© Stéphanie Gaspari
Appart City est reparti...
Première nuit de mer… Pour entamer sa transhumance vers les Açores, la flotte se doit d'emprunter des chemins de traverse escarpés. Allures de près, gîte prononcée, et la carène qui cogne derrière chaque vague franchie. Ceux qui rêvaient de longues glissades bienheureuses vers les côtes espagnoles en sont actuellement pour leur frais. Si le près reste l'allure favorite des tacticiens, en navigation océanique c'est plutôt une sorte de purgatoire, une litanie monotone où il faut trouver le bon rythme à la barre, arriver à maintenir toutes les fonctions vitales essentielles dans une position pour le moins hétérodoxe pour un terrien. Faire à manger devient un petit exploit ménager comme du reste se reposer. Dans ces conditions, les classements sont autant de baume au cœur ou de coups de canifs dans le moral des navigateurs. Que l'on ait remonté des places et l'on trouverait presque des vertus à cette navigation sur la tranche à chevaucher les murs. Karine Fauconnier (Telecom Italia) en était la démonstration évidente à la vacation de ce jour : timbre de voix clair presqu'enjoué, sérénité, la jeune femme ne pouvait que se réjouir de voir leur duo revenu aux commandes. Même Wilfrid Clerton (CG Mer) semblait trouver du charme à ce début de course malgré un léger mal de mer. D'autres s'en remettaient à un fatalisme prudent tel Benoît Parnaudeau (Entreprendre en coopérative) qui reconnaissait s'être laissé emporter sur la route du sud plus qu'à son gré… Une réparation de spi impérative et le temps pour son équipier Jean Sausset de se familiariser avec le comportement du bateau expliquant cela. Pour d'autres encore, les bords de près riment avec bricolage : Didier Le Vourc'h et Gérald Bibot (ZED 4), après un départ tonitruant ont dû cette nuit batailler contre une fuite d'eau qui a envahi le coqueron avant du bateau… Avec les conséquences idoines : outils de télécommunication en partie noyés, démontage des pièces atteintes et remontage. Autant demander à une couturière de broder au point de croix dans le manège du Grand Huit.
Cuillère d'argent, cuillère de bois
Dans cette descente vers le soleil, les concurrents se doivent de faire leur choix. Faire route au sud-ouest ne permet pas, pour l'heure, de doubler la pointe de l'Espagne. Mais, c'est comme disent les navigateurs le bord rapprochant, celui qui est le plus proche de la route directe. De l'autre bord, on remonte vers le nord-ouest, presque à 90° de la route. C'est un bord qui coûte cher psychologiquement : en partant à presque 90° de la route, on s'écroule provisoirement dans les classements. Et si l'on peut espérer toucher plus tôt la bascule au nord-ouest, il faut juste prévoir la vitesse de la rotation. Qu'elle soit lente et les hommes du nord vont retrouver des couleurs : ayant anticipé la bascule du vent, il navigueront ensuite, après avoir reviré de bord, sur un bord nettement plus favorable. Qu'elle soit rapide et brutale et le petit groupe qui aura choisi de rester proche de la route directe pourra espérer passer sur le même bord en infléchissant sa route avant l'obstacle. En jargon de régatier, on parle ici de cuillère… Cette navigation sur le fil comporte sa part de risque : mais qu'elle aboutisse et l'avantage matériel et psychologique est énorme. A voir, comment la flotte tricote, une maille à l'endroit, une maille à l'envers, il apparaît une évidence : la météorologie n'est définitivement pas une science exacte. Les modèles les plus élaborés ont encore leur part d'incertitude : Yvan Noblet et Damien Guillou (Appart City) partis en chasse après avoir dû rentrer au Sables d'Olonne pour réparer son tangon brisé en savent quelque chose. Pointé à 27 milles des leaders de la course, ils ont encore toutes les raisons d'espérer.
