Classe mini / Dernières terres pour les Ministes

Après le Cap Vert, et si l’on occulte l’archipel de Fernando da Noronha, ce sont désormais près de 2 000 km de désert Atlantique qui attendent les solitaires au terme de cette première et très mouvementée semaine dans la seconde étape de l’épreuve. Une difficile sélection s’est opérée au sein des deux classes, Protos comme Série, avec quelques abandons déchirants, comme celui de Sébastien Rogues (716 - Eole Environnement–GDF SUEZ) hier soir. La casse mécanique tant redoutée a prélevé son écot sur la flotte et nombreux sont les concurrents qui vont « en boitillant » rallier Salvador de Bahia. Sébastien Rogues hors jeu, la bagarre pour la victoire finale en Proto s’annonce plus sévère que jamais, tandis que les ténors des voiliers de Série réunis en une poignée de milles sont tous en mesure de défendre leur chance. Passionnant !

Nouveau leader en Série
On l’avait déjà connu à pareille fête mardi dernier : Eric Llull (566 – Noble Cocoa) a pris goût à ce fauteuil de leader qu’il vient de reconquérir à l’occasion d’un habile contournement par l’est de l’île de Sao Nicolau. Alors que le gros du peloton s’engouffrait dans le goulet de Sao Vicente, Eric a privilégié la vitesse pour glisser au vent de l’île et s’offrir aujourd’hui la possibilité de croiser devant toute la flotte. Superbe !

Il profite d’un sérieux ralentissement provoqué par une combinaison complexe de régimes de vent perturbés, toujours orageux et par les célèbres dévents des hauts sommets comme celui de Fogo et ses 2 829 mètres d’altitude. Davy Beaudart (674 – Innovea Environnement) vient lui aussi, après quelques jours d’isolement sur sa route occidentale, se rappeler au bon souvenir de ses petits camarades.

 Il se replace au plus près de la route directe tout en ménageant dans son ouest toute la longitude pour envisager le morceau de bravoure en villégiature sur la route de Bahia, le sombre Pot au Noir. La flotte des 43 voiliers de Série va l’aborder très groupée : 14 concurrents, et non des moindres, se tiennent en une trentaine de milles et vont vraisemblablement converger ensemble vers un point de passage théorique entre les 27 et 29 degrés de longitude ouest. Bruno Simonnet (744 - El Nono) est un solide troisième, belle surprise de ce début de course. Il a « collé » cette nuit une dizaine de milles à des « clients » aussi incisifs que Benoit Mariette (599 - Odalys Vacances), Vincent Kerbouriou (435 – CGG Veritas), Renaud Mary (535 – runo.fr), Gwénolé Gahinet (455- Asso Watever–gwenolegahinet.com) ou Pierre Brasseur (552 – Voiles Ocean), tous plus ou moins piégés la nuit dernière dans le marasme météorologique opaque qui baigne l’archipel Capverdien. La redistribution annoncée des cartes, particulièrement flagrante en Série, fait le bonheur du Néerlandais Robert Rosen Jacobson (606 – NED 602) entré, comme Fabrice Sorin (781 – Cartoffset), dans le Top 10.

Normand soigne sa position, option vitesse pour Raison
Seul concurrent à avoir glissé cette nuit entre les îles de Santiago et Fogo, David Raison et son étonnant Proto (747 – TeamWork Evolution) ont su conserver au vent des îles un peu plus de pression que la tête de la flotte, négligeant pour l’heure le décalage en latéral créé avec les leaders. A près de 150 km dans l’est du véloce duo de tête Thomas Normand (787 - Financière de l’Echiquier) et Bertand Delesne (754 - Zone Large), David ne semble préoccupé que par sa seule vitesse/fond, pressé d’échapper aux îles. Il tente de gagner dans le sud le plus vite possible vers, espère-t-il, des régimes de vent mieux établis. Le flux de nord-est qui balaie la contrée est toujours perturbé par des phénomènes orageux qui déclenchent force épisodes de rafales souvent violentes.

