Dilemme pour les hommes de tête du Vendée Globe, 50 milles d'écart entre le 4e et le 9e

Alors que la tête de flotte du Vendée Globe se rapproche lentement du point Nemo, l’endroit le plus éloigné de toute terre, avec toujours Yannick Bestaven en tête, voilà qu’il faut choisir entre, au Nord, une autoroute toute cabossée par les vents contraires qui ceinturent de hautes pressions, ou au Sud, une bretelle en plein déplacement sur la voie du cap Horn… Un dilemme ! 


Crédit : B Dutreux




Casse tête devant

Les conditions réelles sur l’eau n’ont pas grand-chose à voir avec les quelques fichiers météo (américains ou européens) qui tentent de cerner le problème. Il n’y a donc pas trop le choix si ce n’est de ceinturer les hautes pressions en passant par le Nord face à des brises contraires, ou de transpercer la bulle en espérant trouver un passage par le Sud. 


Le premier cas est joueur mais s’appuie sur des prévisions qui laissent entendre que la cellule va continuer à migrer vers l’Est : c’est semble-t-il la solution adoptée par le leader Yannick Bestaven (Maître CoQ IV) et par les « chasseurs », Thomas Ruyant (LinkedOut) en tête, avec Boris Herrmann (SeaExplorer-YC de Monaco) et Jean Le Cam (Yes We Cam!) à 150 milles environ derrière. 

La deuxième proposition imagine que la modélisation n’est pas fiable à 100%  et que la route la plus courte est parfois la meilleure. Cette dernière formule, qui devrait privilégier les empannages plutôt que les virements de bord stricto sensu, est tactiquement nettement plus logique : il est préférable de perdre un peu de terrain plutôt que de partir sur un « bord du facteur » car en général, celui qui s’arrête devant, repart en premier… 

 Bref, l’objectif est désormais de sortir de cette bulle anticyclonique, mais cela ne va pas être simple : elle se décale lentement vers le cap Horn et à ce rythme, il faudra probablement attendre la fin du week-end pour que la situation se décante. 



Alors qui sortira en tête ? 

Certainement le leader actuel qui cherche à rester au Nord des hautes pressions mais Yannick Bestaven doit tout de même surveiller la trajectoire de Charlie Dalin (Apivia) qui, 170 milles plus au Sud, longe la ZEA à une quinzaine de milles. L’un contourne, l’autre transperce. Une dépression se formera alors près du point Nemo et c’est le premier qui l’attrape qui s’envole… 


C'est serré derrière

 Pour le groupe des poursuivants, la compression est significative : il n’y a qu’une cinquantaine de milles d’écart entre le quatrième (Benjamin Dutreux) et le neuvième (Giancarlo Pedote) ! C’est une bonne opportunité pour Maxime Sorel (V and B-Mayenne) de revenir au contact et pour Louis Burton (Bureau Vallée 2) de combler son déficit. 

Ce dernier naviguait encore cette nuit (heure française) dans un flux puissant d’une trentaine de nœuds, au près le long de la ZEA, mais avec un monocoque IMOCA ayant retrouvé son potentiel après les réparations de Macquarie. 

 A contrario, Clarisse Crémer (Banque Populaire X) et Romain Attanasio (PURE-Best Western Hotels & Resorts) peuvent enfin reprendre leur route « normale » en arrière de cette dépression néo-zélandaise fort peu appétissante : le duo a bien fait de laisser passer ce phénomène et va pouvoir allonger la foulée dans un flux de secteur Ouest plus maniable. 

Quant à Armel Tripon (L’Occitane en Provence) ralenti par une excroissance anticyclonique, il va aussi accélérer dans un vent de Sud-Ouest plus établi. 

Source : VG