« Ce qui est pris, n’est plus à prendre… » pour le 1er Bizut de la Cap Istanbul

Francois Gabart-Espoir Région Bretagne, 4ème de la 1ère étape de la Cap Istanbul à Cagliari et 1er Bizut au classement actuel.

"Départ de Nice sous le soleil avec du vent… Je m’en sors bien. Je suis en tête au classement du soir.
Je suis content d’être là, à cette position. Même si l’essentiel est d’être devant à l’arrivée et non le premier soir… Tous les milles pris vers le but sont des milles en moins pour la suite. Ce qui est pris n’est plus à prendre…
La première nuit fut incertaine et difficile dans une brise évanescente. La mer est grosse (le mistral souffle fort plus à l’ouest). Je tombe dans une bulle. Les bateaux dans mon Est me doublent mais je garde un petit décalage en longitude pour aller chercher le vent qu’on attend tous : le mistral.
Mistral ? 20-30nds en moyenne sur la journée, parfois plus... Les vagues sont belles. Cela va aller vite ! Configuration : petit spi, génois, gv haute. On est accroché à la barre. Dans ces conditions, il ne faut pas penser au pilote, et barrer, barrer, surfer, surfer… De la glisse à l’état pur. C’est un luxe inouï de pouvoir glisser comme cela pendant toute une journée ! Imaginez une descente en ski, une vague à surfer… mais pendant 20h de suite ! Certes c’est un peu fatiguant (physiquement parlant) mais quel plaisir ! Le bateau est sur l’eau, parfois sous l’eau. Ca fume dans tous les sens. Les vagues balaient le pont. Je m’accroche comme je peux… Et je regarde le speedo s’affoler avec un petit sourire au coin de la bouche… Je sais que je suis dans le bon wagon. Il faut que je navigue propre. Ne rien casser. Glisser jusqu’à l’arrivée.
J’arrive en baie de Cagliari au lever du jour. Je suis 4ème. A quelques minutes du podium. Bellisimo !
La course jusqu’à Istanbul est encore longue. Il y a encore 1000 coups à jouer, 1000 pièges à éviter. Mais dans tous les cas, cette étape restera. Ce qui est pris n’est plus à prendre. "
François

Source : François Gabart