Record de lenteur dans le Pot-au-Noir, "L’objectif est d’être le plus sud possible" dixit Kevin Escoffier, troisième de The Ocean Race

 

C’est le 4e jour de cette deuxième étape de The Ocean Race entre Mindelo au Cap Vert et Cape Town en Afrique du Sud. Et le temps s’écoule lentement, trop lentement pour Holcim-PRB en course sur ce tour du monde. Kevin Escoffier, Sam Goodchild, Tom Laperche, Susann Beucke et Georgia Schofield (OBR) prennent leur mal en patience dans cette longue traversée du Pot-au-Noir...

 


Crédit : G Schofield | PolaRYSE | Holcim-PRB

« Ça aura été l’un des Pot-au-Noir les plus longs que j’ai connu. Ainsi que pour l’équipage même si pour certains, c’est le premier. Ça commence bien ! » commente un brin amusé Kevin Escoffier. En 24 heures, Holcim-PRB n’a parcouru que 74 milles (entre 8h hier matin et 8h ce lundi) soit une infime portion de route ! L’ambiance cette nuit au milieu de l’Atlantique était comme un tableau de Turner auquel on aurait enlevé la lumière. Le paysage était superbe même s’il est un peu angoissant quand on est en course. Pas un souffle, une mer d’huile, des couleurs noires intenses, quelques nuages au loin difficiles à repérer et une petite houle désagréable qui faisait battre les voiles… Il a fallu attendre les premières lueurs du soleil pour distinguer un peu plus les conditions proposées par ce Pot-au-Noir avec lequel les marins d’Holcim-PRB vont encore devoir négocier toute la journée et probablement une bonne partie de la nuit prochaine.

 

Dans cette zone où s’affrontent les masses d’air de l’hémisphère nord et celles de l’hémisphère sud, Kevin Escoffier et ses équipiers n’ont pas le choix… S’ils sont habituellement les maîtres de l’anticipation et de la planification, ils doivent ici laisser de côté leurs méthodes et oublier pour quelques heures les frissons de la navigation à haute vitesse. Essayer de se placer au mieux, exploiter la moindre risée, imaginer la sortie de cette zone particulièrement épaisse dans laquelle ils évoluent depuis déjà plus de 24 heures… Dans ce contexte, l’intuition prend parfois le pas sur le rationnel. Et Holcim-PRB s’en sort plutôt bien. Kevin Escoffier et son équipage sont 3e ce matin. Les écarts ont fondu et le bateau vert et bleu navigue à 24,1 milles (à 11h heure française) de Guyot Environnement, nouveau leader. Décalé dans l’Est, l’équipage franco-allemand progresse plus proche de la route directe. Mais l’enjeu est surtout d’être le plus sud de la flotte pour espérer redémarrer en premier. C’est le cas d’Holcim-PRB qui avance tout près de Biotherm même si les speedomètres des deux monocoques semblent comme déréglés… 2,4 nœuds de vitesse moyenne sur 24 heures pour Paul Meilhat, 2,9 nœuds pour Holcim-PRB. Des vitesses que l’on ne voudrait jamais relever à bord de ces monocoques de haute technologie. « Il faut être patient. Il faut faire progresser le bateau vers le sud. L’objectif est d’être le plus sud possible pour attraper le nouveau vent, les alizés de l’hémisphère sud. Aujourd’hui, j’espère que l’on sortira d’ici une vingtaine d’heures, entre 50 et 75 milles. Tout se passe bien à bord. Ça permet aussi de se reposer, de faire deux-trois petites bricoles, d’assécher le bateau, d’optimiser le matossage. Tous les poids sont sur l’avant, tout le monde dort sur l’avant. Ce sont des conditions que l’on n’aime pas trop. Ça fait souffrir les voiles qui flappent beaucoup mais c’est comme ça. Nous sommes au contact de 11th Hour Racing Team, avec Biotherm et aussi Guyot qui a pris une option très est. Et Team Malizia une option ouest car ils avaient un peu de retard donc il fallait qu’ils tentent quelque chose. Ça fait une course intéressante. » analyse le skipper du projet GO CIRCULAR.

 

L’ambiance à bord du monocoque suisse est appliquée pour ne rater aucune occasion de s’extirper de cette zone sans vent. La flotte est resserrée, le démarrage se fera probablement en groupe. Chaque mille pris sur l’adversaire est donc particulièrement précieux. Ce début de semaine s’annonce un peu contre-nature pour les marins qui recherchent constamment la vitesse. Mais ce n’est qu’une fois qu’ils toucheront les alizés de sud-est qu’ils renforceront le rythme pour un long bord dans un premier temps vers les côtes brésiliennes.

 

Source : Effets Mer