L'expression dans la langue de Shakespeare au diapason de l'actualité Américaine du jour, est de Jean-Yves Bernot, routeur navigateur de Francis Joyon et du maxi trimaran IDEC, jamais avare d'un bon mot pour résumer la situation présente. Avec plus de 550 milles parcourus ces dernières 24 heures, et la perspective d'aligner aujourd'hui le même niveau de performance, Joyon semble plus que jamais en position de gagner son pari.
Las! Un "marasme" dépressionnaire est étalé paresseusement sur tout le périmètre de la zone d'arrivée à San Salvador, et lorsque le multicoque géant commencera demain à ralentir, le plus tard possible espère-t'on, les milles (200? 300?) qu'il restera alors à parcourir seront douloureux, chers et fort longs...
Avec 280 milles d'avance en ce milieu de journée de mardi, et une échéance fixée à vendredi prochain 7 novembre vers 18 heures (françaises) pour détrôner Thomas Coville, la logique mathématique semble jouer en faveur du marin de Locmariaquer. Mais une telle logique prévaut rarement en sport de voile. IDEC est un voilier conçu pour affronter la brise. Piégé dans les petits airs, ses 11 tonnes peinent à se détacher de l'élément liquide. Francis le sollicite pour l'heure au maximum avec la pugnacité et la force qui le caractérisent. Un final haletant se dessine. Vendredi sera pour Joyon un autre "D Day"....
"Francis est entré hier dans l'alizé" explique Jean-Yves Bernot, "Nous avons bien géré l'empannage de ce matin et IDEC oriente de plus en plus ses étraves cap au Sud Ouest. il devrait conserver une bonne vitesse jusqu'à demain mercredi en milieu de journée.... après, cela se gâte." C'est là résumer tout le final qui attend Francis Joyon. La Route de la Découverte qu'il vient d'ouvrir fera-t'elle ou non référence dans les années à venir? Délaissant après les Canaries la route sud "traditionnelle" pour cause d'absence d'alizés, IDEC est allé batailler avec les pièges de l'anticyclone des Açores pour gagner dans l'ouest avec de la vitesse. Sa route l'a mené loin dans le nord, à la latitude des Bermudes. Il a découvert ensuite et un peu à ses dépends l'écart qui existe entre les prévisions météos les plus sophistiquées et la réalité des système d'Atlantique Nord. En a résulté de longues, trop longues heures à toute petite allure, que Francis a su ensuite effacer grâce à son incomparable capacité à aller vite longtemps. Il retrouve depuis hier un régime de vent d'ouest qu'il négocie "au millimètre" à coups d'empannages parfaitement synchronisés, et en mettant tout son talent à la barre pour descendre dans le vent avec du cap et de la vitesse. "Cette course aura de toutes façons été passionnante" explique calmement Francis, "car elle nous confronte à des enchaînements de systèmes auxquels nous ne sommes pas habitués."
Le 8ème jour de course se lève pour Francis Joyon en route vers les Amériques. Tous les paris restent ouverts, toutes les issues envisageables. Demain est un autre jour.
L'Audio du jour
Source : Idec