BWR / L'oeil de Jérémie Beyou au tiers de course : "Deux manières différentes de naviguer"

Jérémie Beyou a participé à la première édition de la Barcelona World Race aux côtés de Sydney Gavignet. Victime d’un démâtage dans l’océan Indien, il n’avait malheureusement pas pu terminer. Il livre aujourd'hui son regard sur ce premier tiers de course.



Jérémie Beyou : "Avant, c’était plus simple : on ne savait pas où l’on risquait de trouver des glaces."
Credit : Y.Zedda

Le démâtage de Hugo Boss
« Le démâtage d’Alex (Thomson) et Pepe (Ribes) enlève un certain piment à la course. Cela montre aussi, que même avec une équipe technique particulièrement solide comme c’est le cas, tu peux être à la merci d’un incident mécanique. Les IMOCA restent des bateaux très complexes en maintenance.

C’est vraiment dommage car même si Hugo Boss était notoirement le bateau le plus rapide, je pense que des équipages comme celui de Cheminées Poujoulat ou Neutrogena avaient les moyens de l’accrocher. »


La course en tête de flotte
« C’est très intéressant. On constate deux manières de naviguer différentes. Guillermo (Altadill) est un peu à l’école d’Alex Thomson avec des trajectoires tranchées. C’est une manière de faire assez agressive, avec la nécessité d’être en permanence à l’attaque. 

Les trajectoires de Cheminées Poujoulat sont beaucoup plus lisses. Je crois reconnaître la patte de Jean (Le Cam) dans cette manière de naviguer. Le virage à gauche à la fin de l’Atlantique Sud en est un bel exemple. 

L’équipage de GAES Centros Auditivos fait aussi une belle course. Anna (Corbella) et Gerard (Marin), de mon point de vue, doivent encore manquer d’expérience dans la manière de négocier les transitions. Des gars comme Jean, Bernard ou Guillermo savent exactement quand il est nécessaire d’être à 110% et quand on peut lever un peu le pied. Au final, ça fait la différence.»


Les autres bateaux
« J’attendais mieux de l’équipage de Renault Captur. Mais ils ont souffert de pas mal de pépins techniques en début de course qui les ont handicapés. Pour les autres équipages, c’est un baptême du feu, difficile d’être compétitif d’emblée. »


La zone d’exclusion
« Il n’existe pas de solution idéale : ici, la zone d’exclusion tend à faire que tout le monde navigue en limite de zone. Les portes provoquaient une navigation très séquencée. Chaque système a ses avantages et ses inconvénients. 

Il faudrait pouvoir revenir à une liberté d’aller où bon nous semble, mais compte tenu de la pression qui pèse aujourd’hui sur un organisateur, c’est impossible. Comment faire accepter l’idée qu’on a laissé partir des gars dans des zones truffées d’icebergs. Avant, c’était plus simple : on ne savait pas où l’on risquait de trouver des glaces. »


La Barcelona World Race en général
« C’est vraiment une superbe course. Je regrette juste que notre planning, entre Route du Rhum et saison Figaro, ne nous ait pas permis de nous présenter au départ, car c’est vraiment un format passionnant. »

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Par la rédaction
Source : BWR