Veillée d’armes à bord de Gitana 13

Dans un peu moins de 24 heures, la tempête, qui balaye déjà la pointe Sud-Ouest de l’Afrique, atteindra la côte Est. Parti de Hong-Kong il y 15 jours pour tenter d’accrocher la Route du Thé (Hong-Kong / Londres) à son tableau de chasse, c’est à cette situation que devra faire face le maxi-catamaran aux couleurs du Groupe LCF Rothschild dès demain. Ce samedi matin, Gitana 13 profitait encore d’un flux de nord puissant, soufflant aux alentours de 35 nœuds, pour progresser rapidement vers les côtes sud-africaines, où l’attend son abri.

La tempête qui approche occupe toutes les conversations : « Depuis 48 heures, nous alternons entre un flux de Nord et un flux de Sud, et cette alternance à tendance à lever une mer formée et hachée. La journée d’hier a été vraiment pénible pour l’équipage ; les conditions de mer exécrables et les nombreuses manœuvres ont sérieusement sollicité les organismes. Heureusement, aujourd’hui ca va mieux et les équipiers en profitent pour dormir et recharger les batteries en prévision de la suite peu évidente qui nous attend.»

Dominic Vittet, nous avait prévenu il y a quelques jours de cela : « Nous pourrons fréquemment changer notre fusil d’épaule pour tenter d’aborder au mieux cette tempête ». Et, en effet, Lionel Lemonchois et ses hommes ont une nouvelle fois révisé leurs plans. Après avoir mis le cap un peu plus au Nord, Gitana 13 a infléchi sa route vers Port Elisabeth.
Explication : La côte Sud-Est de l’Afrique du Sud est dépourvue d’abris, et la baie de Port Elisabeth est la seule à proximité du Cap des Aiguilles (cap qui matérialise le passage de l’Océan Indien à l’Océan Atlantique). Pour trouver un nouveau « refuge » digne de ce nom, il faut remonter bien plus au Nord, à la latitude de la ville de Durban. « Nous devrions atteindre Port Elisabeth dans la soirée. L’idée est d’aller se réfugier dans la baie, dont la taille ressemble à peu de choses près à celle de Quiberon, durant le coup de vent. Le mouillage est exclu compte tenu des vents qui vont souffler. Nous devrons donc enchaîner les empannages et les virements tout en essayant de parcourir le moins de route possible. C’est à ce prix, que nous pourrons profiter d’un petit créneau pour tenter de repartir lundi, le 1er septembre » précisait le navigateur embarqué. En effet, pour Lionel Lemonchois et ses neuf hommes d’équipage, l’objectif est clair : A l’arrière de la première tempête se forme déjà une deuxième dépression. Pour espérer se faufiler entre ces deux systèmes et laisser le cap de Bonne Espérance dans leur sillage, il leur faut rester à proximité du Cap des Aiguilles.

A moins de 24 heures du fort coup de vent annoncé, les marins du Gitana Team continuent de préparer leur monture: « Pour l’instant, les quarts fonctionnent toujours normalement mais nous préparons et rangeons la plateforme en prévision des vents annoncés pour la journée de demain – dimanche - et celle de lundi. Nous avons par exemple amarré les gennaker à l’arrière sous les filets » expliquait Dominic Vittet.

A bord du maxi-catamaran armé par le Baron Benjamin de Rothschild, les hommes sont prêts. La perspective d’essuyer un tel coup de vent n’est forcément pas une réjouissance, mais tous savaient qu’elle pourrait faire partie du scénario au passage de Bonne Espérance et ils s’y adaptent.

Source : Gitana Team