© Marmara - Boucheron / Figaro
Lent à l'allumage mais diablement efficace au décollage !
Faute d'entraînement, poussé sur son petit monotype, la première étape entre Lorient et La Corogne s'est donc avérée celle des grandes mises en jambe. Arrivé 9e en Galice, Michel déplorait quelques soucis de vitesse pure, un petit manque de réflexe pour retrouver rapidement les bons réglages et sa fâcheuse tendance à prendre de médiocres départs. « Il faut que je retrouve les bonnes manettes » déclarait-il alors, sans toutefois s'affoler. Dans la seconde étape qui s'est apparentée à un long et monotone bord de près entre l'Espagne et la Vendée, le marin a tenu bon, revenant peu à peu dans le groupe des leaders, pour terminer en 8e position et lessivé à Saint-Gilles-Croix-de-Vie.
Les bonnes habitudes reviendront au cours du troisième round en direction de l'Irlande, où Michel mènera au score pendant 24 heures. Grâce à sa belle trajectoire sous le vent de Belle Ile puis des Glénan, il enroule en tête la marque de cap Caval à la pointe de Penmarc'h. La suite (Manche et Mer Celtique) est moins heureuse et la fin pétoleuse dans la baie de Dingle éminemment périlleuse ! Dans la nuit noire, cerné par une trentaine de bateaux, FONCIA coupe la ligne d'arrivée en 17e position. Mais sans écart rédhibitoire au classement général puisqu'il pointe, à la veille de quitter les pontons de Dingle, à seulement 28 minutes et 46 secondes du leader Nicolas Lunven.
Il aura fallu attendre la quatrième et dernière manche (511 milles en direction de Dieppe) pour voir FONCIA jouer de bout en bout dans la cour qui lui est familière : celle des meneurs. Dans le tiercé de tête après les douze premi&e grave;res heures de course au sortir des côtes irlandaises, Michel Desjoyeaux a passé son temps à se bagarrer à vue en compagnie de ses deux meilleurs ennemis du moment, Frédéric Duthil et Charles Caudrelier. Deuxième à la marque de parcours de Wolf Rock, 3è à Fairway (Needles, île de Wight), il termine finalement 10ème à 11min 47s d'Antoine Koch le vainqueur à Dieppe. Au classement général de l'épreuve, Michel Desjoyeaux, cinquième, laisse échapper le podium mais salue la performance du vainqueur Nicolas Lunven, skipper du Figaro FONCIA en 2008.
Contrat rempli
« Si je ne marche pas, on dira que c'est une contre-performance et si je marche bien, on dira certainement que c'est normal » déclarait le skipper de FONCIA. La vérité se situe entre les deux. Pour tous comme pour lui, il aura été très difficile d'exister dans cette 40e édition où 15 marins se sont battus comme des chiffonniers jusqu'aux dernières longueurs devant le port de Dieppe. Toutefois, Michel aura vécu sa course dans la plénitude. Après son deuxième sacre dans le Vendée Globe cet hiver, il était revenu pour voir, tâter le terrain, conscient que son manque d'entraînement l'handicaperait forcément pour jouer la gagne. Le plaisir était coin de cette aventure estivale, le contrat est donc rempli.
Les mots de Michel Desjoyeaux à Dieppe :
« C'est vraiment une course super en termes d'opportunités, de rebondissements. Sur la Solitaire, on ne se sent jamais battu, il y a toujours des choses à faire, ou à ne pas faire d'ailleurs. On le voit avec cette étape, le classement a été complètement chamboulé à 20 milles de l'arrivée, sur une étape de 500 milles. Tout au long de cette Solitaire, aussi bien sur les étapes qu'au général, les écarts sont restés infimes. C'est représentatif du rythme et du niveau qu'il peut y avoir sur l'eau.
Nicolas Lunven, à quelque chose près, a failli gagner la dernière étape, il a toujours été dans les bons coups, par forcément au départ, mais il a toujours réussi à revenir dans le match. Il n'a pas gagné d'étape, mais ce n'est pas forcément indispensable. Je pense qu'il s'était beaucoup entraîné, beaucoup préparé, j'ai des petits signes qui me font dire qu'il a vraiment bossé dur cette Solitaire, et du coup le travail paie.
Ce n'est pas la peine de se mentir, je savais dès le début que je souffrirai et j'ai souffert deux étapes, avant de rentrer dans le match pour les deux dernières. Tout en montrant que je n'étais toujours pas bon à enterrer et que j'avais encore de la ressource. Je pense qu'il y en a beaucoup qui aurait voulu ma place de 5ème, mais elle est pour moi...»
A peine arrivé à Dieppe, Michel va maintenant se tourner vers Istanbul où le grand 60 pieds Imoca FONCIA est attendu sous peu en vue du départ le 29 août prochain de l'Istanbul Europa Race. Pour la première étape Istanbul-Nice seront également à bord du bateau vainqueur du dernier Vendée Globe, Jérémie Beyou (vainqueur de 2 étapes sur la Solitaire 2009), Marc Liardet, Dimitri Voisin, Jean-Philippe Guillemot.
Source : Foncia
