Barcelona World Race / Après Groupe Bel et Foncia, Président mène devant une flotte regroupée

Pour la nouvelle année, beaucoup de navigateurs auraient bien échangé leurs bonnes résolutions contre un paquet cadeau distribué par Eole. Tous ont dû se battre pour s’extraire des calmes qui ont jalonné leur route. Et les heures à venir promettent d’être tout aussi complexes.

Crédit : B Stichelbaut / Président

C’est une Méditerranée conforme à sa légende qui a cueilli les navigateurs de la Barcelona World Race pour le passage à l’an 2011. Petits airs, vents instables, il ne fallait pas musarder sur la route de Gibraltar. Et tous les navigateurs en convenaient à la vacation de midi : ce genre de conditions n’est guère propice au sommeil. Au petit matin, c’est finalement l’équipage de Foncia, mené par deux hommes rompus aux joutes au couteau du circuit Figaro, qui avait le mieux tiré son épingle du jeu. Mais on sait ce qu’il en est des positions dominantes dans ce type de temps. Kito de Pavant et Sébastien Audigane (Groupe Bel) ont pu le constater à leurs dépends. Partis en tête, les navigateurs à la vache rouge avaient creusé un léger écart sur leurs poursuivants avant de s’engluer dans une bulle sans vent. Dès lors, le reste de la flotte s’efforçait avec plus ou moins de bonheur de contourner les leaders. Au final, les sept premiers se trouvent groupés en moins de huit milles au classement de 13h30 TU. Au sein du groupe de tête, seuls Jean Le Cam et Bruno Gracia (Président) avaient joué crânement leur chance à terre. Une option payante puisqu’elle leur permettait de s’emparer de la tête de course à la mi-journée.

Une mise en train à deux vitesses
Ces premières vingt-quatre heures ont, en tout état de cause, démontré les vertus de l’expérience. Les équipages bizuths du tour du monde affichaient tous des voix fatiguées à la première vacation. L’apprentissage de la gestion du sommeil n’explique pas tout. Bien souvent, ces navigateurs ne disposent pas des machines dernier cri et doivent d’autant plus lutter pour ne pas prendre trop de retard dès les premiers milles. Ryan Braymaier (Neutrogena), tout comme Juan Mederiz (Central Lechera Asturiana), avouait une fatigue d’autant plus légitime que l’émotion d’un premier départ est source d’une grande perte d’énergie. Gérer la découverte d’un rythme de course exigeant, se remettre des sollicitations liées à une plongée dans l’inconnu et se battre contre un évident déficit de vitesse vis à vis des bateaux de nouvelles générations, le poids de la barque peut paraître parfois lourd. Mais c’est le prix à payer pour ne pas se faire décrocher irrémédiablement avant d’aborder la descente de l’Atlantique. Les deux jours à venir devraient réserver des conditions fort semblables aux navigateurs : petit temps, ciel couvert, les renversements de situations ne devraient pas manquer jusqu’au passage du rocher de Gibraltar, voire jusqu’à la latitude des Canaries. Le petit temps est une excellente mise en jambe pour les navigateurs comme pour le matériel. Mais entre le risque de perdre le contact avec la tête de flotte et la vigilance que demande la navigation dans des airs évanescents, les organismes seront certainement plus sollicités qu’il n’y paraît.

Ils ont dit :

Michel Desjoyeaux, Foncia
« Ce début d’année est un peu dur pour les nerfs quand même. La mer est lisse avec quelques petites rides éparses, le ciel est gris avec parfois quelques gouttes, on a cinq nœuds de vent mais guère plus. On est sous spi à essayer de descendre vers le cap Nao. François est à la barre depuis trois heures et je ne vais pas tarder à aller le remplacer. Depuis le lever du jour, on est à nouveau très proches les uns des autres, il y a cinq ou six bateaux avec nous. Cette nuit, on était un peu surpris d’être en tête car on ne voyait plus les feux de nos camarades de jeu. Mais ce n’est qu’un tout petit bout du parcours... ça reste aléatoire et ce n’est pas facile de trouver son chemin dans les calmes méditerranéens

Kito de Pavant, Groupe Bel
« Notre première nuit en mer n’a pas été très facile, pas très simple. Il n’y a pas eu beaucoup de vent, voire pas du tout à certains moments. Comme on était en tête, on est tombé les premiers dans la pétole et du coup toute la flotte est revenue. Ceux qui avaient fait un petit décalage, soit à l’est soit à l’ouest, s’en sont mieux sortis. Là, on a un peu plus de vent, on a dix nœuds, on est sous spi et on a retrouvé tout le monde. On est à la bagarre avec cinq bateaux, Foncia, Mapfre, Estrella Damm, Mirabaud et Virbac et c’est bien sympa. On n’a pas beaucoup dormi cette nuit car nous avons pas mal manœuvré. Il fallait être très vigilant sur la vitesse du bateau pour ne pas s’arrêter. Et là, on est vent arrière, on essaie de tirer des bords mais on ne sait pas trop à quelle sauce on va être mangé. Il peut se passer plein de choses. C’est assez rigolo. La mer est lisse, ça glisse bien et tout le monde joue sur l‘eau, c’est assez sympa. »

Andy Meiklejohn (NZL), Hugo Boss
« Nous sommes plutôt contents de notre position actuelle. Le reste de la flotte est avec nous, ils se sont positionnés un peu plus tôt, donc nous sommes satisfaits des événements. Toutes les manœuvres doivent se faire à deux, mais je connais le bateau un peu mieux que Wouter (Verbraak, le remplaçant d’Alex Thomson), donc j’ai tendance à tout mettre en place tandis qu’il s’occupe davantage de la météo. Mais on regarde surtout les nuages autour pour pouvoir empanner et éviter les zones de calme. On ne peut pas voir ça en regardant simplement les fichiers, donc on fait beaucoup avec ce qu’on a sur le moment. »

Classement à 15h :
1 Jean le Cam - Bruno Garcia PRESIDENT
2 Michel Desjoyeaux - Francois Gabart FONCIA
3 IkerMartinez - Xabi Fernandez MAPFRE
4 Jean Pierre Dick - Loick Peyron VIRBAC-PAPREC 3
5 Kitode Pavant - Sebastien Audigane GROUPE BEL
6 Alex Pella - Pepe Ribes ESTRELLA DAMM Sailing Team

Source : barcelona World Race