Antoine Mermod : “La Vendée Arctique, une course importante et nécessaire pour l’IMOCA”

 

Alors que les skippers arrivent aux Sables d’Olonne après une conclusion précoce de la Vendée Arctique, Antoine Mermod, président de l’IMOCA, exprime son enthousiasme pour une course qui, selon lui, est là pour rester.

 

Crédit : O Blanchet

Antoine Mermod est convaincu que ce genre de défi est important pour une Classe qui est rythmée par le Vendée Globe tous les quatre ans. "Je pense que c'est une course très importante et nécessaire pour l’IMOCA car l'objectif de nos bateaux, de nos projets et de nos skippers est le Vendée Globe," affirme-t-il. “Tous le comparent à l’Everest des mers et, pour s’y atteler, il faut donc préparer les bateaux, les marins et les équipes dans ce sens."

Pour lui, la Vendée Arctique est un bon exemple de ce que les skippers rencontreront dans les mers du Sud pendant le Vendée Globe. "Pour préparer cela, nous ne pouvons pas faire un tour du monde en solitaire en entraînement, avant la course elle-même, ce qui signifie que tous les quatre ans, en amont, nous devons tenter de recréer le challenge de cette course et ce qu'elle peut impliquer.

"L'aspect le plus difficile à reproduire est le climat extrême du parcours", poursuit-il. "Les tempêtes, l'inconnu, le froid ou l’imprévisible, les skippers doivent faire face à toutes sortes de défis. La Vendée Arctique est donc une épreuve singulière et différente des transatlantiques qui sont davantage des courses de vitesse.

Le président de l’IMOCA déclare également qu'il a été impressionné par la manière dont les skippers ont fait face aux violentes conditions de vent et de mer, certains ayant dû affronter des rafales de plus de 60 nœuds (110km/h) au passage de la dépression au sud de l’Islande. Une fois encore, c’est pour Antoine Mermod, une bonne chose pour les marins qui devront progresser dans ces conditions dans deux ans, alors qu’ils seront cette fois-ci à des centaines de milles de côtes.
 
"Nous sommes satisfaits de la manière dont les marins ont géré la situation," déclare-t-il. “L’arrière de la flotte, où se trouvaient certains skippers de nouveaux et plus petits projets, naviguaient dans des conditions très fortes et ils n’ont eu aucune avarie majeure sur leur bateau et sont donc parvenus à franchir la ligne d’arrivée."
 
Pour la première fois, nous avons également pu voir les IMOCA le long des côtes islandaises. "Nous sommes très fiers d'avoir vu l’Islande car, il y a deux ans, nous n’avions pas amené la flotte aussi nord. Cette fois-ci, nous avons vu les bateaux devant les montagnes enneigées, ce qui est très spectaculaire pour nos fans. Nous n'avons pas encore réussi à faire le tour de l’île mais nous l’avons vue de près."
 
Plusieurs marins ont aussi exprimé leur enthousiasme et commenté l'avenir de la course. Fabrice Amedeo, qui a terminé à la 19ème place à bord de Nexans-Art & Fenêtres, est d'accord pour dire que la Vendée Arctique est un excellent entraînement pour le tour du monde en solitaire.
 
"Nous ne nous préparons pas au Vendée Globe en naviguant entre Lorient et Santander," déclare-t-il. "Bravo aux organisateurs de cette course, la Vendée, d’avoir innové avec ce parcours ambitieux et pionnier pour nos bateaux."
 
Le skipper français rappelle que la course au large n'est jamais une science exacte et qu'il est impossible de prévoir ce qui se passera en mer lorsque les bateaux s’élancent. "Oui, nous ne sommes pas parvenus à faire le tour de l'Islande à la voile, mais l'échec n'est-il pas inhérent à toute aventure ?" s’interroge le skipper et journaliste. "Et quelle incroyable aventure pour moi que de traverser cette tempête et ces rafales de 65 nœuds. Quelle aventure de voir les bateaux de Charlie (Dalin) et Thomas (Ruyant) au mouillage dans un fjord islandais. Quelle aventure de rentrer en France après avoir emmené nos machines de course jusqu'à 64 degrés nord, en Islande."
 
Le skipper suisse Alan Roura qui a franchi la ligne d’arrivée en septième position sur Hublot, nous dresse un tableau amusant de la façon dont les solitaires ont passé le temps le long des côtés islandaises, en attendant des conditions plus clémentes pour repartir. "Nous avions une flotte d’IMOCA zombies au large de l'Islande," raconte-t-il. “On écoutait de la musique et on regardait des films, mais tous les bateaux étaient en un seul morceau, cela montre la bonne préparation des marins IMOCA."
 
La suite de la saison s'annonce tout aussi passionnante, puisque six nouveaux bateaux s'apprêtent à être mis à l’eau à l'approche de la Route du Rhum-Destination Guadeloupe, synonyme du début de l’ère "génération 2024" des IMOCA.
 
"C'est génial de voir ce que les équipes ont réalisé dans le cadre de la dernière actualisation des règles de Classe,” conclut Antoine Mermod, "car ce sont les premiers à être construits dans le cadre de cette nouvelle version. Nous sommes maintenant dans la seconde partie du cycle de quatre ans débuté en 2021 et nous verrons bientôt les bateaux sortir pour le Vendée Globe 2020 affronter ceux mis à l’eau cette année. Petit à petit, nous allons commencer à voir les nouveaux designs en course contre les bateaux fiables de 2020, ça s’annonce très intéressant."
 
Source : IMOCA