ITW / Couper court ou plonger Sud, les marins du Vendée Globe racontent

Changement de leader cet après-midi. Armel Le Cléac'h a pris le parti de couper au plus court de l’anticyclone. Au risque de s'y trouver ralenti. Résultat, à 16 h, François Gabart a pris la main. Les poursuivants de Le Cléac’h ont en effet choisi de retarder le moment de traverser la zone de vents faibles. Ils ont tous plongé au sud pour conserver de la pression. 


Credit : F.Gabart/Macif

Bernard Stamm (Cheminées Poujoulat) et surtout Alex Thomson (Hugo Boss) sont les plus extrêmes dans cette voie. A 44 degrés de latitude sud, le marin britannique est même entré dans la zone repérée par CLS comme un champ potentiellement miné d’icebergs.


A 520 milles du club des cinq, Mike Golding (Gamesa), Dominique Wavre (Mirabaud) et Jean Le Cam (SynerCiel) glissent sous un grand ciel bleu, à la lisière sud de ce même anticyclone. Ces trois-là se livrent une farouche bataille.
 

Armel Le Cléac'h :"Mettre de l’énergie à bord pour continuer à bien avancer".

"Depuis le début ça se bagarre bien entre les 5 premiers bateaux. Les positions sont très serrées, il y a des stratégies différentes, tout ça est très prenant et motivant. C’est physiquement assez difficile depuis qu’on est entré dans l’océan Indien. Les 48 dernières heures ont été assez rudes avec des conditions de mer et de vent très sportives ; et notamment des vitesses élevées qui font que c’est assez stressant et très bruyant. L’anticyclone nous a rattrapé par derrière donc ça va être moins venté pendant 24h puis on retrouvera les conditions « normales » des mers du sud avec des dépressions qui s’enchaîneront jusqu’au cap Horn. Le rythme est très soutenu, mes camarades ne lâchent rien donc il faut mettre de l’énergie à bord pour continuer à bien avancer".


Jean-Pierre Dick :"C'est un peu la roulette russe !"

« J'ai eu moins d'air cette nuit, je suis tombé sous des orages, j'ai perdu un peu de terrain. Mais la route est longue ! Il y a actuellement 20-22 nœuds, cela va mollir à l'approche de la porte. Celle de Crozet nous complique un peu la tâche. Il faut estimer la zone de vents faibles aux abords de la porte pour tenter de ne pas tomber dedans. Pour l'éviter, j'ai choisi de la passer au nord-est . Cela me semble le moins pétoleux pour l'instant. Nous verrons bien. Armel (Le Cléac'h)  est en train de passer doucement, on verra s'il est réellement ralenti ou s'il va prendre la poudre d'escampette, mais tout cela est éminemment difficile à prévoir. C'est un peu la roulette russe ! Après ce passage, je plongerai à nouveau dans le sud pour bénéficier de vents plus soutenus.»


Bernard Stamm :"Ca tape, ça tape, ça ne s'arrête jamais."

" Il commence à faire froid, avec des grains assez violents. Il y a beaucoup de mer. La bateau est sous l'eau tout le temps. Ca va vite mais comme il y a des vagues assez abruptes, le bateau passe dessous. Ca bouge beaucoup et tout ce qu'on ne fixe pas bien à bord, c'est emporté. On passe de main courante à main courante. Ca tape, ça tape, ça ne s'arrête jamais. Les icebergs c'est pour cette nuit peut-être. On est dans le Sud, c'est parti pour trois semaines d'océans du Sud. Ce que ça change, c'est que c'est l'agression permanente. Je suis content d'être là même s'il y a des moments où c'est vraiment dur. Il n'y a rien de sec à bord, tout est trempé. Il faut vivre, dormir, manger, aller plus vite que les petits camarades. C'est en ça que c'est dur. Là je suis à 18 nœuds, sous spi, je compte garder le sud jusqu’à la glace ! (Rires) Dans peu de temps il faudra que je remonte car la porte est bientôt plein nord."

Dominique Wavre :"Beaucoup de petites options à prendre"

« Je n’arrête pas de manœuvrer, le vent varie beaucoup en force et en direction, ça n’arrête pas. Mais tout va bien à bord du Mirabaud ; c’est un jeu tactique très intéressant, et il y a finalement beaucoup de petites options à prendre. En ce moment, j’ai environ 15-17 nœuds de vent du nord-ouest, et Jean se situe à 13 milles de moi en latéral. Nous allons continuer à naviguer comme ça un moment, en nous rapprochant de la prochaine porte, qui se situe à 800 milles. L’évolution de la météo est difficile à prévoir, c’est une situation compliquée. Et d’autant plus passionnante. »

Classement à 16 h
1 - François Gabart [ MACIF ] à 16786,2 milles de l’arrivée
2 - Armel Le Cléac’h [ Banque Populaire ] à 12 milles du leader
3 - Jean Pierre Dick [ Virbac-Paprec 3 ] à 49 milles du leader
4 - Bernard Stamm [ Cheminées Poujoulat ] à 69,4 milles du leader
5 - Alex Thomson [ Hugo Boss ] à 170,1 milles du leader

Sources : Banque Populaire / Cheminées Poujoulat / JP Dick / Dominique Wavre / Vendée Globe