Source : PFB / Les Sables - Horta - Les Sables
Première nuit de mer… Pour entamer sa transhumance vers les Açores, la flotte se doit d'emprunter des chemins de traverse escarpés. Allures de près, gîte prononcée, et la carène qui cogne derrière chaque vague franchie. Ceux qui rêvaient de longues glissades bienheureuses vers les côtes espagnoles en sont actuellement pour leur frais. Si le près reste l'allure favorite des tacticiens, en navigation océanique c'est plutôt une sorte de purgatoire, une litanie monotone où il faut trouver le bon rythme à la barre, arriver à maintenir toutes les fonctions vitales essentielles dans une position pour le moins hétérodoxe pour un terrien. Faire à manger devient un petit exploit ménager comme du reste se reposer. Dans ces conditions, les classements sont autant de baume au cœur ou de coups de canifs dans le moral des navigateurs. Que l'on ait remonté des places et l'on trouverait presque des vertus à cette navigation sur la tranche à chevaucher les murs. Karine Fauconnier (Telecom Italia) en était la démonstration évidente à la vacation de ce jour : timbre de voix clair presqu'enjoué, sérénité, la jeune femme ne pouvait que se réjouir de voir leur duo revenu aux commandes. Même Wilfrid Clerton (CG Mer) semblait trouver du charme à ce début de course malgré un léger mal de mer. D'autres s'en remettaient à un fatalisme prudent tel Benoît Parnaudeau (Entreprendre en coopérative) qui reconnaissait s'être laissé emporter sur la route du sud plus qu'à son gré… Une réparation de spi impérative et le temps pour son équipier Jean Sausset de se familiariser avec le comportement du bateau expliquant cela. Pour d'autres encore, les bords de près riment avec bricolage : Didier Le Vourc'h et Gérald Bibot (ZED 4), après un départ tonitruant ont dû cette nuit batailler contre une fuite d'eau qui a envahi le coqueron avant du bateau… Avec les conséquences idoines : outils de télécommunication en partie noyés, démontage des pièces atteintes et remontage. Autant demander à une couturière de broder au point de croix dans le manège du Grand Huit.
Cuillère d'argent, cuillère de bois
Dans cette descente vers le soleil, les concurrents se doivent de faire leur choix. Faire route au sud-ouest ne permet pas, pour l'heure, de doubler la pointe de l'Espagne. Mais, c'est comme disent les navigateurs le bord rapprochant, celui qui est le plus proche de la route directe. De l'autre bord, on remonte vers le nord-ouest, presque à 90° de la route. C'est un bord qui coûte cher psychologiquement : en partant à presque 90° de la route, on s'écroule provisoirement dans les classements. Et si l'on peut espérer toucher plus tôt la bascule au nord-ouest, il faut juste prévoir la vitesse de la rotation. Qu'elle soit lente et les hommes du nord vont retrouver des couleurs : ayant anticipé la bascule du vent, il navigueront ensuite, après avoir reviré de bord, sur un bord nettement plus favorable. Qu'elle soit rapide et brutale et le petit groupe qui aura choisi de rester proche de la route directe pourra espérer passer sur le même bord en infléchissant sa route avant l'obstacle. En jargon de régatier, on parle ici de cuillère… Cette navigation sur le fil comporte sa part de risque : mais qu'elle aboutisse et l'avantage matériel et psychologique est énorme. A voir, comment la flotte tricote, une maille à l'endroit, une maille à l'envers, il apparaît une évidence : la météorologie n'est définitivement pas une science exacte. Les modèles les plus élaborés ont encore leur part d'incertitude : Yvan Noblet et Damien Guillou (Appart City) partis en chasse après avoir dû rentrer au Sables d'Olonne pour réparer son tangon brisé en savent quelque chose. Pointé à 27 milles des leaders de la course, ils ont encore toutes les raisons d'espérer.
Source : PFB / Les Sables - Horta - Les Sables