Yoann Richomme : "Damien Seguin est en train de devenir une légende du sport"

 

Certains marins bâtissent leur réputation grâce au Vendée Globe. C’est le cas de Damien Seguin qui réalise une course incroyable avec Apicil, allant jusqu'à bluffer sa propre équipe. "C’est une chose d’être près des leaders, mais être devant Jean Le Cam, la référence dans cette catégorie, relève de l’exploit."

 

Crédit : JM Liot

Damien Seguin a débuté brillamment sa carrière sportive en tant que marin paralympique, remportant  trois médailles dont deux en Or et cinq titres mondiaux. Il a évolué ensuite vers la course au large en solitaire et en double, où sa progression a été fulgurante avec deux participations à la Route du Rhum et trois participations à la Transat Jacques Vabre.
 
A la barre de son IMOCA Groupe APICIL, un plan Finot-Conq de 2007, personne n’aurait imaginé qu'il soit dans le groupe de tête et en pole position des anciens monocoques à dérives droites.
 
Pourtant, Damien Seguin est là et bien là, 4e après 70 jours de course ! 
 
Monter sur le podium serait un exploit pour ce marin qui veut d'abord démontrer que, malgré son handicap, il est capable de se battre aux côtés des meilleurs athlètes au monde.
 
Yoann Richomme compte parmi ceux qui connaissent le mieux Damien. Les deux hommes naviguent régulièrement ensemble depuis une dizaine d’années et Yoann a aidé à préparer Groupe APICIL pour ce Vendée Globe. Le co-équipier avoue que la performance de son ami l’a surpris, en soulignant que le projet de Damien ne profite pas d’un très gros budget et que finalement peu de monde étaient à ses côtés lors des modifications effectuées sur le bateau et lors des préparatifs d’avant-départ.
 
Interrogé par la Classe IMOCA, Yoann Richomme précise que : « L’objectif durant les deux mois qui précédaient le départ était de boucler le tour. Je peux vous assurer qu’il n’y avait pas d’autres objectifs. Bien sûr, Damien allait faire de son mieux, mais pour nous, il s’agissait surtout d’assurer la fiabilité du bateau. On ne s’attendait pas à le voir aussi bien placé dans le classement ».
 
« C’est une chose d’être près des leaders, mais être devant Jean Le Cam, la référence dans cette catégorie, relève de l’exploit. Une chose est certaine, Damien a réalisé une performance remarquable. Cela m’impressionne et je suis vraiment heureux de voir ce résultat. C'est incroyable de suivre sa progression et je suis content d’avoir partagé la préparation de cette course avec lui ».
 
La clé de son ingéniosité réside dans sa capacité à toujours trouver le moyen de réaliser une tache que les marins valides effectuent sans réfléchir. « Par exemple », explique Yoann. « il est capable de filer une drisse, comme s’il faisait cela une main après l’autre. Il fait un demi-tour autour de son poignet et quand on est avec lui, on voit à peine comment il fait. C’est un bon exemple de sa capacité à tout faire avec les moyens dont il dispose. Il est difficile de percevoir une différence par rapport à un marin qui dispose de deux mains. Il réussit à faire cela avec de petits mouvements ou avec un timing un peu différent, » précise le marin. « Il positionne parfois le bateau autrement ou il ralentit un peu plus, mais pas beaucoup, car il est ultra-compétitif ».
  
 « Je navigue avec lui depuis dix ans et le message qu’il transmet et sa capacité de convaincre m’impressionnent. Il devient une légende, une véritable légende du sport. Il se hisse dans cette épreuve à un niveau qu’il n’a jamais atteint auparavant. Et cela, c’est fabuleux, car j’ai bien vu le travail qu’il effectue en dehors de la compétition et le positif qu’il apporte aux autres grâce à l’exemple qu’il donne ».
 
Source : IMOCA