Les Sables - Horta - Les Sables / Un golfe, pas si clair

La tête de flotte abordera ce soir les abords du golfe de Gascogne à l'heure où le vent devrait être le plus fort. Des conditions pas forcément idéales qui expliquent en partie le large tour donné à la pointe nord-ouest de l'Espagne par les bateaux de tête. Tous ceux qui ont fréquenté les parages du cap Finisterre par mauvais temps savent à quel point la mer peut vite y devenir méchante. Le peloton de queue enregistre déjà des vitesses significatives, signe que le front est déjà sur eux, quand, en tête de flotte, on se prépare.

©Stéphanie Gaspari
250 milles séparent maintenant les derniers concurrents de Horta – Les Sables de la tête de flotte, soit une très grosse journée de navigation, à plus de dix nœuds de moyenne. Dans le régime perturbé qui affecte le proche Atlantique, les fronts arrivant de l’ouest, touchent en premier les attardés avant de balayer toute la flotte. D’où un effet d’accordéon classique : des écarts qui se resserrent, des interrogations sur les vitesses comparées des leaders et de leurs poursuivants, jusqu’à ce que l’effet s’inverse. Et que la hiérarchie, un instant vacillante, se confirme.

Les vertus de l’expérience

Au fil des milles, on retrouve sans surprise tous les cadors de la Class 40 pointant aux avant-postes. On ne parle pas des extra-terrestres de Telecom Italia dont chacun se demande comment les faire descendre de leur nuage. Mais derrière, on voit poindre le bout de l’étrave des hommes d’expérience qui, non contents de savoir faire marcher un bateau, ont l’habitude de décoder les informations météorologiques, de les retraduire en terme de placement sur l’eau, de gestion de la machine comme de l’équipage. Ainsi Halvard Mabire et Christophe Coatnoan (Groupe Partouche), handicapés au départ par le bris de leur drisse de grand-voile, démontrent-ils qu’ils tirent le meilleur parti de leur JPK 40. Dans leur sillage, on retrouve Yvan Noblet et Damien Guillou (Appart City), tout aussi incisifs. De même Wilfrid Clerton et Loïc Lehelley, (CG Mer) à force de navigation rigoureuse, ont-ils pu creuser un écart d’une dizaine de milles sur le troisième. Sans garantir quoi que ce soit en terme de résultat, compte tenu de la distance restant à parcourir, la progression régulière des deux hommes est pour eux un joli motif de satisfaction et un aiguillon supplémentaire pour continuer de grappiller quelques milles sur la route.
A rebours, en queue de flotte, plusieurs navigateurs conviennent que, de petites erreurs stratégiques en choix de navigation hésitants, ils ont fini par concéder du terrain. Comme toujours en course au large, c’est au bout du compte, celui qui a fait le moins d’erreurs qui finit par l’emporter. Et dans ce domaine, l’accumulation de situations vécues, la capacité de faire la part des choses entre modèle théorique et réalité du terrain ne s’improvise ni ne s’apprend dans les livres… La traversée du golfe de Gascogne risque de le démontrer à nouveau : derrière le bref coup de vent qui devrait cueillir la flotte ce soir, les modèles montrent des régimes de vents faibles et instables. Là encore, il va falloir être malin comme un Italien.

Source : PFB / Les Sables - Horta - Les Sables