Cap Istanbul / Jeanne Grégoire déçue

Fidèle à sa réputation et constante dans ses caprices depuis les premiers bords, la Méditerranée a une fois encore sorti le grand jeu à une flotte qui ne cesse d’invoquer les Dieux de la régularité et ne récolte en retour que leurs sautes d’humeur. Difficile dans de telles conditions d’imposer une hiérarchie pour Jeanne Grégoire et les ténors de la série dont les ambitions sont parfois bouleversées. 13ème en Crête et 16ème au classement général provisoire, la navigatrice de Banque Populaire n’a certes pas les résultats dus à son rang, mais n’en garde pas moins l’allant qui la caractérise.

La voix est fatiguée et la navigatrice avoue peiner à trouver le sommeil. Arrivée cette nuit à Aghios Nikolaos après 540 milles d’une course difficile, remportée par l’autre femme de la course Isabelle Joschke, Jeanne Grégoire dresse un premier bilan de sa première participation à la Cap Istanbul et de la troisième étape intense qu’elle vient de disputer à la barre de Banque Populaire : « Rien n’est évident ici en Méditerranée et les remises en questions sont permanentes tant la météo nous joue des tours. Les résultats sont parfois difficiles à admettre, mais cette épreuve reste faite de belles navigations. Depuis le départ de Nice et particulièrement sur cette étape qui vient de s’achever, nous avons tout eu : du portant, du reaching, du près, de la brise, de la pétole, de la pluie, de la chaleur, de la régate au contact et du solitaire pur. Nous avons terminé cette course en longeant les côtes magnifiques de la Crête. Un vrai spectacle qui fait oublier la fatigue et la déception. Je me suis fait plaisir de bout en bout. Bien évidemment, j’ai eu un coup au moral quand j’ai réalisé que je ne rattraperai pas les premiers et surtout la première, mais j’ai renvoyé le spi et j’ai tout donné pour naviguer à mon niveau et faire une belle fin d’étape ».

Plutôt habituée aux navigations en Atlantique, Jeanne Grégoire tombe parfois dans les pièges méditerranéens, mais garde en elle la charge positive qui lui permet d’apprécier les navigations faites de belles trajectoires et de bagarres acharnées avec ses concurrents. Celle qu’on a vu à meilleure fête sur la dernière Solitaire du Figaro en accrochant une cinquième place au classement général final, accuse parfois la fatigue d’une épreuve menée tambour battant mais reste plus motivée que jamais par cette Cap Istanbul : « C’est vrai que j’aimerai que mes résultats ici soient meilleurs, mais il reste encore deux étapes et c’est loin d’être fini ! Une chose est sûre, c’est que nous autres de l’ouest, n’avons pas beaucoup l’occasion de naviguer dans des coins comme ceux que nous découvrons en ce moment. La météo est certes tout sauf rationnelle et la fatigue de fin de saison se fait sentir chez chacun d’entre nous, mais on a quand même beaucoup de chance de faire ce que l’on fait ! ».

C’est vendredi prochain que sera donné le départ de la quatrième étape de la Cap Istanbul qui mènera la flotte vers la Turquie et Bozcaada. D’ici là, la Crête sera terre d’accueil et de repos pour les concurrents et gageons que Jeanne Grégoire y trouvera l’inspiration pour faire parler la poudre sur les deux derniers actes de l’épreuve.

Source : Banque Populaire