On avait coutume de dire que l'aventure passait par un cap à l'ouest et voilà que l'Orient s'ouvre aux étraves des coureurs du circuit Figaro. Finale du Championnat de France de Course au Large, la course a été acharnée, fertile en rebondissements. Elle a aussi marquée une belle aventure humaine symbolisée par cette petite caravane des préparateurs, des organisateurs et des médias associés dans la même « galère ». Une chose est d'ores et déjà certaine : cette troisième édition a définitivement consacré les lettres de noblesse de la course au sein d'un calendrier pour le moins exigeant. Retour sur un parcours en cinq étapes entre Nice et Istanbul, en passant par Cagliari (Sardaigne), Marzamemi (Sicile), Agios Nikolaos (Crète) et Bozcaada (Turquie)…
Nice-Cagliari : sprint sous spi
La première étape menait les concurrents de Nice à Cagliari au sud de la Sardaigne. Commencée sur un tempo moderato, elle s'est vite transformée après vingt heures de course en une folle cavalcade au large des côtes de Corse et de Sardaigne. Sous spinnaker par trente à trente-cinq nœuds de vent, les concurrents de la « Capitale Européenne de la Culture – Cap Istanbul » ont avalé les milles avec gourmandise. Pointé à tête à l'issue de la première nuit de course Paul Meilhat (TS Régate-Créteil Val de Marne) confirmait tout le bien qu'on pouvait penser de lui, tandis que les gros bras de la course commençaient à sortir du bois. Eric Drouglazet (Luisina), bien campé sur une option ouest, emportait la mise devant un groupe de furieux emmenés sur la route directe par Nicolas Bérenger (Koné Elevators), déjà présent aux avant-postes.
Cagliari-Marzamemi : sauvetage heureux
On retiendra deux choses de cette deuxième étape. En premier lieu, c'est bien évidemment l'incroyable sauvetage de Christophe Bouvet (Sirma), récupéré de nuit plus de quatre heures après avoir été éjecté par-dessus bord de son voilier. Et le sauveteur est... Paul Meilhat (TS Régate-Créteil Val de Marne) qui, décidément, se sera rapidement forgé des souvenirs pour sa première participation à une course du circuit Figaro. Mais plus que l'anecdote, c'est la solidarité unanime des coureurs et le professionnalisme de tous, coureurs et organisateurs qui a permis de retrouver Christophe vivant. Autre belle surprise, la victoire d'Antonio Pedro da Cruz qui après plusieurs années sur le circuit Figaro qui signe là une authentique performance au prix d'une option audacieuse.
Marzamemi-Aghios Nikolaos : la victoire au féminin
La plus longue étape de la course, un parcours hauturier de tous les dangers, long de 540 milles (1000 km) entre la Sicile et la Crète. À peine ont-ils rejoint la mer Ionienne qui sépare l'Italie de la Grèce que les 28 solitaires engagés ont rompu les rangs pour s'étaler en latitude : deux groupes se sont formés. D'un côté, un groupe aux abords de la route directe et de l'autre, 50 milles plus bas les plus opportunistes qui ont vu et cru en des vents portants plus établis. Une dépression orageuse malmène ensuit la flotte sommée de courber l'échine au louvoyage dans une mer Ionienne dans tous ses états. Isabelle Joschke (Synergie) aux commandes de la flotte depuis déjà plus de 24 heures, s'offre les honneurs d'un passage en tête à la porte d'Antikythira au nord-ouest de la Crète. Elle s'offre la victoire dans la nuit. Elle devient la première femme à signer un tel succès, une victoire d'étape, sur le circuit Figaro réputé pour forger les meilleurs talents solitaires. Elle réalise là un sans faute et décroche une victoire qui fera des vagues...
Aghios Nikolaos-Bozcaada : des arrivées serrées
Initialement prévu le vendredi 3 octobre à 11h00, le départ de la 4ème étape a été reporté une au samedi 4 octobre à 16h00. Un skipper manque à l'appel : Eric Drouglazet qui s'est blessé lors d'une mauvaise chute en scooter. La flotte n'a pas tardé à rejoindre les Cyclades. Au petit matin du dimanche 5 octobre, en chef de file, Erwan Tabarly (Athema) ouvre la marche entre Karos et Amorgos. Les écarts sont infimes et seuls 10 milles séparent le premier du dernier. Détaché, aux avant-postes depuis la sortie de la baie d'Aghios Nikolaos Erwan Tabarly tamponne ensuite dans une bulle sans vent entre les îles Psara et Chios. Malgré les caprices du vent et le regroupement de la flotte, il tient bon et l'emporte de justesse. 63 secondes le séparent de Gildas Morvan, 2ème sur Cercle Vert, suivi de son côté par François Gabart (Espoir Région Bretagne) qui complète le podium.
Gallipoli-Istanbul : le Bosphore accueille ses vainqueurs
C'est l'étape de tous les enjeux, celle qui doit désigner le vainqueur final de cette transméditerranéenne en solitaire. Après un convoyage de 60 milles au moteur à travers les Dardanelles et un répit dans la compétition apprécié de tous, la flotte rejoint la zone de départ de cette 5ème étape à 5 milles dans l'est de Gallipoli. Parée pour la conquête d'Istanbul ! Dans un léger flux d'est-nord est de 6-7 noeuds, les 27 solitaires reprennent le fil de la régate. Devant les étraves : un peu plus de 100 milles à travers la mer de Marmara au louvoyage sur une mer courte, hachée avec des creux de 1,5-2 mètres. Pour autant, la compétition bat toujours son plein augurant un final grandiose : la flotte très groupée progresse en rangs très serrés et bien malin qui peut prédire qui s'adjugera les honneurs de ce final âprement disputé. On connaît la suite : Thierry Chabagny (Suzuki Automobiles) s'offre la primeur et les honneurs du Bosphore. Nicolas Bérenger (Koné Elevators) arrache la victoire au général. Gildas Morvan (Cercle Vert) et François Gabart (Espoir Région Bretagne) complètent le podium...
Classement général Provisoire : ici
Source : Cap Istanbul