La Solitaire du Figaro / Naviguer sur les vagues du plaisir...

Ce qui pouvait sembler inimaginable il y a six mois encore, Yann Eliès va le réaliser - et le vivre surtout ! - demain jeudi 30 juillet quand, il va couper dans la rade de Lorient, la ligne de départ de la 40è Solitaire du Figaro. De retour sur la course de ses plus grandes émotions, il s'apprête à goûter aux grands frissons de la compétition au meilleur niveau après de longs mois de rééducation suite à son grave accident sur le dernier Vendée Globe. La victoire est déjà là, au départ : compter parmi les nombreux favoris après deux succès sur des courses préparatoires. Une deuxième - celle qui doit lui procurer l'immense et indicible plaisir de ferrailler aux avant-postes de cette épreuve de légende - pourrait lui tendre les bras. Elle est à portée d'étrave de son monotype aux couleurs de son fidèle partenaire Generali, aux côtés duquel il a vécu des histoires de mer qui transforment un régatier en marin et un jeune homme en compétiteur acharné animé d'une combativité hors du commun...



© B.STICHELBAUT/SEA&CO

Hier, vous avez disputé le prologue qui confirme que les favoris sont bien au rendez-vous. Qu’en pensez-vous ?
« Je termine 25è, mais j’attache peu d’importance à ce résultat sur ce petit parcours. J’ai pris un bon départ, ce qui est plutôt encourageant et j’ai réussi à m’énerver un peu après avoir bien tricoté à l’envers et fait des bords de brasse coulée ! Il me faut encore un peu de distance et du temps pour retrouver mes marques et tous mes réflexes de solitaire à bord du bateau. Dès que j’ai de l’eau à courir devant l’étrave, je le sais, je rentre plus facilement dedans. »

À la veille du départ d’une Solitaire particulière dans votre parcours, quelle impression l’emporte : pression ou excitation ?
« Excitation, sans aucun doute. Bien sûr un peu plus de pression se fait sentir à mesure que le départ se rapproche. Mais à dire vrai, je la ressens dès que je ne navigue pas. Je n’ai donc qu’une hâte : couper la ligne, passer la bouée de dégagement et vivre pour de bon, sur l’eau, les premiers moments de la première étape de cette Solitaire ! »

Justement cette première étape entre Lorient et la Corogne, comment l’abordez-vous ?
« Longue de 345 milles, c’est la plus courte. Mais, attention danger : l’an dernier, sur le même schéma d’étape, Nicolas Troussel a remporté l’épreuve en creusant de gros écarts. Première nuit de pétole, de l’air au près dans le golfe de Gascogne qui peut remuer un peu, risque de petit temps à l’arrivée : sur le papier et au regard des dernières évolutions météo, tous les ingrédients sont réunis pour une étape piégeuse à plus d’un titre. Méfiance et vigilance, donc. »
Une appréhension avant le grand départ ?
" Ma plus grande inconnue reste mon niveau de résistance physique pour enchaîner les quatre étapes. Mais, je peux compter sur la présence à mes côtés d’Yves Lambert, médecin-préparateur physique qui me suit depuis de longues années. Il connaît mon parcours et il connaît le bonhomme également. Il sera présent aux escales pour faire un état des lieux aux arrivées, il me conseillera sur la manière de bien récupérer en vue de chaque départ. Il sera précieux… »

Pour vous, la victoire est déjà là, au départ. Que peut-on vous souhaiter ?
« Je ne suis surtout pas là pour me faire mal. Mon plus gros challenge reste de naviguer sans me mettre trop de pression, de revivre les émotions qui font la magie de cette course. Si je trouve un plaisir renouvelé à chaque étape, alors j’aurai sans doute remporté ma plus belle victoire… »

Source : Generali