BWR / Rencontre avec Bernard Stamm et Jean Le Cam :"Tout seul, nous n’aurions pas terminé" (vidéo)

Bernard Stamm et Jean Le Cam ont franchi la ligne d’arrivée de la 3e édition de la Barcelona World Race, mercredi soir, signant là une victoire magistrale après un peu plus de 84 jours de mer. Quatre-vingt quatre jours lors desquels ils ont vécu des moments de franche complicité et quelques galères qu’il a fallu résoudre. Retour, avec eux, sur les temps forts de cette circumnavigation menée tambours battants.



Victoire de Bernard Stamm et Jean Le Cam sur la Barcelona World Race.
Credit : G.Martin Raget/BWR

La victoire
Bernard Stamm : « Au départ, je devais courir cette Barcelona World Race avec mon autre bateau, en double avec Yann Eliès, mais après qu’il se soit cassé, tout s’est arrêté. Le fait de me lancer avec Jean sur l’ancien « Mare » s’est décidé assez tard alors forcément, décrocher la victoire dans ces conditions c’est encore plus savoureux. Quand tu bosses beaucoup, si ça ne paie jamais, à la fin tu te demandes pourquoi tu le fais. Là, nous n’avons pas changé notre manière de faire et nous sommes récompensés. »

Jean Le Cam : « C’est ma première victoire dans un tour du monde, et ça fait plaisir. Mieux vaut gagner que pas ! Jusqu’ici, j’avais terminé 2e, 5e et je ne sais plus combien avec Eric Tabarly. Une victoire, c’est forcément une belle récompense sur un exercice aussi dur que celui-ci. »


Pépins techniques
B.S. : « Nous avons connu quelques soucis mais nous avons cependant fait très attention au matériel, du début à la fin. Jean est d’ailleurs très soucieux de ça. Autre atout, il connait bien les bateaux, il sait comment ils sont construits et comment les réparer. De plus, il possède un grand sens pratique qui a été très utile pendant ce tour du monde. Pour certains trucs, comme le hook, il a su apporter des solutions rapides, pour d’autres, comme la girouette, ça a été moi. »

J.L.C. : « Pendant ce tour du monde, Bernard et moi avons fait une vraie collecte d’emmerdements. Nous en avons eu quasiment tous les jours ! Je me souviens qu’un matin, il m’a réveillé pour que je prenne mon quart et qu’il m’a dit que tout allait bien. Je me suis presque demandé si c’était vrai ! L’avantage, c’est que lorsque tu en as tout le temps, tu finis carrément par les banaliser. Sortir la caisse à outil quotidiennement, c’était quasiment devenu normal à la fin. »


Le cap Horn
B.S. : « Le Horn, c’est effectivement toujours spécial. C’est un point de passage qui t’oblige à nouveau à naviguer avec autre chose que la météo. Mais surtout, c’est un moment où tu peux mettre le clignotant à gauche et commencer à faire route en direction de la maison. Ce n’est pas si courant d’enrouler ce rocher-là ! »

J.L.C. : « Même quand on le franchit pour la cinquième fois, ça reste un moment particulier. Là, nous sommes passés de nuit, à environ 15 milles du fameux rocher. Le bateau marchait vite et il y avait beaucoup de mer. C’est un très bon souvenir pour moi. On est toujours content de laisser le Horn dernière soi parce que le grand sud, c’est franchement long. L’Indien, notamment, est interminable. Bref, le Horn, c’est perpétuellement magique. Là, c’était la deuxième fois que je le passais en double. La première fois, c’était avec Vincent Riou, pas tout à fait dans le même contexte (NDLR : Jean Le Cam avait chaviré au Cap Horn et avait été secouru par Vincent Riou). »


La cohabitation 
B.S. : « Je n’avais pas d’inquiétude sur notre cohabitation car nous partions pour les mêmes raisons. Le temps m’a donné raison et notre résultat le prouve. Si j’ai appris un truc de Jean, c’est arriver à naviguer avec une configuration de voile en dessous car dans certains cas, ça va aussi vite, voire plus, que quand on est un peu surtoilé et ça a l’avantage de préserver sérieusement le matériel. Il y a des choses que nous faisons, l’un et l’autre, différemment, mais le fait est qu’il n’y a pas qu’une seule manière de faire les choses pour arriver à un même résultat ».

J.L.C. : « A deux, c’est sympa et ce qui est certain, c’est que si nous avions vécu la même course en solo. Bernard tout seul ou moi tout seul, nous n’aurions pas terminé. Monter dans le mât lorsqu’on est en solitaire, ce n’est pas possible. Après, comme dans un vrai couple, nous avons eu des hauts et des bas mais nous nous sommes parfois bien marrés… et nous avons atteint notre objectif commun. »


L’arrivée
B.S. : « C’était vraiment top d’arriver dans douze nœuds, sous spi, parce que ce n’est pas très courant. Petit à petit, on repasse en mode « civilisation ». Je viens de récupérer mon porte-monnaie et je ne vais pas tarder à rebrancher mon téléphone. La vie reprend son cours. Après trois mois en mer, c’est un sentiment presque bizarre, mais franchement pas désagréable. »

J.LC. : « L’arrivée a vraiment été très belle. Finir à la tombée de la nuit, avec juste ce qu’il fallait comme vent dans les voiles, lay-line sur la ligne, sous spi, avec Barcelone en toile de fond et le W Hôtel rendu tout brillant par le soleil : c’était tout simplement magnifique ! »


La suite ?
B.S. : « Pour moi, la prochaine grosse course est le Tour de France à la Voile à bord du Diam 24 Cheminées Poujoulat. Pour le reste, je n’en sais rien encore. Ce sont des choses dont il faut que je discute. J’ai une option d’achat sur le 60 pieds. Maintenant, il faut à la fois les moyens et la volonté. Avant de prendre une décision, quelle qu’elle soit, il faut d’abord analyser le paysage de la course au large. Quoi que je fasse, je veux pouvoir être en mesure de régater aux avant-postes. »

J.L.C. : « C’est une bonne question mais ce n’est pas facile de répondre parce que, de toutes les manières, je n’en sais rien. Pour l’instant, on digère, on discute avec les copains et on profite de Barcelone qui est vraiment une ville extraordinaire, avec des gens gentils et une énergie hors-norme. D’ailleurs, réflexion faite, pas sûr que je rentre en Bretagne (rires) ! »






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Par la rédaction
Source : Rivacom