François Gabart et Tom Laperche devant Franck Cammas et Charles Caudrelier, Thomas Coville troisième : "Nous essayons d’attraper la moindre risée"

 

Il règne un air de roulette russe sur la flotte de la Transat Jacques Vabre alors que tous les concurrents en course se trouvent enlisés dans une dorsale anticyclonique allant de Madère à Dunkerque. A cela s'ajoute, le passage du plateau continental, synonyme de perturbation de vent, qui n’arrange en rien la situation. Toutes les étraves semblent cependant pointer vers le sud, annonçant encore quelques jours de bataille dans le golfe de Gascogne. L’objectif : toucher du vent d’est afin de s’échapper de cette zone. Quel équipage y parviendra en premier ? Telle est la question du jour…

 

Crédit : G Gatefait

Ultime : le temps de la contemplation “Il parait que le vent a disparu de la planète.” 

Ce sont les mots de Thomas Coville, joint à la vacation ce matin. "Nous essayons d’attraper la moindre risée. Nous passons des heures et des heures à scruter l’eau. La moindre risée est tellement précieuse que nous faisons tout pour l’avoir. Quand le bateau avance à 5-6 nœuds, c’est l’émotion pour tout le monde !” poursuit le skipper de Sodebo Ultim 3. En effet, voilà une trentaine d’heures que les cinq géants des mers peinent à avancer dans un vent aux abonnés absents qui joue avec les nerfs des marins. Ils devraient commencer à voir le bout de leur peine dans quelques heures avec du vent d’est et ainsi s’échapper vers la côte espagnole. En attendant, certains choisissent d’apprécier le moment présent, plutôt que de subir l’attente. “Si tu vis le moment présent, il y a plein de très belles choses à voir. Quand il n’y a pas de vent comme cela, soit tu deviens fou, soit tu essayes d’avoir de l’humour et donc tu es un peu fou aussi."

 

Ocean Fifty : en chasseurs dans le golfe de Gascogne 

La dorsale a souri aux chasseurs qui ont pu rattraper les Ultimes hier. Une situation assez atypique quand on connait les différences de performance entre les deux classes de bateau. Koesio fait route seul et s’empare de la première place. Les six autres 50 pieds bataillent en duel. Arkema 4 marque Leyton à l’ouest de la flotte, à bâbord, Les P’tits Doudous et Groupe GCA - 1001 Sourires, et plus à l’est, Solidaires en Peloton - ARSEP et Primonial s’affrontent à un mille de distance. Tout est encore flou pour la flotte. Sébastien Rogues (Primonial), joint ce matin, précisait “nous ne savons pas encore quand la situation s’éclaircira pour les prochains jours, mais j’ai cru comprendre que la météo allait quand même s’améliorer.

 

Imoca : ralentissement demain, le jeu encore ouvert 

 A seulement quarante milles derrière les multicoques, les premiers Imoca sont confrontés à la même problématique. Apivia continue d’ouvrir la voie à ses concurrents. Cependant, mille après mille, l’écart se réduit. Alors que Charlie (Dalin) et Paul (Meilhat) tenaient une avance confortable de 35 milles sur leur dauphin hier soir, les vents très faibles ont permis à l’équipage américain, 11th Hour Racing Team - Mālama, de rattraper le leader. Ce matin, seulement 4 milles séparent les deux 60 pieds. Cette première partie de course est loin d’être un long fleuve tranquille ! En effet, les conditions nécessitent d’être très réactif et d’effectuer beaucoup de manœuvres et à ce jeu, comme le disait Charlie Enright ce matin, “tout le monde peut rattraper tout le monde”. Heureusement, ils devraient sortir de la dorsale d’ici demain matin. En attendant, chacun tente de trouver les meilleures options possibles et de tirer parti de la brise et des courants.

 

Class40 : Au plus près des côtes 

 Les 40 pieds continuent de se bagarrer au plus proche des côtes bretonnes. Dans si peu de vent, il faut jouer avec les courants le long de la côte pour espérer pouvoir avancer. Aucun bateau ne se détache de la flotte pour l’instant et le classement ne cesse d’évoluer. Les équipages sont encore plongés dans les fichiers pour trouver la meilleure porte de sortie. Il faut alors tenter, avancer, parfois reculer, cette course nous ferait presque penser à une étape de Solitaire du Figaro. La Manche #EvidenceNautique, essayait par exemple cette nuit une option nord, Nicolas Jossier, joint ce matin à la vacation, nous explique. “Nous nous sommes posés des questions sur le passage de Ouessant, les fichiers avaient l’air de donner plus de vent, plus de courant, mais c’était moins important que prévu. Nous avons donc dû revenir sur cette décision et faire demi-tour.” Ce ne fut pas sans dommage puisque le duo perd du terrain sur ses concurrents et sort de cette Manche, fatigué mais motivé. “Nous ne dormons pas beaucoup avec les manœuvres qui s'enchaînent et le contact avec les autres bateaux. Nous allons attendre de sortir de la pointe Bretagne où nous pourrons passer sur un autre rythme. Une nouvelle partie de course va commencer !” Avant cela, il faut encore serrer les dents dans ce vent érratique qui les empêche de mettre cap au Sud.

 

Avaries 

Mardi 9 novembre, vers 5H00, le Class40 Randstad-AUSY, skippé par Clara Fortin et Martin Louchart a signalé avoir repris la mer. Le bateau avait dû s'arrêter à Roscoff pour réparer un incident technique sur son système de télécommunication. Tout est de nouveau opérationnel à bord, les skippers ont le moral et entament leur remontada !

 

Classement de 10h00 (heure française) 

Ultime 
1. SVR - Lazartigue (François Gabart - Tom Laperche) 
2. Maxi Edmond de Rothschild (Franck Cammas - Charles Caudrelier) 
3. Sodebo Ultim 3 (Thomas Coville - Thomas Rouxel)
 
Ocean Fifty 
1. Koesio (Erwan Le Roux - Xavier Macaire) 
2. Leyton (Sam Goodschild - Aymeric Chappellier) 
3. Primonial (Sébastien Rogues - Mathieu Souben)
 
Imoca 
1. Charal (Jérémie Beyou - Christopher Pratt) 
2. LinkedOut (Thomas Ruyant - Morgan Lagravière) 
3. 11th Hour Racing Team - Mālama (Charlie Enright - Pascal Bidégorry)
 
Class40 
1. Volvo (Jonas Gerckens - Benoît Hantzperg) 
2. Ocean Rescue (Axel Tréhin - Frédéric Denis) 
3. La Manche #EvidenceNautique (Nicolas Jossier - Alexis Loison)

 Source : TJV