Clarisse Cremer, femme la plus rapide du Vendée Globe : "ça donne presque envie de repartir avec ce bateau-là"

 Clarisse Cremer, skipper de Banque Populaire X, a franchi la ligne d'arrivée du Vendée Globe hier. Elle a ainsi bouclé son tour du monde en 87 jours, 2 heures, 24 minutes et 25 secondes. Elle devient la femme la plus rapide du Vendée Globe, s’offrant le record d’Ellen MacArthur (94 jours, 4 heures et 25 min en 2001). Elle a surtout réalisé une très jolie perf', cinq ans après avoir découvert la course au large et deux ans après ses premiers bords en IMOCA.


Credit : JL Carli/Alea VG2020

 

La trentenaire est une battante, une acharnée de travail, forte d’une capacité impressionnante à apprendre, et vite. En moins de deux ans, elle s’est appropriée un bateau exigeant au riche palmarès (vainqueur du Vendée Globe 2012-2013, vainqueur de la Route du Rhum 2018), a participé à une transatlantique avec Armel Le Cléac’h (6e de la Transat Jacques Vabre), est revenue seule en convoyage avant son unique course en solitaire à bord de Banque Populaire X (12e de la Vendée Arctique Les Sables cet été).

 

"Se contenter de peu"

Son objectif ? « Trouver le bon équilibre entre tirer le meilleur parti de mon bateau et gérer mon rythme à bord ». Chaque petit pas est une victoire : dépasser la latitude de Salvador de Bahia (elle n’était jamais descendue plus au Sud), franchir le cap de Bonne Espérance, découvrir les mers du Sud où « les albatros brisent la monotonie ». À force d’engranger les milles, elle confie « finir par se contenter de peu ».

 

LES PREMIERS MOTS DE CLARISSE CREMER

« Je suis hyper heureuse d’être ici. C’est un gros soulagement car on était stressés jusqu’au bout. Je suis contente d’avoir réussi et de retrouver mon équipe. Cet accueil est incroyable, j’hallucine !! »
 
« J’ai énormément appris pendant cette course, ça donne presque envie de repartir avec ce bateau-là, maintenant que j’ai appris plein de choses dessus. Je me rends compte que j’ai découvert la bête au fur et à mesure. C’est sympa d’être plus à l’aise sur sa machine. Le temps de préparation était un peu court, je l’ai senti la première semaine où j’étais un peu intimidée sur tout ce qu’il y avait à faire. »
 

"En mer, je suis un marin"

« On sait qu’être une femme dans la course au large est un élément de différenciation. C’est un sport mixte et c’est aussi une richesse. Il n’y a pas de classement féminin. En mer, je suis un marin et je ne me dis pas que le marin devant est un homme ou une femme, je ne pense pas à ça du tout. »
 
« Je pense que j’en ai moins bavé que d’autres en termes de problèmes techniques. J’ai la chance d’avoir une équipe de dingue et un bateau très bien préparé. C’était aussi un parti pris depuis le début de faire très attention à mon bateau. J’ai parfois regretté de ne pas avoir assez tiré sur la machine, mais l’objectif était de finir. J’en ai bavé, surtout du point de vue de la fatigue et la sensation de sans cesse avoir une épée de Damoclès au-dessus de la tête, en me demandant quand allait arriver le prochain pépin. A partir du moment où j’ai arrêté d’y penser, ça allait mieux. »
 
 

"C’est quelque chose en termes d’émotions le Vendée Globe !"

« En 3 mois, on vit 10 ans d’émotions. C’est un accélérateur de vie. J’ai pleuré de joie tous les jours, pas de désespoir. C’est quelque chose en termes d’émotions le Vendée Globe. »
 
En termes de trajectoires, je suis contente. Après c’est toujours possible de faire mieux. Au début j’ai forcément pâti de mon manque d’expérience. Un peu impressionnée par l’ampleur de la tâche. J’ai pu perdre du terrain sur des bateaux que j’aurais pu suivre par la suite. Mais aucun regret car j’aurais pu casser quelque chose, j’ai donné le maximum. »
 

"Je suis fière d’avoir atteint un objectif"

« C’est un peu tôt pour faire un bilan de mon état psychologique, mais oui c’est sûr que ce n’est pas anodin de passer 3 mois sur un bateau, toute seule, dans des contrées où l’on ne peut compter que sur soi-même. »
 
« Je suis fière d’avoir atteint un objectif. Fière aussi de tout ce que l’on a fait avec l’équipe. J’ai eu la chance qu’on vienne me proposer le Vendée Globe. On m’a fait confiance, et j’avais la ‘niaque’ pour être à la hauteur de cette confiance. » 

Source : D Gallais