Transat Bénodet Martinique / Paroles de figaristes

Changement de leader en tête de la flotte de la Transat Bénodet - Martinique en ce samedi soir. Ainsi, Nicolas Lunven (Generali) se hisse-t-il sur la plus haute marche au classement de 19 heures, devant Erwan Tabarly (Nacarat) et Frédéric Rivet (Vendée 1) alors que les vitesses moyennes restent élevées d'un bord à l'autre. Au Nord, Francisco Lobato (Roff) et Eric Baray (Ven Dan Vwel 972) poursuivent sur leur trajectoire, alors que Gildas Morvan (Cercle Vert) a confirmé son arrêt sous l'île de Santa Maria à 17h30 (heure de Paris). Pour ce dernier, la course contre la montre est lancée...

Nicolas Lunven (Generali) : "Le ciel est gris, tout à l’heure il bruinait à moitié donc ça ce n’est pas terrible. Il y a à peu près 25 nœuds mais c'est très variable, avec une mer un peu chaotique, pas très organisée. Ce n’est pas très agréable pour faire avancer vite le bateau parce que ça tape un peu, ça chahute dans tous les sens. On est évidemment sous spi, vent arrière sur bâbord amure.
J’ai subi ma première attaque de poisson volant cette nuit. Il a atterri sur le pont, le pauvre malheureux. J’étais furieux parce qu’hier j’avais fait la petite toilette et mis du linge propre. Et là, le poisson volant qui vient mourir lamentablement sur le ciré... ça pue terriblement.
C’est vrai que je n’avais pas pris le temps de faire ça depuis qu’on était parti. Ca faisait cinq jours, il était grand temps de faire quelque chose. Donc effectivement ça fait du bien de se raser, d’avoir la peau propre, se laver, changer le linge, faire un petit coup de propre dans le bateau. Les conditions s’y prêtaient. Il ne faut pas oublier que ça fait quasiment une semaine que l’on est parti donc c’est bien aussi de varier un peu les plaisirs, ça occupe.
Aujourd’hui, c’est un peu différent, les conditions ne sont pas dantesques mais ne sont pas faciles pour faire avancer le bateau. Du coup c’est un peu moins évident pour manger etc... J’essaye de me reposer le plus possible mais j’essaye aussi de passer pas mal de temps à la barre pour essayer de faire avancer le bateau. J’ai toujours Erwan Tabarly mon petit poisson pilote qui est juste derrière moi. Donc si je mets trop le pilote je ralentis et il va me doubler. J’essaye de ne pas faire trop attention à ça, mais du coup tu tires un peu plus sur la machine
"

Erwan Tabarly (Nacarat) : "Je suis en super forme. On a du vent. Ca glisse bien sous spi. J’ai entre 25 et 30 nœuds de vent en moyenne, jusqu’à 30 nœuds dans les fortes rafales, mais c’est 25-26 de moyenne. Le bateau glisse bien. C’est agréable. Il faut faire attention à ne pas faire de vrac. Le pilote (automatique) va bien. J’ai pu faire quelques siestes. On se fait plaisir. Dès que l’on prend la barre, on joue avec les vagues, il y a de la conduite. A l’intérieur sous pilote, c’est moins sympa. Les conditions sont encore maniables. Ca le fait bien".

Thomas Rouxel (Bretagne Crédit Mutuel Performance) : "J’ai beaucoup dormi ces dernières 24 heures, je ne pensais pas que je pouvais dormir autant en une journée d’ailleurs sur un bateau, donc ça c’est plutôt positif. Je pense que j’ai dormi au moins 5-6 heures sur les dernières 24 heures, c’est vraiment beaucoup. Les conditions le permettaient bien, c’est pour ça que j’en ai profité. J’étais à vue avec pas mal bateaux donc on arrive à voir si on perd beaucoup ou pas. Je ne mettais même pas de réveil à la fin parce que de toute façon, dans 25 nœuds, s’il y a quelque chose qui ne va pas, tu le sens vite fait, tu es vite réveillé. Mais du coup j’ai réussi à enchainer plusieurs siestes donc certaines assez longues donc physiquement c’est très très positif.
Il y a pas mal de mer mais elle n’est pas trop courte donc ça va plutôt pas mal. Il y a 20 -25 nœuds de vent et le pilote réussi à bien barrer, c’est bien c’est pour ça que j’ai pu bien dormir. Sinon le ciel est nuageux , il ne fait pas beau, c’est très chargé.
Le plaisir à bord : heureusement il y a des moments de plaisir, pour ce qui me concerne c'est très fluctuant et de beaucoup. Par exemple, hier soir, quand j’ai pris le fichier météo qui annonçait des rafales à 40 nœuds, voire qui annonçait 40 nœuds de vent pour la journée du 17, j'avouerais que le moral n’était pas très bon. Finalement, j’ai réussi à me détendre un peu et par écouter de la musique. Je me suis retrouvé à la barre, à écouter de bons morceaux de musique. Il y avait 20-25 nœuds et ça c’était un très bon moment
".

Gildas Morvan (Cercle Vert) : "Dans la nuit de mardi à mercredi vers minuit, j’ai entendu un grand bruit. Il y avait un grand truc qui trainait dans l’eau. C’était l’étai. Je l’ai repêché. Je suis allé vite fait sécuriser le mât. La première solution, quand l’étai est tombé - j’étais à 200, 250 milles de l’Espagne - c’était de rentrer, d’aller direct en Espagne. Après réflexion, j’ai pu continuer au portant, vers les Açores les conditions étaient bonnes. J’avais du temps devant moi pour savoir si il fallait s’arrêter ou faire venir un étai de France ou pas. J’ai essayé de réparer seul, de monter dans le mât, refaire un étai. Je n’ai pas réussi, les conditions n’étaient pas faciles, il faisait nuit.
Maintenant, j’ai deux solutions : soit m’arrêter à Santa Maria, pour remettre en place l’étai que j’ai bricolé ou continuer. Mais il me paraît difficile de ne pas m’arrêter compte tenu des conditions (météo) des prochains jours. Je vais empanner dans peu de temps. Je fais route vers Santa Maria. Je vais monter dans le mât pour raccrocher l’étai que j’ai réparé. C’est déroutant. Quand l’étai est tombé, je me suis posé des questions. L’étai est tout neuf, il a deux mois. C’est dur dur. Depuis cette histoire, je fais attention au bateau. Quand le vent est fort, je ne peux pas partir au lof. Il faut calmer le jeu. Côté régate, ça m’embête de m’arrêter, car je suis au contact avec Fabien (Delahaye) et Thomas (Rouxel) et j’ai une bonne position stratégique pour la suite de la course. Je suis partagé ; Gildas Morvan se dit qu'il faut aller tout droit et le bon marin, se dit qu’il faut s’arrêter. Il y a deux personnes en moi
".

Source : Rivacom