A l’instar de ses camarades de jeu, le skipper de TeamWork Evolution guette à présent les signes annonciateurs de la Zone de Convergence Intertropicale, envisagée cette année particulièrement remuante à des latitudes très nord. Le point de passage moyen théorique va le contraindre à jouer habilement des recalages à l’ouest. Il sait que, de la pertinence de son point de passage, dépendent ses performances dans l’alizé de sud-est. Trop à l’est, et ce seront d’importants milles « inutiles » qu’il faudra combler ; trop à l’ouest, son angle de rapprochement vers le Brésil le contraindra à serrer le vent d’inconfortable manière. David est, avec le retrait bien triste de Sébastien Rogues, un favori évident pour la victoire finale au Brésil. Il taille pour l’heure en cavalier seul une route efficace à 16 milles d’un nouveau leader, le jeune Thomas Normand. Thomas a croisé en milieu de nuit devant l’étrave du plan Manuard de Bertand Delesne pour s’emparer du commandement. Magnifique navigation du jeune Thomas qui semble avoir vécu la première étape comme un beau galop d’entraînement.

Dans ce premier tiers de seconde étape, il s’exprime totalement ! Côté Delesne, Bertrand a entamé le petit contrebord qui devrait lui permettre d’envisager une rapide descente vers l’équateur. Ce brillant trio de tête a créé un écart le plus conséquent depuis le départ de Funchal. Il faut, en effet, décompter pas moins de 48 milles pour trouver le 4ème du jour, l’excellent Granvillais Antoine Rioux (800 - Festival des Pains) qui s’enhardit de jour en jour et semble prendre goût aux avant-postes. Il va croiser en soirée l’allemand Jorg Riechers (753 – Mare.de) revenu sur une route plus orthodoxe jouer lui aussi à fond sa carte de prétendant à la victoire. Près de 53 milles le séparent du leader… Mais, avec un Pot au Noir en croisière au-delà des 10 degrés de latitude Nord, il convient plus que jamais pour tous les prétendants aux accessits Bahianais, de ne plus musarder en route, et de juguler au plus tôt un écart sinon alarmant, du moins conséquent. Mais, le positionnement des uns et des autres montrent clairement aujourd’hui que tous ont maintenant en tête ce fameux Pot au Noir qui pourrait laisser en échapper certains pour mieux en retenir d’autres…

Mindelo morne plaine
Mindelo sur l’île de Sao Vicente va pour quelques jours encore continuer d’accueillir les malchanceux de la Charente–Maritime/Bahia Transat 6,50 : Ainsi le jeune Brendan Archin (757 – Association La Touline), va t’il être rejoint par Mathieu Claveau (405 - Okoume Les Chevaux du Beal) victime du mal endémique sur cette étape : un problème de safran. Déjà sur place, Aurélien Ducroz (417 – Nissan) tente d’ailleurs lui aussi de réparer le sien tandis que l’espagnol Jorge Luis Madden (636 – Samsara) devra en trouver un de rechange pour remplacer celui qu’il a perdu. Jorge devra à Mindelo aussi se soucier de sa pile à combustible récalcitrante. Toujours au registre des safrans défaillants, c’est Jean-Claude Guillonneau (473 - Zerline) qui a communiqué à un bateau accompagnateur son arrêt afin de réparer une ferrure cassée. La petite vitesse d’Amaury François (697 - Groupe Qualitel) qui a fait demi tour et approche de Mindelo fait craindre un nouvel arrêt. La direction de course a dérouté un voilier accompagnateur qui vient de communiquer qu’Amaury avait un safran arraché et une partie du tableau arrière endommagé.

Classement Prototypes le 20/10/2011 à 16h00 (heures françaises) – 33 inscrits
1 747 RAISON David - TEAM WORK EVOLUTION
2 787 NORMAND Thomas - FINANCIERE DE L'ECHIQUIER
3 754 DELESNE Bertrand - Zone Large
Classement complet ici

Classement Série le 20/10/2011 à 16h00 (heures françaises) – 46 inscrits
1 566 LLULL Eric - NOBLE COCOA
2 744 SIMONNET Bruno - EL NONO
3 674 BEAUDART Davy - INNOVEA ENVIRONNEMENT
Classement complet ici

Demain : Anticyclone sur l’Atlantique entre le 30°N et le 45°N et centré par 37°N et 45°W à 12h00 1027hPa, stationnaire. Maintien de conditions faiblement dépressionnaire entre le 5°N et le 10°N avec des vents variables et irréguliers, de secteur Est dominant. L’instabilité encore présente est un peu moins marquée que la veille. Au nord du 10°N, le flux d’est à nord-est est plus établi.

Source : GPO / Charente Maritime - Bahia Transat 6,50