ITW / Chavirage de Banque Populaire IX : "Tout a basculé en quelques secondes," les mots d'Armel Le Cléac'h

Hélitreuillés par l’armée marocaine après le chavirage de Banque Populaire IX au large du Maroc, Armel Le Cléac'h et ses deux hommes d'équipage sont désormais arrivés à Casablanca où ils ont été pris en charge par le Consulat de France. Le skipper du maxi trimaran, mis à l'eau fin octobre 2017, revient sur les circonstance du chavirage de Banque Populaire. "Au moment où nous avons quitté le bateau, les trois coques et les bras étaient intacts, le mât est cassé en plusieurs morceaux."


Armel Le Cléac'h revient sur le chavirage de Banque Populaire IX
Crédit : Easy Ride / BPCE




"Les conditions de mer et de vent étaient plutôt correctes"

« Cette nuit on naviguait bâbord amure direction Cadix. Nous étions partis depuis mardi de Lorient, on avait fait un grand bord le long du Portugal. Pour s’entraîner, on est allé chercher un point de passage dans le nord ouest des Canaries. On faisait notre retour vers Cadix en vue d’aller chercher l’équipage pour la suite du programme (ndlr : Franck Cammas, Charlie Dalin, Billy Besson et Ronan Lucas devaient monter à bord pour participer à la Nice Ultimed dans quelques jours).

Les conditions de mer et de vent étaient plutôt correctes, on avait 18/20 nœuds de vent au moment de l’incident. La mer était un peu formée parce que le vent avait été soutenu depuis pas mal de temps sur l’ouest du Portugal. En descendant vers les Canaries, nous avions eu du vent fort jusqu’à 40-45 nœuds. Nous étions sur un bord assez serré, du près débridé, un ris dans la grand-voile et le petit foc. J’avais fait les routages et au fil des heures le vent devait mollir. 

Les conditions étaient plutôt stables, j’avais vérifié et il n’y avait pas de grain ou d’orage possible devant nous. Pierre-Emmanuel Hérissé (le directeur technique du Team Banque Populaire) et notre média-man étaient à l’intérieur, moi j’étais dans ma cabane en veille aux manœuvres.


"J’ai pu choquer la grand voile mais cela n’a pas suffit"

J’ai été m’allonger cinq minutes sur la bannette pour commencer une sieste. Le bateau a commencé à se lever très vite suite à une survente de vent, je n’ai pas eu le temps de sortir. J’ai pu choquer la grand voile mais cela n’a pas suffit. 

Tout est allé très vite, le bateau a basculé sur le côté tribord. Je me suis retrouvé à l’envers dans l’eau qui avait inondé la cabane. Pierre-Emmanuel m’appelait pour savoir si j’étais là. Nous arrivions à nous entendre entre deux vagues, j’ai réussi à sortir de là et à me hisser dans la coque centrale en sécurité avec eux, à l’abri.


"J’ai très rapidement déclenché la balise de détresse"

On a tout de suite fait un point pour s‘assurer que personne ne soit blessé. J’ai très rapidement déclenché la balise de détresse pour alerter les autorités.

On a réuni le matériel de sécurité et on a enfilé nos combinaisons de survie. J’ai contacté Ronan Lucas (le directeur du Team Banque Populaire) par l’iridium portable qui était dans le bidon de survie pour lui dire que nous étions tous à bord et surtout qu’il n’y avait pas de blessé.

Deux heures après, un cargo est arrivé sur zone, on a échangé avec eux par VHF. Il faisait nuit, nous ne pouvions pas sortir du bateau immédiatement.


"Nous sommes montés dans l’hélicoptère" 

Le jour s’est levé, un patrouilleur devait nous rejoindre en fin de journée mais finalement un hélicoptère de la Marine Nationale a pu décoller de Casablanca ce midi pour venir nous chercher. A son arrivée, les uns après les autres, nous sommes montés dans l’hélicoptère et nous avons atterri au port militaire de Casablanca sur une frégate à quai. Nous avons été très bien accueillis par la Marine Nationale Marocaine, nous avons pu manger et faire quelques contrôles de santé, on les remercie pour tout ainsi que l’équipage de l’hélicoptère. Nous avons ensuite été pris en charge par le Consulat de France.

"Tout a basculé en quelques secondes"

C’est vraiment dur à vivre, les conditions en mer étaient maniables, nous avons déjà navigué dans des conditions beaucoup plus fortes et engagées. Tout a basculé en quelques secondes. A mon avis, c’est lié à une survente de vent. Au moment où nous avons quitté le bateau, les trois coques et les bras étaient intacts, le mât quant à lui, est cassé en plusieurs morceaux. »

Une course contre la montre est maintenant engagée pour récupérer le bateau dans les plus brefs délais et tout mettre en œuvre pour être au départ de la Route du Rhum en novembre prochain.


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Source : Mille et une Vagues