Transat en Double, "On s’attend à vivre la nuit la plus compliquée de ce début de course" dixit Pierre Quiroga

 

Au large des côtes marocaines, les 14 duos qui composent le groupe de tête de la Transat en Double – Concarneau – Saint-Barthélemy filent sous spi vers l’archipel des Canaries. La nuit prochaine s’annonce délicate, avec du vent fort et sans lune. La plus grande vigilance s’impose pour éviter les sorties de piste et ne pas subir de casse. 

 

Crédit : A Courcoux

« On s’attend à vivre la nuit la plus compliquée de ce début de course. » Pierre Quiroga (Skipper Macif) donne le ton. Les 18 duos de la Transat en Double ont déjà connu des nuits difficiles en début de course, à cause de l’inconfort et de l’humidité liés à une navigation au près. La nuit prochaine, la donne sera différente. Dans un vent de nord/nord-est de 25 à 30 nœuds, la difficulté concernera davantage la conduite du bateau, beaucoup plus difficile à appréhender sous spi et à haute vitesse. À ces allures, les départs au tas peuvent coûter très cher. Pour les guider dans la nuit, les marins ne peuvent pas compter sur la lune. Noir c’est noir. « On n’y voit rien du tout », résume efficacement Gildas Mahé (Breizh Cola).
 

« On cherche un peu nos marques » 

 « Nous avons fait pas mal de départs au lof, ce qui n’est jamais bon pour le spi en début de transat », raconte Pierre Quiroga. « Il faut s’adapter aux nouveaux safrans, trouver d’autres réglages. Il faut aussi s’adapter au poids du bateau, qui est très lourd. On cherche un peu nos marques. » C’est en effet la première fois que le Figaro Bénéteau 3 est le support de la Transat en Double et cette 15e édition est donc marquée par une grande part d’inconnue. Les marins découvrent la gestion de la machine sur la durée. Jusqu’à quel point les bateaux et les skippers peuvent-ils encaisser les efforts ? À partir de quand faut-il opter pour des choix plus conservateurs ? Les réponses à ces questions dépendront de l’état d’esprit et de la forme de chaque duo. Les Figaristes, réputés pour « bourriner », devront peut-être oublier certaines habitudes. Cette nuit, il est probable qu’ils prennent des ris dans la grand-voile, voire passent sous petit spi.

 

Le passage des Canaries : « Un choix cornélien »

Côté stratégie, les concurrents se creusent la tête. « C’est un lundi studieux à bord, on passe pas mal de temps à chercher la meilleure trajectoire pour aller vers les Canaries. Le contournement d’une zone anticyclonique est toujours un jeu dangereux alors on essaye d'en tirer profit sans se faire piéger », écrit Julien Villion (TeamWork). « Le choix de route est bien cornélien et pas facile à prendre mais on suit l'évolution depuis quelques jours pour ne rien rater », indique pour sa part Gildas Mahé (Breizh Cola). Ce qui préoccupe les duos actuellement, c’est de trouver la manière la plus efficiente de composer avec ce waypoint de La Palma, marque de parcours obligatoire à laisser à tribord. Chaque duo a plusieurs scénarios en tête, qui seront prochainement affinés en fonction des dernières actualisations de la météo, notamment dans l’archipel des Canaries où les effets de site peuvent être très marqués. D’autres paramètres entrent en compte pour établir la stratégie. Une dimension sécuritaire, tout d’abord, en évitant autant que faire se peut de subir des conditions trop extrêmes. L’observation des trajectoires des autres concurrents est également primordiale et peut avoir une influence. Demain matin, on devrait en savoir davantage sur les intentions précises des uns et des autres. Ce soir, les classements sont à nuancer car les bateaux plus à l’ouest, plus proches de l’orthodromie (route directe) sont nécessairement favorisés.

 

Une flotte étalée sur plus de 160 milles, coup de chapeau aux amateurs

La flotte s’étire chaque jour un peu plus et l’écart entre les leaders et les derniers se porte ce soir à plus de 160 milles. Les duos qui ferment la marche méritent d’être salués car ils sont composés d’amateurs qui ne font pas de la course au large leur métier. « On n’est pas trop déçus de ce qu’on fait pour l’instant », expliquent Nicolas Bertho et Romuald Poirat (Kriss-Laure). « C’était difficile de prendre le rythme au départ par rapport aux professionnels. Le cap Finisterre a été compliqué pour nous mais nous sommes depuis bien repartis. » Pour Jérôme Samuel et Nicolas Salet (Erisma – Groupe SODES – Fondation Tara Océan), le bilan est très positif : « L'objectif de cette transat est en priorité de finir, ce qui serait une première pour nous en course, avec si possible quelques pros derrière nous. La magie de cette épreuve est justement de permettre à des amateurs éclairés de se confronter aux meilleurs marins. »

 

Le pointage de 17h00

1 Région Normandie (Alexis Loison / Guillaume Pirouelle)
2 Breizh Cola (Gildas Mahé / Tom Dolan) à 0,3 nm
3 (L’égoiste) - Cantina St Barth (Eric Péron / Miguel Danet) à 1 nm
4  DEVENIR (Violette dorange / Alan Roberts) à 3,9 nm
5 Teamwork (Nils Palmieri / Julien Villion) à 4 nm
6 CYBELE VACANCES TEAM PLAY TO B (Pep Costa / Will Harris) à 4,4 nm
7 Quéguiner - Innovéo (Tanguy Le Turquais / Corentin Douguet) à 5,2 nm
8 Bretagne – CMB Océane (Elodie Bonafous / Corentin Horeau) à 5,4 nm
9 Skipper Macif (Pierre Quiroga / Erwan Le Draoulec) à 6,2 nm
10 Gardons la vue (Martin Le Pape / Yann Eliès) à 7 nm
11 Groupe Gilbert (Fabien Delahaye / Anthony Marchand) à 8,2 nm
12 GUYOT Environnement – Ruban Rose (Pierre Leboucher / Thomas Rouxel) à 9,5 nm
13 Bretagne – CMB Performance (Tom Laperche / Loïs Berrehar) à 10 nm
14 MonAtoutEnergie.fr (Arthur HUBERT / Clément Commagnac) à 23,5 nm
15 RLC Sailing (Estelle Greck / Laurent Givry) à 50,7 nm
16 ERISMA GROUPE SODES – Fondation TARA OCEAN (Jérôme Samuel / Nicolas Salet) à 106 nm
17 INTERACTION (Yannig Livory / Erwan Livory) à 149,3 nm
18 KRISS-LAURE (Nicolas Bertho / Romuald Poirat) à 163,2 nm

Source : Effets Mer