IMOCA / Le futur Banque Populaire VIII d'Armel Le Cléac'h sera équipé de foils. Découvrez-le en détails

Tout le Team Banque Populaire, derrière son skipper Armel Le Cléac'h, entame en ce début 2015 la phase finale de la construction de Banque Populaire VIII. Ce plan VPLP Verdier, rempli d'innovations, a été conçu pour permettre au skipper de monter sur la plus haute marche du Vendée Globe. Un IMOCA trésor de technologie que détaille Armel le Cléac'h.


Le nouveau Banque Populaire VIII aura des foils !

Les choix du coeur et de la raison
Armel Le Cléac'h : "Rapidement on est parti avec VPLP Verdier pour leur compétence et leur proximité, car on a besoin d'eux au quotidien. Leurs bateaux sont performants et en constante évolution. La volonté de Banque Populaire était de faire travailler un chantier français, des artisans français, et on a opté pour CDK. Et on profite là encore de l'avantage de la proximité.

On s'est rapproché de Safran pour mutualiser certaines choses, comme les outillages et le moule de coque. Le moule a débuté il y a un an, soit 8 mois après le début du lancement du projet », développe le skipper.


Doublette Guillaume Verdier et Vincent Lauriot Prévost
"Dès que la jauge est sortie en décembre 2013, on était en mesure de présenter les premiers plans de forme en février 2014, avec une vision claire de la règle. Cette jauge un peu plus restrictive a été faite pour donner de la fiabilité aux bateaux en établissant des critères de sécurité pour les quilles, l'hydraulique et les mâts. On conserve une grande liberté de conception sur les carènes et les appendices, et on fiabilise les deux talons d'Achille, mât et quille », continue l’architecte.


De grands défis technologiques
La philosophie générale est de construire un bateau dédié au Vendée Globe. Les architectes ont travaillé sur les options les plus radicales en fonction des performances des routages du dernier Vendée Globe. « Plutôt que chercher la polyvalence, on a fait un bateau offrant des gains importants dans 60% du temps, et des pertes plus faibles dans 20% du temps », raconte Vincent Lauriot-Prévost.

Une étrave volumineuse, une carène puissante avec un gros couple de redressement de par la forme et la progression des volumes… ces travaux appellent assez logiquement la grande innovation du moment, l'adjonction de foils très différents de ce qu'on connait jusqu'à présent. « La grande innovation est l'arrivée de ces plans porteurs », poursuit Armel. « Les architectes nous ont proposé ces plans issus de leur expérience de la Coupe de l'America et de l'évolution de la voile en général, où les foils apparaissent partout. L'idée était d'utiliser ces nouvelles technologies pour soulager la coque à certaines vitesses, soulager et accélérer.

On a beaucoup travaillé avec le bureau d'étude et les designers, et tout le Team Banque Populaire. C'est un pari, une nouveauté majeure, très théorique au départ. On a décidé avec le Team de l'expérimenter. On a loué pour cela le Mini 6,50 N°198 de Sébastien Picot, sur lequel on a intégré trois dérives, une classique et deux à plans porteurs, pour réaliser une campagne d'essais à partir de juillet 2014, sous la supervision de Bertrand Pacé, afin de répondre à nos interrogations. C’était passionnant. La mise au point a été compliquée, et après de nombreuses évolutions, on a eu de bonnes surprises. On a choisi une des deux options proposées par les "archis". On a remis les plans en décembre dernier pour la mise en construction. »


Un voilier plus "aérien"
« Quand on bascule la quille au vent, le voile de quille génère la portance du bateau, et pour contrecarrer la gîte, on fait intervenir des foils qui compensent la perte de puissance. On rétablit la puissance en générant de la poussée verticale. Le bateau fonctionne ainsi sur un mode plus aérien que les générations précédentes. Cela devra correspondre à des forces et angles de vent précis, que l'on rencontre assez souvent sur un Vendée Globe, et le résultat est un gain conséquent de vitesse de plusieurs nœuds. Le bateau ne sera pas plus puissant mais il naviguera de manière plus légère, avec moins de surface mouillée car sustentée par ces fameux appendices », poursuit Vincent Lauriot-Prévost.


Ergonomie : les priorités d'Armel
Autre retour d'expérience : l'ergonomie, tant du cockpit que de l'espace de vie, a fait l'objet de recherches et d'études spécifiques ; « je souhaite un cockpit protégé, et un bateau le plus sec possible », raconte le skipper de Banque Populaire, « car ces bateaux sont très humides, et sujets aux embruns et aux paquets de mer. Lors d'un tour du monde, il importe de pouvoir manœuvrer de manière protégée par une casquette coulissante, avec un poste de barre ergonomique et une bonne position offrant une bonne vision. Pouvoir barrer longtemps peut faire la différence malgré les performances des pilotes automatiques, comme on l'a vu sur le final du Vendée Globe 2013. »


Un intérieur minimaliste
« J'ai beaucoup rogné sur le confort intérieur. Il faut gagner en légèreté dans l’espace de vie. Il faut aussi favoriser le matossage du matériel de manière simple. On reprend les choses validées sur l'ancien bateau. On optimise l'électronique et l'informatique, tous les postes intérieurs, les systèmes d'énergie… On essaie des nouveautés, comme un nouveau concept de taquets, en sachant que dans un an, on pourra revenir sur nos décisions d'aujourd'hui… Notre timing est cohérent pour pouvoir naviguer très tôt, en course et en test », ajoute Armel Le Cléac’h


"Partir d'une page blanche"
Chantal Petrachi, directrice de la communication de Banque Populaire : « Nous avions frôlé la victoire à trois heures  près (du Vendée Globe 2012) avec un bateau certes abouti, mais dessiné par un autre (Michel Desjoyeaux ndlr), et l'idée de partir d'une page blanche pour créer un voilier au maximum des connaissances technologiques du moment, et parfait reflet des aspirations de notre skipper, nous a tout de suite séduits. »




Mise à l'eau dès mars 2015
Avec une mise à l'eau programmée dès mars prochain, la Banque de la Voile se donne le temps et la marge de manœuvre nécessaire pour finaliser et mettre au point un monocoque innovant. La Transat Jacques Vabre en octobre prochain sera le test grandeur nature pour se familiariser avec une toute nouvelle manière de naviguer.


Armel Le Cléac'h en test sur un mini 6.50



Programme 2015 (non définitif)
Fin mars : mise à l'eau
Avril : découverte, mise au point
Du 1er au 4 mai : Grand Prix Guyader en équipage
Du 19 au 23 juin : Record SNSM
Juin : stages IMOCA à Port-la-Forêt
Juillet : chantier
Fin juillet : remise à l'eau
16 aôut : Rolex Fastnet Race en double






par la rédaction
Images : JB Epron et Y.Zedda pour le Mini 6.50
Source : Mille et une Vagues