Il arrive parfois que les héros soient fatigués. Quand on aligne des manches dans des séries monotypes toutes fortement relevées, il tiendrait du miracle qu’un équipage n’ait pas, à un moment quelconque, une défaillance. Un bord de près mal négocié, un départ volé et c’est une partie de la confiance qui disparaît, la gamberge qui s’installe et les résultats qui s’en ressentent. La mésaventure a touché plusieurs des équipages leaders, mais pour l’essentiel, les dernières manches ont permis de redresser la barre.
Open 5,70, Petit Moustic s’envole
Laurent Iturbide et son équipage sont des habitués des places d’honneur au sein de la série. Ils étaient désignés comme les favoris de ce Grand Prix et avaient pris d’entrée la tête de flotte tout en gardant un œil sur leurs proches poursuivants et notamment l’équipage d’Olivier Gentric sur Technichauffage. Nouveau venu dans la série, Olivier Gentric avait décidé de louer un bateau pour venir participer au Grand Prix de l’Ecole navale. Son équipage, peu au fait des roueries du bateau, créait d’emblée la surprise en s’accrochant aux basques de Laurent Itrurbide. D’autant que le favori s’emmêlait les safrans en fin de journée de samedi en volant un départ sous règle noire ; sans doute déstabilisé par cet incident, l’équipage enchaînait ensuite une manche de 11ème, sa plus mauvaise place depuis le début du Grand Prix. Une bagarre acharnée avec l’équipage d’Olivier Gentric, dans la première course de dimanche, remettait Petit Moustic sur de bons rails. Doté d’une vitesse impressionnante aux allures portantes, Laurent Iturbide se plaçait régulièrement aux avant-postes et pouvait ainsi reprendre une couronne, dont les ors avaient pâli, l’espace de deux manches...
J80, prime à la régularité
Dans la série la plus fournie du plateau, les prétendants à la victoire étaient nombreux. Et si Luc Nadal sur Gan’ja semblait avoir pris l’ascendant sur le reste de la flotte, la sixième manche allait lui être fatale. Dans un vent oscillant, le leader de la flotte signait une 21ème place qui lui faisait perdre la première place du classement général au profit de CDV 29 - Ecole Navale de Vincent Vilboux. Cet équipage, qui associe quelques uns des meilleurs éléments de la voile habitable finistérienne à des élèves de l’Ecole Navale, remporte le Grand Prix grâce à sa régularité. S’il n’a pourtant remporté aucune des sept manches courues, il a toujours été remarquablement placé au final : de quoi méditer l’actualité de Jean de la Fontaine et de la parabole du Lièvre et de la Tortue.
Longtze, la sagesse d’Athema
Sportboats Longtze dans la brise
Erwan Tabarly était arrivé sur ce Grand Prix de l’Ecole Navale sans forfanterie aucune. Nouveau venu sur le circuit, il s’était adjoint les services d’un équipage de choc composé de Vincent Biarnes, un habitué du Tour de France à la Voile, de Gilles Favennec, reconnu comme un des meilleurs équipiers du circuit de match-racing et de son frère Yannick. Dans cette série incroyablement relevée, l’équipage d’Athema a privilégié une stratégie sage : pas de domination écrasante ni de coup d’éclats mais un parcours sans faux pas à l’image de son skipper, rompu aux joutes au couteau du circuit Figaro et à la pression psychologique inhérente.
Open 6,50, Actual Interim en bail permanent
Yves Le Blevec sur son Mach 6,50 s’est, quant à lui, taillé la part du lion en Open 650. Avec cinq victoires sur huit manches, le skipper d’Actual a marqué de son empreinte la nouvelle série en cours de constitution. Autre fait encourageant, le constat que ce sont les trois principaux artisans de ce rapprochement des différentes séries, Yves Le Blevec bien sûr, mais aussi Stéphane Menuet (Océane 1) et Manuel Guédon (Canal + l’équipage) qui forment le podium de cette édition.
Open 7,50, Melges 24, 5,50m JI, une concurrence à étoffer
Dans ces trois séries, les concurrents ont dû composer avec un plateau qui manquait de densité. Il reste que pour les équipages qui ont fait l’effort de venir, ce Grand Prix pourra servir d’étalon pour les éditions à venir. Le Grand Prix de l’Ecole Navale est amené à prendre encore de l’ampleur et l’expérience acquise sur un plan d’eau, même si elle n’est jamais totalement reproductible, devrait servir dans les années à venir. En Melges 24, Tristan Debry était sans rival. C’est finalement Florence Raillard sur Zig-Zag junior qui l’emporte en Open 7,50 quand en 5,5m JI Jean-Mick de Poulpiquet sur Penn K 3 arrache miraculeusement la première place qui semblait promise à Gurvan Jaouen (Korrigan) grâce à deux premières places dans des deux dernières manches dominicales. Les voies du Seigneur sont parfois impénétrables.
Ils ont dit :
Erwan Tabarly, Athema, vainqueur en Longtze :
"Je cours très peu de régates en équipage. Courir en Longtze avec Athema est un bon complément à la préparation de la Solitaire du Figaro. Enchaîner les parcours banane me permet d’optimiser les réglages et de retrouver de bonnes sensations à la barre. Je navigue avec de très bons équipiers comme Gilles Favennec. Ils m’apprennent plein de choses, ça complète bien ma préparation en Figaro. C’est la première fois que je courais le Grand Prix de l’Ecole Navale même si je connaissais déjà le site de l’école. Le plan d’eau est très intéressant, un peu compliqué. Nous sommes très bien accueillis, logés et c’est vraiment sympa de tous nous retrouver le soir pour les dîners !"
Yves Le Blevec , Actual, vainqueur en Open 6,50 :
« Je naviguais avec tout le team ACTUAL, Sylvaire Bonnefoy, Tristan Bernhein et Charlie Dalin. C’était pour nous un très bon moyen de mieux nous connaître et de faire un break pendant la construction du Multi 50’ ACTUAL. Nous étions à l’aise et sereins avec une bonne vision du plan d’eau. Nous n’avions pas de souci de vitesse. Je n’avais jamais navigué sur ce plan d’eau de la rade de Brest. C’est assez tordu quand les vents sont de nord-nord-est et très instables. Il faut une bonne analyse des différents paramètres car cela peut vite être confus. Tu peux te retrouver arrêté et voir ton voisin te passer devant. C’est assez marrant de naviguer dans ces conditions. C’est très technique avec des bascules. C’était une régate bien vivante avec des navigations aux contacts. Le boulot du comité n’était pas facile. Ils ont dû mouiller des parcours en gérant au mieux les bascules de vent. Pour ma première participation au Grand Prix, je trouve que c’est une épreuve bien organisée avec énormément de moyens à disposition, au milieu d’un très beau site. »
Source : Grand Prix de l'Ecole Navale