Transat BPE / Alizé y es-tu, alizé que fais-tu ?

Après une semaine de course, et alors que Madère est désormais loin dans son tableau arrière, Armel Tripon a entamé la grande traversée de l’Atlantique. Des vents portants et du soleil, il ne manque rien pour faire le bonheur du skipper de Gedimat qui reste confiant dans son positionnement et s’efforce de ne rien céder dans la quête de l’alizé. En 10è position, il trace toujours son sillage avec la même détermination et pointe désormais dans les quartiers les plus sud de la flotte de la Transat BPE Belle-Ile-en-Mer/Marie Galante…


« On a 18-25 nœuds en permanence. Ce matin, j’ai même eu 35 nœuds pendant trois heures. Autant dire que je ne pouvais pas lâcher la barre, c’était surfing party à bord de Gedimat ! », confie ce matin Armel Tripon. Les jours se suivent et ne se ressemblent pas à bord de Gedimat et son skipper ne boude pas son plaisir d’avoir retrouvé l’immensité des grands espaces océaniques. « Ca va vite, mais il ne faut pas s’y méprendre : même si les vents qui nous propulsent ont la couleur et la saveur de l’alizé, ce ne sont pas les alizés. Le flux paraît s’installer plus au sud, en dessous du 25è Nord… Sans compter qu’il y a une molle, une espèce de front froid qui se profile à l’horizon des deux jours à venir et il s’agit de l’éviter. Pour moi, il est clair que plus tu es au sud, plus tu trouveras de pression… »

Positionnement, éparpillement
Voilà pour le décor météorologique et personne ne s’étonne donc de voir l’étrave de Gedimat piquer vers le bas, quitte à perdre des milles et du terrain face à ses concurrents éparpillés sur le plan d’eau. Ce lundi, Armel Tripon progresse en 10è position et accuse 130 milles de retard sur la tête de flotte occupée ce matin par Gérald Veniard (Macif), qui campe toujours sur une position plutôt médiane. Une guerre de positionnement est bel et bien déclarée entre les partisans de l’Ouest, à l’image d’Adrien Hardy (Agir Recouvrement) et des ardents défenseurs du Sud comme Armel ou encore Erwan Tabarly (Athema). Plus de 200 milles séparent désormais en latitude ces deux extrêmes.

Rythme océanique et pied marin
Il reste que pour l’heure la route du Sud n’a rien de celle des vacances même en ce week-end Pascal. Armel s’applique néanmoins à suivre le rythme océanique qui sied si bien à son pied marin. Il se partage entre de nombreuses heures vissé à la barre, celles consacrées à la navigation sur les fichiers météo et les quelques autres dédiées à la vie en solitaire. « Je ne vois pas le temps passer et je trouve un vrai plaisir à être en mer. J’essaye de dormir en début de nuit quand il fait vraiment noir et qu’il devient très difficile de barrer, précise Armel. Les grains et les variations du vent qui s’en suivent interviennent plutôt en fin de nuit : là je suis toujours sur le pont prêt à la manœuvre… cela reste toujours chaud d’empanner dans 25 nœuds et mieux vaut avoir l’esprit clair pour ne pas tenter le diable d’une figure de style comme j’ai pu y goûter la semaine dernière. Les conditions sont très agréables mais néanmoins très exigeantes. Il faut rester vigilant et concentré… »
Et d’ajouter : «L’objectif est vraiment de se positionner en vue de la prochaine échéance météo. Je pense que d’ici deux jours, il risque d’y avoir du jeu et quelques retournements de situation avec l’arrivée de la molle. Rien n’est fait et l’incertitude l’emporte… »
Source : Gédimat