Spindrift 2 à quai en Australie, "On s’organise pour faire ramener le trimaran par cargo" dixit Yann Guichard

"On va déjà démonter le safran et on s’organise pour faire ramener le trimaran par cargo," racontait Yann Guichard quelques heures après son arrivée à Perth.  "Tout l’équipage et les cinq hommes du team technique qui nous ont rejoint, vont se focaliser sur la préparation de ce retour cargo : il faut démâter et mettre le bateau propre pour ce voyage," précise-t-il. Contraint à l'abandon sur le Trophée Jules Verne, le skipper de Spindrift 2 revient sur la casse du safran tribord et la suite du programme pour le maxi trimaran. 



Crédit :  Ch Espagnon / Spindrift racing


Nous n’avons rien touché 

« Nous avons cassé le safran du flotteur tribord après les Kerguelen : on ne sait pas exactement à quel moment, mais Thierry Chabagny qui était à la barre, a indiqué qu’elle devenait très dure. Or nous n’avons rien touché. Nous étions bâbord amures en train de remonter vers l’Est-Nord Est toujours au portant sous gennaker. Comme c’était de nuit, nous avons tenté de savoir pourquoi : le parallélisme, la tension des drosses, un objet dans les safrans… Mais rien de tout cela. Et quand nous avons changé de barreur, toujours le même effet : difficile de lofer ou d’abattre. Cela devenait même de plus en plus « inbarrable » car le bateau faisait ce qu’il voulait. On s’est rendu compte au petit jour que la mèche du safran tribord était cassée entre les deux paliers, à l’intérieur du flotteur. Le safran ne tenait plus à grand-chose et partait en latéral : il faisait sa vie au gré des vagues et des accélérations… »


Un défaut de fabrication ou un mauvais calcul de structure

« Nous allons analyser ce qu’il s’est passé mais je ne cache pas que je suis extrêmement déçu et tout l’équipage avec moi : nous étions plutôt bien placés et dans les temps du record avec des conditions plutôt favorables à suivre… Et puis après le démâtage avant même le départ il y a un an, cela fait la deuxième fois que le matériel nous lâche ! Là, on a eu la chance de ne pas avoir perdu le safran parce qu’il aurait pu arracher le bas du flotteur… Nous allons pouvoir regarder si c’est un défaut de fabrication ou un mauvais calcul de structure. Certes nous avons effectué ce périple jusqu’aux Kerguelen essentiellement en bâbord amures, mais tout de même : nous n’avons jamais tiré plus que nécessaire sur le bateau avec beaucoup de vent très portant, entre 140° et 155°. C’est vraiment frustrant de savoir que nous n’avons rien touché, que nous n’avons rien fait d’anormal pour que cela se produise…»


On va vraiment plus vite

« Nous avons au moins démontré que nous pouvions aller très vite puisque nous avons le record entre Ouessant et l’équateur, alors qu’il a fallu enchaîner huit ou neuf empannages, contre un seul il y a trois ans. La combinaison du petit mât avec les plans porteurs fait que le flotteur est un peu moins dans l’eau avec moins de surface mouillée : on va vraiment plus vite. Et l’équipe était incroyable : on avait une alchimie remarquable avec douze hommes à bord. C’était le bon nombre et tout le monde a trouvé sa place rapidement. La modification de la casquette qui nous protège mieux du vent et du froid, a aussi porté ses fruits : on est descendu quasiment par 55° Sud avec une eau à 2°C, à slalomer entre les glaces. »


Avant d’envisager une nouvelle tentative, Yann Guichard se laisse le temps de la réflexion. 

« Pour l’instant, on se concentre sur les explications à trouver pour cette casse de safran : au-delà du coût, c’est aussi un délai de fabrication et les chantiers sont plutôt occupés ces prochains mois… S’il faut refaire une pièce différente, cela va prendre beaucoup de temps. C’est encore un peu tôt pour savoir ce que nous allons décider : il faut attendre la réunion que nous allons organiser avec tous les intervenants et les analyses de cette casse. On va d’abord se poser et réfléchir avant de prendre une décision quant à la suite du programme, Trophée Jules Verne ou pas l’hiver prochain… »

Source : V Bouchet