Yannick Bestaven fait une route limpide en tête du Vendée Globe, Thomas Ruyant optionne, Clarisse Crémer commence à en avoir marre

 

Depuis qu’il a amorcé en tête le virage vers l’Atlantique Sud, Yannick Bestaven fait une route limpide. L’après-midi du 4 janvier a défilé à 20 nœuds de moyenne. Aujourd’hui, le bateau rouge a ralenti au moment d’entamer la traversée de la dorsale de l’anticyclone qui étend ses mailles au Nord des îles Falkland. Yannick pourrait empanner cette nuit mais il ne sera pas pour autant sorti d’affaire.

 

Crédit : P Bouras

Après s’être engouffré dans le détroit de Lemaire, son principal rival Charlie Dalin (2e à 177 milles) a pris l’intérieur du virage pour tenter de couper au plus court dans les hautes pressions. Le skipper d’Apivia a cavalé toute la matinée au reaching, sur son foil intègre. Mais il a peut-être mangé son pain blanc. Plus proche du centre de l’anticyclone, il flirte avec des vents plus faibles et commence à ralentir. Il lui faudra jouer finement pour échapper aux calmes.

 

Thomas Ruyant en franc-tireur 

Le skipper de LinkedOut sera-t-il récompensé de son audace ? Il est le seul pour le moment à avoir laissé les îles Falkland à tribord et à tenter une attaque de l’anticyclone par l’Ouest… une option risquée qui rappelle sa manière de naviguer lorsqu’il était en Figaro : s’écarter de la meute et taper dans les coins pour y trouver fortune.
 
Difficile aujourd’hui de tirer des conclusions définitives sur toutes ces options, car l’anticyclone se déplace vers l’Est de manière un peu aléatoire et il suffit de quelques nœuds de plus ou de moins près de son centre pour changer totalement la donne.
 
En tout cas, le reste de la troupe qui s’est succédé toute la nuit devant le Cap Horn semble suivre « la voie Bestaven » pour le franchissement du col de la dorsale.
 
Parmi eux, un homme épatant qui semble trouver ses forces dans chacune des galères qu’il surmonte : Louis Burton, l’homme le plus rapide du jour avec ses 18,5 nœuds de moyenne.

 

Ambiance de fin du monde 

Les 11 marins qui ont passé le Cap Horn depuis le 2 janvier ont tous décrit des scènes épouvantables. Des creux de 6 mètres, des vents de 45 nœuds, comme si le Grand Sud voulait faire payer un dernier tribut aux marins, avant de s’effacer dans le sillage turbulent de leurs grands monocoques.
 
Maxime Sorel a eu droit à un énorme vrac : son bateau est parti à l’abattée et s’est couché, mât à l’horizontale, avant de se faire rosser par les déferlantes. Des filières ont été arrachées par la force des vagues et deux de ses voiles sont passées par dessus bord, qu’il a fallu récupérer à la force des bras…

Boris Herrmann, handicapé par une grand-voile déchirée (et affalée pour être réparée), filmait une mer démontée. 

Isabelle Joschke, 11e à passer le Cap Dur ce mardi matin à 5 heures, décrivait une atmosphère de fin du monde. 

Même Jean le Cam qui en a vu d’autres - c’était son 7e Cap Horn – racontait son soulagement au passage de cette frontière géographique et météorologique, dans un laconique « ça c’est fait et c’était pas gagné ».
 
Après Yannick Bestaven, Charlie Dalin, Thomas Ruyant, Damien Seguin, Benjamin Dutreux, Louis Burton, Jean Le Cam, Maxime Sorel, Giancarlo Pedote, Boris Herrmann et Isabelle Joschke, Clarisse Crémer va franchir à son tour le premier Cap Horn de sa jeune carrière de navigatrice. Et elle a hâte ! « Je suis dans la cartouche avec 38 noeuds établis depuis plusieurs jours… Là, je commence à en avoir marre. Mais je sais que c’est quand on est proche du but qu’on commence en général à péter un câble… » confesse-t-elle.
 
Elle sera délivrée vers 22 heures ce soir. Armel Tripon y est attendu demain, mercredi, vers 3 heures du matin. Et Romain Attanasio en fin de journée.
 
A l’arrière, toute la flotte est balayée par les fronts successifs qui parsèment l’océan Pacifique.
 
Source : OConnection