Thomas Ruyant réalise un doublé transatlantique en s'imposant sur la Route du Rhum, "C’était engagé pour arriver en tête"

 

A l’issue d'un duel fascinant face à Charlie Dalin, Thomas Ruyant à bord de LinkedOut, remporte sa deuxième victoire consécutive en IMOCA sur l'Atlantique, avec son sacre ce lundi matin à Pointe-à-Pitre.

 

Crédit : A Courcoux

Thomas Ruyant s’est élancé parmi les favoris mais a dû jouer les seconds rôles derrière le skipper d'APIVIA pendant les neuf premiers jours de course, avant de prendre le dessus sur son rival à un peu plus de 1 000 milles de l'arrivée.
 
Finalement, le Dunkerquois franchit la ligne d'arrivée avec un peu plus de deux heures d'avance sur Charlie Dalin. Une victoire qui fait échos à celle de l’année dernière sur la Transat Jacques Vabre, en double avec Morgan Lagravière, où les deux marins avait devancé Charlie et Paul Meilhat.
 
Thomas Ruyant boucle le parcours du Rhum en un nouveau temps record en IMOCA de 11 jours, 17 heures et 36 minutes, soit 11 heures et deux minutes de moins que le précédent temps établi par François Gabart en 2014.
 
Cette victoire marque non seulement un "doublé" historique pour le skipper de 41 ans, mais aussi sa deuxième victoire de Route du Rhum, après son sacre en 2010 en Class40.
 
Le skipper de LinkedOut est arrivé au petit matin, épuisé par la bataille qu'il a livrée sur cette course, d'abord au près puis au portant, lorsque la situation a tourné en sa faveur.
 
Il dit y avoir toujours cru, même quand APIVIA était loin devant. "Même lorsque Charlie avait presque 100 milles d'avance, je n'ai jamais pensé que c'était mort", déclare-t-il. « C’est dix jours de course dont cinq ou six de portant. Je me suis dit qu’il allait falloir s’arracher et trouver la bonne route pour aller vite."
 
Et c'est exactement ce qu’il a fait, démontrant une fois de plus sa ténacité et sa solidité durant cette traversée où il n'a pratiquement pas dormi et qui avait commencé par une remontée difficile face au vent. À l'arrivée, il était très ému par ce qu’il qualifie comme la plus grande victoire de sa carrière.
 
"Cette victoire est particulière par l'engagement que nous y avons tous mis", résume-t-il. "J’ai du mal à trouver les mots car je suis vraiment cramé. J’ai peu dormi les 36 dernières heures et pas non plus beaucoup sur l’ensemble de la course. C’était engagé pour arriver en tête, il ne fallait pas laisser filer le truc. Je suis tout simplement heureux de gagner cette Route du Rhum-Destination Guadeloupe", annonce-t-il avec un large sourire et la gorge nouée.
 
"Je suis ému bien sûr", confie-t-il. "La Route du Rhum est un monument de la course au large et du sport. Nous avions aussi une Classe IMOCA avec 38 bateaux au départ et de grands marins. Je suis un compétiteur et j’avais vraiment une très grosse envie de gagner et de bien faire car c'était ma dernière course avec ce bateau."
 
Le skipper a clairement rappelé que ce succès est le fruit d'un travail d'équipe. « De l’énergie, j’en ai mis, mais c’est aussi toute une équipe derrière. » poursuit-il. « On passe du temps ensemble avec cette belle équipe. Ils sont fidèles depuis longtemps à suivre mes projets, c’est un vrai sport collectif et là, je marque le but. Je suis impatient de pouvoir partager cela avec eux. »

Le Nordiste confie aussi que la deuxième moitié de la course s'est déroulée comme dans un rêve pour lui, car il a enfoncé le clou sur un bateau super rapide, naviguant avec des angles appuyés au vent arrière. Il a géré les grains et les forces de vent variables dans les alizés sans une erreur et a poussé son niveau d'intensité plus haut dès qu’il le fallait.
 
"J'ai pu aller vite avec le bateau et quand j'ai dépassé Charlie, j'ai senti qu'il passait à un autre niveau, un niveau supérieur, et j'ai donc fait de même. Ce n'était pas facile et je suis heureux d'y être arrivé parce que ce n'est pas un rythme que l'on peut tenir par exemple à l’échelle d’un Vendée Globe - c'est vraiment un sprint", explique-t-il.
 
Heureusement pour lui, Thomas n'a pas été piégé sur les derniers milles autour des côtes de Guadeloupe, mais le skipper admet qu'il était tellement fatigué qu'il commançait à vaciller sur ses jambes quelques heures avant de franchir la ligne.
 
Comme il l’a rappelé, il s'agit donc de sa dernière navigation sur ce plan Guillaume Verdier de 2019 superbement optimisé. En janvier prochain, il prendra possession de son nouvel IMOCA - un plan Koch-Finot Conq - en vue du prochain Vendée Globe. Comme tout le monde, Thomas Ruyant s'est demandé si son nouveau bateau serait plus rapide que l'ancien.
 
"C'est un bateau avec lequel j'ai fait beaucoup de milles, avec lequel j'ai terminé mon premier Vendée Globe, décroché une première victoire avec Morgan Lagravière l'année dernière qui m'a beaucoup apporté, et maintenant une victoire sur la Route du Rhum. C'est magique - je ne sais pas si je veux vraiment le donner à quelqu'un d'autre", ajoute-t-il en riant. "J'espère que le prochain bateau me donnera toute la satisfaction parce que celui-ci est vraiment très fort".
 
Cette victoire est un nouveau succès parmi ceux qui font suite à la déception de Thomas de n'avoir terminé que sixième du dernier Vendée Globe, alors qu'il avait pourtant fait partie du trio de tête pendant la majeure partie de la course. Elle reflète également les améliorations que le skipper de LinkedOut a apportées, notamment au niveau de sa technique au portant, suite à ses navigations avec Morgan l'année dernière.
 
Mais si lui et son équipe se réjouissent de cette victoire, il est clair que leur attention se porte désormais sur le prochain Vendée Globe. Alexandre Fayeulle, le PDG d'Advens, sponsor principal de l'équipe confie à son tour : "Cette victoire est une performance exceptionnelle, immense, de Thomas car le plateau est exceptionnel. Je suis très heureux car Thomas est un marin très talentueux, c'est un champion. C'est une belle double victoire pour nous après la Transat Jacques Vabre l'année dernière et il le mérite - cela le place dans le haut de l’IMOCA. C'est un projet qui va continuer à se développer avec la même volonté de performance et d'impact, avec toujours l'objectif de gagner le Vendée Globe."

 

Source : IMOCA