Une 3ème étape longue, riche, fatigante et pleine de surprises attendent les figaristes

Vendredi à 14h00, les 47 marins vont prendre le départ de la troisième et dernière manche de cette 39e Solitaire du Figaro. La plus longue de l’histoire : 825 milles entre Cherbourg-Octeville et l’Aber Wrac’h, via un grand tour en mer d’Irlande. Une étape de tous les superlatifs qui attise des espoirs proportionnels à sa difficulté du morceau…

Au regard de cette ultime confrontation sous forme d’immense parcours banane en mer d’Irlande, les deux premières manches font presque figure d’amuse-gueule. Il reste la moitié des milles à courir et autant de jours à se bagarrer en mer.Cette troisième étape est exceptionnelle à plusieurs titres : c’est la plus longue jamais tracée par les organisateurs de La Solitaire : 825 milles. C’est celle qui emmènera les concurrents le plus au nord, autour de l’Ile de Man, par 54 degrés de latitude, soit presque aussi nord que le cap Horn est sud ! Pour les navigateurs, la première difficulté réside dans la durée de course, soit 5 à 6 jours de mer. A celle-ci s’ajoute les pièges de la navigation côtière, dans un « couloir » délimité par l’Angleterre d’un côté et l’Irlande de l’autre. Un corridor jalonné de caps, de bancs de sables, de courants et soumis bien entendu, au trafic maritime.

Jeanne Grégoire (Banque Populaire, 6e) : « A priori on va avoir beaucoup de changements de voiles à faire sur cette 3e étape, dès le début ça peut enchaîner génois, solent, spi, petit spi, tout va y passer, ça va être un rythme assez intense avec peut être 35 nœuds en sortie de La Manche.. On va débouler, ça va être assez sollicitant et il faudra trouver les moments pour aller dormir. Cette étape est énorme, tellement énorme que le classement général peut encore être bouleversé. Je suis 6e à 20 minutes du 3e, c’est pas mal mais je me méfie car l’an dernier aussi j’étais bien placé et j’avais tout perdu sur la dernière étape. Un autre petit problème est que le 3e s’appelle Erwan T (le surnom d’Erwan Tabarly dans le milieu, ndr) et que vu comme il navigue encore, toujours devant, ça ne va pas être simple de lui reprendre du temps… »


Romain Attanasio, (DCNS 62, 11e à 9h34) :
« On va partir dans 15 nœuds, mais après on aura un front avec une bascule sud-ouest au moment du virage à droite après les Scilly où le vent va monter jusqu’à 30 nœuds, voire plus en basculant sud-ouest… le changement génois/solent va être humide ! A priori c’est du portant, donc on va aller vite jusqu’à l’île de Man, ensuite les modèles météo sont loin tout de même et il faut s’en méfier. Je redécouvre la Solitaire après deux années d’absence et je suis vraiment super content d’être dans le coup. Pour moi entrer dans les dix premiers serait génial… et pour ça je suis à 2 secondes de mon copain Thierry Chabagny ! Le problème c’est que ça pousse derrière aussi et qu’il n’y a que des gros bras dans cette zone du classement. Alors, c’est sûr qu’il va y avoir du jeu, du 2e au 18e quasiment tout est possible. Et on n’est qu’à la moitié du parcours, alors comme on dit : ‘ça repart de là. La distance ne me dérange pas, j’ai plutôt une formation de coureur au large, mais on est forcément un peu tendus car on n’est pas beaucoup à connaître ce fameux canal St George. Il faudra par exemple faire très attention au trafic. »

La météo, elle, promet un début d’étape tonique avec un départ au près dans 15 à 18 nœuds de nord-ouest pour sortir de la Manche, fraîchissant la première nuit autour de 20 à 25 nœuds. Samedi au petit matin, alors que les solitaires devraient ferrailler dans les parages des Scilly (archipel situé à l’ouest de la Cornouaille), ils subiront le plus fort du front avec 35 nœuds dans les rafales. La bonne nouvelle est que ce vent va basculer au sud-ouest. Très vite, les écoutes seront choquées et les spis vont sortir des sacs pour une belle cavalcade de 270 milles en mer d’Irlande, en direction d’une bouée sous le vent de 53 km de long - l’Ile de Man –. Le retour devrait quant à lui s’effectuer au louvoyage pour un finish au portant à l’Aber Wrac’h. Voilà pour le scénario prévu à long terme.

Ronan Treussart (Groupe Céléos, 28e) :
« Au moins, il va y avoir du vent au début et je pense pas trop de surprises, il faudra être rapide et actif, je n’ai aucun complexe à faire dans ces conditions là… et je n’en fais pas ! On va partir dans du ouest-nord-ouest qui va passer ouest puis sud-ouest : aux Scilly on pourra envoyer le spi dans 30 nœuds de vent. Il faudra bien le choisir entre le grand et le petit spi, se dire que la route est longue et ne surtout pas prendre trop tôt le risque de déchirer le grand. En somme, il va falloir naviguer vite et en bon marin, notamment pour éviter les dangers, anticiper le trafic maritime. Pour le retour, on verra bien, il est encore tôt pour en parler. Ce que je sais, c’est que cette étape peut générer de grands écarts, que les meilleurs seront devant et que tout est possible. On est beaucoup à se battre pour les places d’honneur. Cette Solitaire a tout de même été particulière jusqu’ici et je me dis que c’est un peu comme un nouveau départ maintenant, je peux aller jouer dans les dix premiers comme l’an dernier, j’en ai les moyens, je sais que je vais vite dans le vent soutenu, alors il n’y a pas de raison. J’ai mis mon cerveau en éveil, je me dis que c’est une Solitaire bis qui commence ici à Cherbourg et que les 18 bateaux devant moi sont prenables, donc… allons-y, allons-y ! »

Classement général
Source : La Solitaire