Records / Sodeb'O rentre sans record

Partis de New York samedi dernier, Thomas Coville, Thierry Douillard et Antoine Bourel poursuivent leur convoyage retour vers les côtes bretonnes. Au portant, poussé par un vent d'Ouest d'une vingtaine de nœuds, le trimaran glisse sagement vers son port d'attache.

Logiquement moins « bavard » en convoyage qu’en record, le skipper nous offre néanmoins quelques belles lignes, quelques pensées d’un Thomas, certes déçu de ne pas avoir pu se mesurer seul face à cet Atlantique qu’il connaît si bien, mais pourtant jamais lassé de cette vie choisie. "Mister" Coville a décidé d'être marin et distille sa passion au fil des années avec la même intensité.



« J'avais besoin de me retrouver en mer pour me ressourcer, » confie-t-il. « Ces périodes de stand-by sont un véritable épuisement psychologique. J'y ai cru jusqu'au bout. Je ne voulais pas rentrer. Le cyclone qui nous suit ne nous laissait plus d'espoir ! » En effet, jusqu’à la dernière minute, Thomas imaginait traverser en solitaire afin de s’attaquer à son propre record de la distance parcourue en 24 heures en solitaire que le skipper de Sodeb’O a poussé à 628 milles l’hiver dernier, durant son tour du monde. Mais au final, les conditions météo n’étaient pas réunies pour une telle tentative. Le skipper s’est donc résigné à rentrer en équipage.

Thierry Douillard et Antoine Bourel, deux amis, deux complices de Thomas, l’accompagnent ainsi dans ce voyage retour. « Je suis avec des personnes d'une rare sensibilité où tout se lit sans se dire, dans le sens marin comme dans le rapport à l'autre, » écrit le skipper qui souligne aussi : « Cette magie de partager l'intime et la subtilité des instants simples dans ce cadre unique. Leur amitié me touche et m'apaise. Je voulais rentrer seul et, aujourd’hui, je suis content qu'ils soient là. »

Et lorsqu'il parle de l’Atlantique, les mots coulent aussi sans retenue : « C'est un Océan qui m'est familier maintenant. J'aime de part et d'autre, ses côtes et ses destinations. J'aime ses transitions. J'aime son caractère. Je connais assez bien ses humeurs et ses caprices. Je vis avec lui toute l'année. Je regarde vers l'Océan tous les jours et je rêve de lui sans jamais m'en lasser. Les autres océans sont plus des rencontres ou de vieilles connaissances mais pas comme cet Atlantique qui m'est proche. Je connais jusqu'aux noms des sondes de certaines parties de la carte. J'attendais de le retrouver et de me livrer ; qu'il me dise si j'avais progressé et si je pouvais continuer, comme si c'était à chaque fois une tape dans le dos ou un regard approbateur pour la suite. »

« Cette attente m'a mis dans un état de manque et d'envie qui me plait. Je revis comme l'époque de Primagaz où on voulait en découdre tout le temps, tout de suite et de tout ! Pourtant je ne suis plus si jeune !… » conclue-t-il

Sodeb’O devrait faire son entrée dans la baie de Quiberon et le port la Trinité sur Mer en fin de week-end.

Source : Sodeb'O