Pierre Le Roy et Tanguy Bouroullec se livrent un beau duel sur la Mini Transat en Proto, Basile Bourgnon et Romain Le Gall jouent des coudes en Série

 

Comme attendu, le front qui a balayé le golfe de Gascogne, la nuit dernière, a généré des vents forts, avec jusqu’à 30 nœuds dans les rafales sur une mer désordonnée. Ces conditions difficiles ont évidemment bien malmené la flotte de la Mini Transat EuroChef. Si de nombreuses petites avaries ont été déplorées, Franck Lauvray est, sans conteste, celui qui a payé le plus lourd tribut de cet épisode musclé. Victime du démâtage de son prototype Alice, le skipper cherche actuellement une solution pour réaliser un gréement de fortune. La course, elle, continue, et la prochaine complication pointe déjà le bout de son nez. Le cap Finisterre, que les premiers devraient déborder la nuit prochaine se présente en effet comme un redoutable passage à niveau !

 

Crédit : V Olivaud

Les skippers le savaient en quittant Les Sables d’Olonne, dimanche dernier : la nuit de mardi à mercredi serait tonique, avec des vents moyens de 27-28 nœuds puis des rafales à 30, sur une mer à la fois formée et croisée. Les prévisions se sont révélées conformes et l’ensemble de la flotte a ainsi été bien secouée. Nombreux sont les concurrents à avoir rapporté quelques bobos. Pelle-mêle : un problème de secteur de barre pour Antoine Bos (825 – Rhino), des soucis de pilote automatique pour Jean Cruse (910 – Ini Mini Myni Mi), Pierre Legendre (994 – AKKA) Lucas Valenza-Troubat (606 - Six Saucisses) ou encore Camille Bertel (900 - Cap Ingelec), une VHF récalcitrante pour Massimo Vatteroni (Kabak), la casse d’une barre de flèche pour Jean-Marie Jézéquel (951 – FondApro) mais aussi d’un balcon avant pour l’Allemand Lennart Burke (943 – Vorpommern). Ce mercredi, certains bataillent toujours pour tenter de résoudre leurs petits pépins. D’autres, moins malchanceux, ont d’ores et déjà trouvé des solutions. La situation reste évidemment nettement plus complexe pour Franck Lauvray (436 – Alice). Rejoint depuis la mi-journée par l’un des sept bateaux accompagnateurs de l’épreuve, l’Orvaltais cherche actuellement à réaliser un gréement de fortune. Il décidera ensuite du port le plus simple à rallier.

 

Des écarts qui ne vont faire que s’accentuer 

Pour les autres, la bagarre se poursuit, et la bonne nouvelle c’est que les conditions se sont franchement améliorées depuis ce matin. Les Ministes cavalent désormais au portant, en direction de la pointe nord-ouest de l’Espagne, propulsés par un flux de nord-ouest allant mollissant, sur un terrain de jeu de moins en moins cabossé. L’enjeu du moment : aller le plus vite possible pour réussir à se faufiler sous l’anticyclone qui se regonfle progressivement, et ainsi éviter de faire piéger dans la molle. A cet exercice, les concurrents les plus à l’ouest bénéficient d’un léger avantage car ils profitent de davantage de pression que leurs adversaires plus à l’est, sachant que le peloton qui restait encore très groupé hier, s’étale désormais sur près de 120 milles en latéral et plus de 130 milles par rapport à la distance au but. Ces écarts vont avoir leur importance dans les prochaines heures car un passage à niveau se dessine clairement à hauteur du cap Finisterre. Un cap que les bateaux de tête devraient déborder en deuxième partie de nuit prochaine, en passant entre la côte et le DST (dispositif de séparation de trafic), avant d’entamer une descente plein gaz vers les Canaries, propulsés par des alizés portugais bien établis, tandis que leurs poursuivants risquent, eux, de voir la porte se refermer. En effet, ceux qui n’auront pas réussi à franchir la fameuse pointe ibérique avant la nuit de jeudi à vendredi, vont se retrouver de nouveau au près.

 

Un cap, deux régimes 

Dans ce contexte, les premiers écarts générés par le passage du front la nuit dernière ne vont faire que s’accentuer car les leaders vont clairement prendre la poudre d’escampette et, en prime, avaler les 950 milles qu’il restera alors à parcourir à vitesse grand V. La preuve, les derniers routages les font arriver à Santa Cruz de La Palma en cinq jours, avec possiblement quatre jours d’avance sur les retardataires. En attendant, les uns et les autres cravachent autant que possible, et la bagarre bat son plein à tous les étages. En tête de meute, chez les Proto, Pierre Le Roy (1019 – TeamWork) et Tanguy Bouroullec (969 – Tollec MP/Pogo) se livrent un beau duel et devancent d’une douzaine de milles Irina Gracheva (800 – Patch) et Fabio Muzzolini (945 – Tartine sans Beurre). Chez les bateaux de Série, Basile Bourgnon (975 – Edenred) et Romain Le Gall (987 – Les Optiministes) jouent des coudes au plus près de la route directe, mais Hugo Dhallenne (979 – YC Saint-Lunaire), décalé d’une petite dizaine de milles dans leur sud, joue, lui aussi, un très beau match avec Alberto Riva (993 – EdiliziAcrobatica) dans son sillage. Julie Simon (963 – Dynamips), plus au nord, reste également parfaitement placée.

 

Source : A Bargat