Record ! Holcim PRB de Kevin Escoffier bat le record des 24h, "Je suis vraiment content pour toute l’équipe"

 

Les bateaux souffrent, les équipages serrent les dents et les caisses à outils sont de sortie… mais les records tombent les uns après les autres depuis 24 heures. Si dimanche 21 mai, le départ de Newport s’est effectué dans des vents légers, la flotte de The Ocean Race a rapidement touché des vents portants, de secteur nord-ouest d’abord, puis de sud-est en avant d’un front typique de l’Atlantique nord. Une météo propice aux records.

Crédit : Y Riou


Plus de 640 milles ces dernières 24 heures soit une moyenne stratosphérique de plus de 26 nœuds lors de cette cinquième étape entre Newport et Aarhus ! Le record mondial de 618 milles détenu par le monocoque Comanche (un plan Verdier VPLP de 30,48 mètres soit 100 pieds) depuis 2015 a été battu dans la nuit de jeudi à vendredi par le Team Holcim-PRB. Dire qu’il y a 30 ans, quand un multicoque Orma de la même taille (18,28 mètres) parvenait à approcher, mais de loin, de telles moyennes sur l’Atlantique (540 milles pour Laurent Bourgnon en 1994), les observateurs les plus avisés n’hésitaient pas à traiter ces marins de fous voire de mutants.

Le record de The Ocean Race battu !

Aujourd’hui, plus personne ne semble vraiment surpris quand ces monocoques de 60 pieds alignent de folles journées. Il est clair que les équipages de The Ocean Race ne sont pas du genre à choquer ! « C’est un bon bateau ! Je suis très content ! Ce n’est pas tous les jours que l’on bat un record comme ça. Je suis vraiment content pour toute l’équipe après ce qui s’est passé sur la quatrième étape. On ne sait pas ce qui se passera après, même si on va tout faire pour gagner cette étape. En tout cas, c’est une belle récompense pour toute l’équipe. » explique Kevin Escoffier vendredi matin.

Le skipper avait raison puisque quelques heures plus tard, le team Holcim-PRB battait successivement le record qu’il détenait déjà depuis la troisième étape (595,2 milles), mais aussi celui de Team AkzoNobel en 2018 sur The Ocean Race (600, 1 milles), et enfin celui de Comanche (618 milles).

Le bruit est tel entre les chocs de la carène et le hurlement des appendices, que l’on pourrait croire que le Team Holcim-PRB tourne une série dans une rame de métro lancée à fond ! 11th Hour Racing Team, qui a conçu un IMOCA spécifiquement pour ce tour du monde en équipage, ne cesse de monter en puissance et imprime un rythme infernal. Ne comptez pas sur Charlie Dalin, « équipier de luxe » sur le plan Verdier, pour se plaindre de la brutalité de ces luges de carbone munies de grands foils, même si, lors d’un choc à près de 29 nœuds hier, le double champion du monde IMOCA a été projeté dans le bateau et victime d’une petite commotion cérébrale...

Bricolage à tous les étages

Quatrième, Biotherm évolue dans un système météo différent de ses concurrents et n’a pas encore passé le centre dépressionnaire. Le dernier IMOCA mis à l’eau quelques semaines avant la Route du Rhum 2022 connaît des problèmes de pilote automatique et a vu le hook de J3, l’une des voiles d’avant utilisée dans la brise, se rompre. Pour l’équipage mené par Paul Meilhat, cette transat semble illustrer la loi de Murphy. Il navigue au près quand ses concurrents filent au largue à pleine vitesse.

Si Team Malizia et 11th Hour Racing Team sont plutôt discrets quant à d’éventuels soucis techniques, il n’est pas difficile d’imaginer que la caisse à outils est à portée de main ! Kevin Escoffier nous en dit plus : « il y a deux jours, un aérien en tête de mât (la girouette anémomètre permettant de connaître avec précision la vitesse et la direction du vent) s’est décroché, entraînant la chute du deuxième. Un système de remplacement a d’abord pu être installé à l’arrière du monocoque avant que Sam Goodchild ne monte au mât hier pour le connecter… Nous n’avions ni la force du vent permettant de choisir la voile optimale, ni la direction du vent (ce qui nous permet d’adapter notre stratégie météo). On a réussi à jouer au feeling, mais ce n’était pas idéal. Nous progressions par rapport à la vitesse et aux sensations sur le bateau. C’est beaucoup moins bien en termes de performance. C’est une conséquence de notre démâtage. Sans information de vent, ces moments-là sont assez compliqués… »

Contournement de l’anticyclone

On dit souvent qu’en course, la vitesse rend intelligent et que les riches deviennent plus riches. On le vérifie actuellement. En contournant l’anticyclone, les trois premiers ont touché des vents de sud puissants soufflant sur une mer relativement plate. Le rythme devrait se calmer ce vendredi avant que le vent ne tourne au nord-ouest. La fin de cette étape « supersonique » pourrait pourtant se jouer à « la loterie » au Danemark, les prévisions météo prévoyant des vents faibles et erratiques après le passage du nord de l’Ecosse. A ce jour, l’ETA est prévue le 29 mai, après une traversée express de huit jours !


L’arrivée à Aarhus distante de 1100 milles pourrait avoir lieu lundi.

Source : TOR