Charal, Apivia, Holcim, ... la classe IMOCA se porte bien sur la Route du Rhum avec un nombre de participants multiplié par quatre en huit ans

 

Il y avait 9 IMOCA inscrits à la Route du Rhum – Destination Guadeloupe en 2010 et en 2014. En 2018, ils étaient 20. Pour cette 12e édition, 38 skippers sont engagés dans cette classe ultradynamique, présente sur l’épreuve depuis 1994. Comment expliquer un tel succès ? Eléments de réponse avec Antoine Mermod, président de l’IMOCA.

 

Crédit : A Pilpré

Des bateaux spectaculaires et fiables

« Beaucoup de facteurs se sont conjugués dans un bon timing, explique Antoine Mermod.Les bateaux ont gagné en fiabilité. La jauge a bien évolué entre 2010 et 2012. Après des gros débats, la classe a sorti une jauge avec des règles de stabilité qui ont rendu les bateaux plus “safe”, des pièces monotypes (identiques pour tous les IMOCA, NDLR) et des critères de solidité. Les bateaux sont plus fiables. Puis l’apparition des foils, à partir de 2015, a rendu les bateaux très spectaculaires. Les IMOCA sont encore plus attirants technologiquement. »

 

Une incitation à disputer davantage de courses

Elu président de la classe IMOCA en 2017, Antoine Mermod est arrivé avec une nouvelle équipe désireuse de changer certains modes de fonctionnement. « Nous avons notamment imaginé le principe de qualification et de sélection pour le Vendée Globe, avec une course aux milles pour participer au tour du monde. Cela a incité les marins à disputer à plus de courses du circuit. Cela a créé une spirale positive. Les bateaux naviguent davantage donc ils sont plus visibles. Le retour sur investissements est meilleur et la classe gagne en attractivité, ce qui attire de nouveaux marins, analyse Mermod. Nous avons aussi fait le choix de mettre la dimension environnementale en avant, c’est une question fondamentale pour nous. Aujourd’hui, 10 à 15 % du budget de la classe est consacré à cette thématique. Nous sommes prêts à accueillir le changement. »

 

Le Vendée Globe 2020 : un succès qui a confirmé l'engouement

Le Vendée Globe 2020-2021 s’est déroulé dans des conditions très particulières, en pleine épidémie de Covid-19. « Au moment où tous les sports se sont arrêtés, le nôtre a pu continuer, souligne Antoine Mermod. Malgré le contexte très compliqué, le Vendée Globe n’a pas été un événement dégradé. Cette édition a même été un grand succès. » Le tour du monde en solitaire et sans escale a en effet connu une très forte médiatisation, favorisée par un scénario sportif à rebondissements et des histoires humaines très fortes.

 

« La force de l’IMOCA, c’est sa diversité »

Bien que très professionnelle, la classe IMOCA attire des marins aux profils divers. « Il y en a pour tout le monde. La force de l’IMOCA, sa solidité, c’est sa diversité, confirme Antoine Mermod. On peut dégager trois divisions au sein de la classe : les projets capables de gagner, ceux des sérieux outsiders et ceux des “aventuriers”. Ces différents niveaux se portent bien. Des marins peuvent rentrer avec 200 ou 300 000 euros et d’autres vont chercher des budgets beaucoup plus élevés pour remporter les courses. Si le cœur est composé des marins qui ambitionnent de gagner, les poumons ce sont les plus “petits” projets. Pour vivre il faut le cœur et les poumons.»

 

La jauge IMOCA : un cadre pour la sécurité des marins et l’équité sportive

La jauge IMOCA définit des limites de longueur, de largeur ou de nombre d'appendices et détermine des normes de stabilité à respecter tout en laissant une grande liberté aux architectes. C’est pourquoi les 60 pieds IMOCA sont le terrain d'expérimentation de nombreuses innovations. Les règles de jauge ont régulièrement évolué et se sont renforcées dans le but d'éviter les accidents et dans une moindre mesure la course à l’armement en imposant des mâts, des voiles de quilles (en acier inox) et des outriggers standardisés.
 
Longueur max de coque : 18,28 m, longueur max avec bout-dehors : 20,12 m, tirant d’eau max : 4,50 m, tirant d’air max : 29 m, 5 appendices max (quille, deux safrans, deux dérives ou foils), 8 (nombre max de voiles embarquées), couleur repérable sur quille et safran.

 

Source : RDR22