Un départ du Vendée Globe à huis clos et un chenal vide, Jean Le Cam : "C’est plus simple car ce sont des émotions qui sont lourdes"

 

Le doyen de la 9e édition du Vendée Globe est plus que prêt à se lancer dans une longue bagarre avec les autres IMOCA à dérives. Jean Le Cam part pour la 5e fois autour du monde avec une envie intacte d’aventure et de compétition. Paroles sans détour… 

 

Crédit : Yes We Cam

Il règne une drôle d’ambiance aux Sables, comment vivez-vous cette période de pré-départ ? 

C’est sûr que c’est très spécial. Nous sommes tous à moitié confinés depuis quelque temps, toutes les personnes autour de nous sont testées toutes les semaines. Je vous avoue que ça ne me fait pas du tout envie de rester enfermé dans ma chambre pendant 7 jours ! Je vais peut-être venir voir mon bateau la nuit.

 

Un départ à huis clos et un chenal vide, arrives-tu à te le représenter ? 

C’est dommage pour le public surtout. Pour nous, c’est quand même un trop-plein d’émotions, et ce n’est pas facile à gérer. Quand tu sors avec une foule autour du chenal, pour être honnête, ça te pompe de l’énergie. C’est vraiment dommage pour les gens qui n’auront pas l’occasion de voir défiler les IMOCA. Finalement pour nous, c’est plus simple car ce sont des émotions qui sont lourdes, et il y en beaucoup le jour du départ. Le chenal, c’est une épreuve de plus. Quand tu quittes le ponton, tu dis au revoir à tout le monde, et déjà ce n’est pas simple. Et le chenal, c’est ultra fort, il faut s’en remettre après…

 

Quel regard portez-vous sur les nouveaux foilers ? 

Alors moi, je suis bien là où je suis ! De ce que je peux entendre à droite et à gauche, ça ne me fait pas rire… Je pense que tout ça manque un peu de recul. On voit des bateaux comme HUGO BOSS qui rajoutent des petites pièces sur ses foils, des fences, pour améliorer le décroché. On sait qu’un plan porteur, ça marche bien quand c’est dans des situations stables, mais si ça décroche, ça peut être dangereux, aussi pour les gens qui sont dessus. Il faut le savoir. En plus de ça, quand il y a de la mer forcément, les incidences des vagues sont diverses et variées et trouver un bon compromis là-dedans ça ne doit pas être facile. Je suis très content d’être là où je suis, je peux vous dire !

 

Qu’est-ce qui a évolué sur votre bateau ? 

On a reculé tous les poids, reculé le moteur, changé les ballasts. Avant, il y avait des ballasts au milieu, partout, maintenant on a des petits ballasts latéraux. On a refait toute la peinture du pont, on a gagné pas mal de poids aussi. On a changé la caisse qu’il y avait à l’arrière avec la trappe de survie qui, maintenant, est sur le tableau arrière. On a un pilote qui ne devrait pas être si mal que ça… Il a tout d’un grand !

 

Où en êtes-vous niveau nourriture et matériel de spare ? 

Toute la nourriture est là. L’eau est là et pour ce qui est gasoil, le plein est fait. Il manque encore du frais, mais il n’y aura pas beaucoup de frais parce que de toutes les façons, il faut s’habituer rapidement une fois que tu es parti. J’embarque des conserves en sachets souples de chez Bon Bag et puis aussi des Krisprolls avec du beurre salé. J’ai pris des bons plats. Evidemment du beurre salé, car le beurre pour un breton ce n’est pas un péché mignon, c’est normal ! Cette année, j’ai du ris de veau une fois par semaine alors qu’il y a quatre ans j’en avait juste un à Noël et au Nouvel An. C’est quand même une belle évolution !

 

Comment partirez-vous sur le Vendée Globe, à l’attaque ou prudent ? 

Moi c’est toujours prudent. Il ne faut pas oublier que l’essentiel est d’arriver. À partir de là, je ne vais pas prendre de risque sur un départ ou ce genre de choses, ça c’est clair.

 

Quel est l’océan le plus dur sur un tour du monde ? 

Il y a le pot au noir d’abord. Mais tu peux passer le pot au noir sans encombre ou rester comme Charal planté au milieu pendant la dernière Transat Jacques Vabre. Après, les océans Indien et Pacifique peuvent être rudes. On dit qu’il y a une différence entre les deux, moi je ne l’ai jamais vue. Je pense que dans le Pacifique, tu es déjà habitué aux rudesses de l’Indien, donc tu le vis peut-être mieux. Quoique je me demande toujours pourquoi on l’appelle Pacifique ! À chaque fois je me pose la question…

Source : VG