Crédit : Courcoux Marmara / Le Figaro
Armel Le Cléac’h
« Je ne réalise pas. Je gagne trois étapes, une 6e place en Irlande… Gagner Le Figaro de cette manière, je suis super heureux. J’étais venu pour rattraper la mauvaise copie de l’an dernier, j’avais à cœur de bien naviguer sur ces 4 étapes. A chaque fois, j’étais vraiment dans le match, je savais que j’avais un coup à jouer. Avec Brit Air, on a été top jusqu’au bout et je suis super, super fier de ce Figaro. J’ai l‘impression que j’ai appris quelque chose sur la façon de maîtriser la course, de savoir rester en tête. C’est quelques chose de difficile quand on a 44 concurrents derrière soi et pas des moindres! Je me suis souvent retrouvé en tête au classement et à chaque fois, j’ai su gagner. Toutes les étapes à part une. C’était super. Sur l’eau, c’était la magie avec le bateau, la stratégie, j’étais en phase avec ce que je voulais faire. J’ai pris énormément de plaisir à chaque étape et même là, jusqu’au bout, il y avait la pression du raz Blanchard, Corentin n’était pas loin…Je voulais aller jusqu’au bout pour avoir la main mise sur ce Figaro.
A la même époque il y a un an, ce n’était pas la même ambiance. J’ai une pensée pour ceux qui ont pris pas mal de retard sur cette étape… Cette année, je suis revenu grandi. On avait bien préparé la saison avec Brit Air, mon préparateur a fait un super boulot et toute l’équipe du 60 pieds. Et puis ma victoire sur la Transat AG2R avec Fabien (Delahaye) m’a fait beaucoup de bien. Ca m’a libéré. Ca faisait longtemps que je n’avais pas gagné une grande course. Ca m’a donné des ailes sur ce Figaro et dès la première étape, j’étais dans le match. »
La Solitaire, ça se mérite
« La confiance est là. Je connaissais le bateau sur le bout des doigts, je n’avais pas de trou en vitesse, le bateau était super bien préparé, je ne me suis concentré que sur la navigation et mes choix de réglages et de stratégie. Le fait de me retrouver en tête assez souvent m’a vraiment mis en confiance. C’était une espèce de spirale gagnante. Au bout d’un moment, les adversaires commençaient à me suivre. Ils se disaient : il est dans le bon tempo…La Solitaire, c’est quand même dur, c’est long, ça fait quand même un mois qu’on est parti du Havre. C’est beaucoup de travail en amont, une concurrence redoutable. La fatigue, je vais la ressentir tout à l’heure. Là, je suis dans l’euphorie de plein de choses, j’ai repensé à plein de trucs sur cette arrivée : ma victoire en 2003, je n’oubliais pas le travail fait cet hiver, les sorties quand il ne fait pas beau, qu’il fait froid, il faut se faire mal toute l’année. La Solitaire, ça se mérite. Je suis très content de rejoindre mon pote Nico (dans le club des doubles vainqueurs)…
Cette année, avec Brit Air, on est dans une bonne spirale, on a gagné la Transat, le record SNSM. C’est une copie presque parfaite. Il manque juste la Route du Rhum. Mais il faut faire un break. J’ai beaucoup tiré sur le mental, le physique car on a eu des conditions très complètes : du vent fort, du petit temps, ça fatigue, on n’a pas beaucoup dormi…
Crédit : Courcoux Marmara / Le Figaro
Corentin Douguet (2e de l’étape, 3e du général) : «deuxième après Armel, c’est premier humain ! »
« Elle est étonnante celle-là ! Je ne m’attendais pas à ce qu’il y ait autant d’écart à Lizen Ven, il faut croire que j’étais au bon endroit au bon moment. Je me suis donné du mal aussi pour être là… et deuxième derrière Armel cette année… c’est quand même premier humain ! Je suis super, super content de ma Solitaire, d’être ici, de retrouver mes fils… Et troisième au général… si on m’avait dit ça à Kinsale, j’aurai éclaté de rire ! »
« J’étais parti juste pour faire une belle étape, dans les dix premiers… c’est vraiment une super cerise sur le gâteau. J’ai adoré cette Solitaire je finis trois étapes dans les 10 premiers,… sur la deuxième je suis joueur et ça ne paie pas, mais ce n’est vraiment pas grave, c’est la régate, je ne regrette rien, il y a eu beaucoup, beaucoup de plaisir. Une seule fois j’ai cru pouvoir reprendre Armel, après Lizen Ven… mais je me suis pris des algues et le vent est rentré par devant. Ensuite, j’ai fait « la bernique », c’est une vieille histoire… un surnom que nous avaient donné Armel et Nico Troussel sur une course en double voilà dix ans : on avait fait deux traversées de manche à trois longueurs d’eux, sans jamais pouvoir les reprendre ! Là, sur cette étape c’était pareil ! Je passe deuxième au Fastet et puis je fais la bernique mais je n’ai pas réussi à croquer ma proie dans le final (rires) ! »
« J’ai appelé Armel à la VHF un peu avant la ligne pour le féliciter. Sa performance est tout simplement monstrueuse…. Heureusement qu’il fait une boulette, une seule, en arrivant sous les côtes irlandaises sinon il fait le grand chelem et remporte les quatre étapes ! C’est ma cinquième Solitaire du Figaro, donc la cinquième victoire que je vois… et celle-ci est de très loin celle qui m’impressionne le plus ! Je suis super fier d’être dans le club très restreint des cinq marins qui ont battu Armel cette année, à Kinsale, car c’est la seule fois où il a eu des gens devant lui ! Après sa victoire dans la Transat Ag2R et cette Solitaire, normalement c’est lui qui gagne aussi la Route du Rhum, non ? »
« Bravo aussi à François (Gabart) qui fait une course superbe. Quant à moi, après ma performance de 2007 (une victoire d’étape à la Corogne et déjà 3e du général, ndr), j’étais passé au travers en 2008 et 2009… ça me fait d’autant plus plaisir, Douguet n’est pas mort ! Mais même au-delà du résultat, au-delà de cette 2e place à l’étape et de cette 3e au général, je me suis vraiment, vraiment fait plaisir sur cette Solitaire… »
Source : La Solitaire (Brit Air), vainqueur de La Solitaire 2010 « Je suis super fier de la manière »