession de fronts forts sur la tête, l’entrée dans l’Indien nous avait en plus bien tous refroidis avec ce qui est arrivé à Kevin (Escoffier, secouru après de longues heures dans son radeau de survie). Franchement, je n’avais jamais connu ça, j’ai été un peu surpris, comme un débutant.

Dans l’Indien, tu as vraiment des mers croisées et difficiles, tu dois adapter la vitesse du bateau à l’état des lieux, tu ne peux pas aller trop vite. C’était dur, ça cognait beaucoup, c’était éprouvant pour le bateau, pour le physique et pour les nerfs. 



Vous êtes ce soir troisième. On imagine que vous êtes satisfait de ce positionnement ? 

Oui, parce que malgré quelques abandons de prétendants au podium, je me rends compte que je ne suis pas si loin de Charlie Dalin (Apivia) et Thomas Ruyant (LinkedOut), d’autant que je vais avoir une déduction de temps pour le sauvetage de Kevin. Je suis donc super satisfait de ma navigation et de l’état du bateau, j’ai encore les armes pour être à 100%. 


 Vous regardez plus devant ou derrière ? 

Je regarde devant. Après, j’ai quand même mon petit groupe de quatre derrière, avec une super course des bateaux à dérives, ceux de Benjamin (Dutreux, OMIA – Water Family), Jean (Le Cam, Yes We Cam !) et Damien (Seguin, Groupe Apicil). 

Dans les conditions de mer formées, avoir des foils ou des dérives, ça ne changeait pas grand-chose, mais ils sont là, avec également Boris (Herrmann, Seaexplorer – Yacht Club de Monaco) et Louis (Burton, Bureau Vallée) un peu plus sud, sans oublier Isa (Joschke, MACSF) et Giancarlo (Pedote, Prysmian Group) qui ne sont pas très loin derrière. 

C’est motivant, il y a du match, de quoi s’amuser et de mettre du charbon pour ne pas se faire rattraper, il n’y aura pas de monotonie !


 Même si la première partie de l’Indien a été difficile, on vous sent bien en mer... 

Carrément ! Je n’ai plus la nostalgie du départ, plus l’inquiétude de la longueur et des mers du Sud. Je suis vraiment dans la course, je ne ressens ni monotonie ni lassitude, la durée ne me pèse pas, la solitude non plus. J’essaie d’en profiter, parce que je me dis que quelques semaines après l’arrivée, je regretterais peut-être ces moments-là. 


 Charlie Dalin disait, en sortant de la très grosse tempête qu’il a affrontée, qu’il avait l’impression d’avoir passé son diplôme des mers du Sud, est-ce aussi votre cas ? 

Il y a encore le Pacifique et le Cap Horn à passer, donc ce n’est pas fini, mais ce qui est sûr, c’est que j’ai fait en solitaire sur ce bateau des choses que je n’avais jamais faites jusqu’ici, notamment essuyer des grains puissants dans de la mer très formée et avec trois ris dans la grand-voile, prendre des rafales à 70 nœuds, empanner dans du vent fort avec ces bateaux compliqués… 

Donc je ne sais pas si j’ai encore mon diplôme des mers du Sud, mais mon diplôme IMOCA, oui, je pense que je l’ai !" 

Bonifications bientôt dévoilées 

Une analyse fine des trajectoires et du temps passé pour les skippers déroutés (Yannick Bestaven et Boris Herrmann) et du sauvetage à bord de Yes We Cam! communément étudiés avec la Direction de course est nécessaire avant de présenter les bonifications en temps. Ainsi, mercredi, le président du jury, Georges Priol, devrait statuer sur le bonus accordé aux trois skippers.

 Source : C.Muller