IMOCA / Formation médicale pour Paul Meilhat, futur tourdumondiste : "Il faut pouvoir limiter les dégâts"

En début de semaine, Paul Meilhat participait au stage médical du Pôle Finistère Course au large. Les deux jours de formation doivent permettre au marin de préserver son intégrité physique dans un milieu hostile et de parfaire ses techniques de soin. Entre prévention et gestion des pathologies cardio-respiratoires, dermatologiques, digestives, traumatiques, diététiques et ORL, le programme de ces deux journées était dense.


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Crédit : O Blanchet

Laure Jacolot, médecin urgentiste, médecin du sport et référent médical du Pôle Finistère Course au large revient sur cette préparation essentielle avant d’attaquer un tour du monde.

Quelle est la philosophie de cette préparation médicale ?
Laure Jacolot : « La préparation médicale hauturière, imposée par la Fédération française de voile, doit leur permettre de savoir faire un maximum de choses par eux-mêmes ».


Quels sont les thèmes de cette préparation ?
L. J. : « Nous faisons un rappel des règles de prévention de sécurité, nous identifions certaines pathologies et leurs traitements dédiés, et nous travaillons sur la manière de décrire leurs symptômes par téléphone : lorsqu’ils sont en mer, les marins sont nos yeux et nos mains. C’est essentiel pour nous, qui devons déterminer le caractère d’urgence à distance. »


Vous leur apprenez également à gérer la traumatologie ?
L. J. : « Nous leur apprenons à reconnaître les fractures, à prendre en charge leurs plaies par des techniques particulières en solitaire. On leur apprend l’usage des produits alternatifs, comme la colle biologique ou les agrafes. Ils apprennent aussi à s’auto-perfuser, pour se réhydrater en cas de mal de mer tenace, par exemple ».


Mettrez-vous l’accent sur un point particulier cette année ?
L. J. : « Nous découvrons actuellement que la vitesse des bateaux génère plus d’accidents cinétiques dont résultent des traumatologies proches de celles de la route. Les accélérations et surtout les décélérations de plus en plus brutales provoquent des accidents de plus en plus graves. 

L’accident qu’a vécu Paul (obligé d'être hélitreuillé pendant la Transat B to B cet hiver) en est l’illustration. On leur parle des degrés d’urgence : on peut avoir, lors d’un entretien téléphonique, un constat que rien de bien grave n’est survenu, mais cela peut cacher des traumatismes sous-jacents aux reins ou à la rate, qui sont très vascularisés et qui peuvent devenir très graves s’ils créent des chocs hémorragiques ».


Que faire contre ça ?
L. J. : « On ne peut pas anticiper tous les dangers, alors il faut pouvoir limiter les dégâts. Quelques coureurs commencent à se protéger, mais pas tous. Autre point : un marin qui a suivi une préparation adaptée sera dans un état physiologique et musculaire propre à supporter les impacts ».


La trousse médicale embarquée :
Le paquetage d’environ 10 kilos, préparé par Jérôme Solem, contient des antibiotiques, des antidouleurs, des antispasmodiques, des anti-inflammatoires, des anti-nauséeux, des antinaupathiques, de la morphine (dans la trousse d’urgence), du matériel de soins dentaires, des produits de réhydratation… Pour l’extrême urgence, les marins y trouveront des coronarodilatateurs, des anti-thrombotiques, des corticoïdes, un coagulant et des injections d’adrénaline.

Par la rédaction
Source : SMA