Figaro / 3ème de la Cap Istanbul, François Gabart n'en revient toujours pas


"Incroyable Istanbul…

Retour en avion d’Istanbul (dimanche 12 octobre). Je suis dans les nuages, au sens propre comme au sens figuré…
Dans quelques heures je vais atterrir en France mais il va certainement me falloir encore quelques semaines pour redescendre sur terre…

Je (re)regarde les photos de la remise des prix. Le podium : Nicolas Bérenger, tout simplement le meilleur sur ce parcours méditerranéen qu’il affectionne particulièrement ; puis Gildas Morvan, LE Champion de France de Course au Large en Solitaire, auteur d’une saison remarquable, toujours aux avant-postes…. Et enfin un petit blond avec le sourire… C’est moi ! Je n’en reviens pas. Toujours pas…

Petit retour en arrière : mercredi, fin d’après-midi, départ de l’ultime et dernière étape à la sortie du Détroit des Dardanelles. Il reste 110Mn pour rejoindre Istanbul, un sprint à l’échelle de la course. Je suis 3ème au général. Le vent est faible, pile dans l’axe. Il va falloir tirer des bords. Les choses ne vont pas être simples. Comme à son habitude depuis notre départ de Nice, le vent va nous jouer des tours toute la nuit : un coup dans un sens, puis dans l’autre… Tout cela au milieu des cargos qui défilent en permanence… Sur l’eau, il y a des lumières partout : impossible de contrôler mes adversaires directs. Je tire mes bords, on fera les comptes demain matin. Le soleil se lève : tout va bien, mes 2 plus proches poursuivants au général sont à vue, sous le vent. Par contre Thierry Chabagny est décalé au vent, et a pris une sacrée longueur d’avance… Ca défile dans ma tête : Combien d’avance au général avais-je sur lui ? Est-ce que je dois aller attaquer à terre ? Continuer à contrôler mes adversaires sous le vent ? Attaquer la 2ème place de Gildas Morvan ?

Je contrôle. Contrôle trop. J’en oublie le vent et tire des bords à l’envers. Mon avance fond comme de la neige sous un soleil turc. Je me résonne : « oublie les autres, fais tes bords, va à Istanbul, le plus vite possible, on verra bien ! »

La terre se dessine à l’horizon. Istanbul : ses minarets, ses mosquées, les cargos à l’entrée du Bosphore. Cela sent bon l’arrivée. J’entends à la VHF les heures d’arrivée des premiers. Cela devrait le faire pour le podium… Je coupe la ligne, je regarde ma montre : c’est bon! Cela n’a pas été facile, non, loin de là, il a fallu se battre pour aller le chercher celui-là, mais quel bonheur !
La saison Figaro est maintenant finie. Le bateau rentre en cargo. Je vais prendre du repos, naviguer sur d’autres bateaux (Rolex Middle Sea Race sur le 52’ Bostik de Charles Caudrelier la semaine prochaine). Puis ce sera la préparation de la saison 2009…

François"

Source : François Gabart