La Solidaire du Chocolat / Un départ à 17h30 demain pour les class40

La première semaine de course s'annonce agitée et décisive ! Car une fois avalé l'estuaire de la Loire, le golfe de Gascogne va s'animer puis devenir musclé : les vingt-quatre duos devront dès les premiers milles se positionner pour aborder une dépression et ce choix de route risque fort de déterminer l'option stratégique jusqu'aux Antilles. À Saint-Nazaire, les deux ambassadeurs de la Solidaire du Chocolat étaient présents sur des quais en pleine effervescence...

Sophie Davant et Laurent Bignolas, marraine et parrain de la première édition de la Solidaire du Chocolat ont rejoint le Grand Choc’ sur les quais de Saint-Nazaire où le public était venu en nombre saluer les quarante-huit marins avant leur départ vers le Mexique. Les deux animateurs seront dimanche après-midi à bord du remorqueur de haute mer de la Marine Nationale, le Malabar, pour donner le départ. L’ambiance sera au beau temps selon Météo France. Le départ a dû être retardé d’une demi-heure en raison du passage d’un cargo en route vers Donges : le signal retentira donc à 17h30 !

Choc frontal
Et une fois la Loire derrière l’horizon, il n’y aura probablement qu’une seule grosse dépression à négocier pour aller aux Antilles ! Enfin… Cela va aussi dépendre de la route suivie par la flotte des vingt-quatre Class’40 car il y a tout de même plusieurs voies pour arriver au même but… Même si sur le papier, à 24 heures du coup de canon libérateur, une autoroute se dessine vers le Sud avec quelques petites bretelles d’accès vers les alizés de Madère tandis qu’un chemin plein de bosses s’ouvre vers les Açores.
En effet, un anticyclone 1 026 hPa sera centré dimanche après-midi sur Cherbourg, générant dans sa partie méridionale, un flux de Sud-Est d’une douzaine de nœuds sur une mer encore très maniable : le départ va donc s’effectuer sous spinnaker et les Class’40 vont rapidement sortir du chenal de la Loire, puis ne plus voir pendant plus de deux semaines, toute terre… Mais avec l’arrivée d’une dépression venue de Terre-Neuve et qui se creuse en se déplaçant lentement vers l’Islande, la situation va rapidement basculer à l’approche de la sortie du golfe de Gascogne. Au fur et à mesure que les duos vont gagner dans le Sud-Ouest vers la pointe espagnole, le temps va se dégrader, le vent tourner au Sud-Ouest, la brise se renforcer. Et si les bateaux vont avaler une bonne centaine de milles dans la nuit de dimanche à lundi, l’après-midi devrait mettre un coup d’arrêt à cette rapide progression : du vent contraire, une mer qui se forme et des nuages en masse, annonciateurs d’un front froid, de pluie et de rafales.
Les duos devront donc sérieusement réduire la toile et faire le gros dos pendant au moins douze heures voir plus, en tentant de gagner dans l’Ouest pour sortir le plus vite possible de ces conditions. Grains à plus de 35 nœuds, bascules de vent, forte houle et mer croisée : les bateaux les mieux préparés devraient passer sans encombre ce premier obstacle, mais la priorité sera de ne pas casser et de franchir rapidement ce front pour toucher la rotation du vent au secteur Ouest à Nord-Ouest.

Choix cornélien
C’est ensuite que les choix se corsent car entre mettre le clignotant à gauche pour plonger plein Sud le long des côtes portugaises, ou simplement obliquer vers le Sud-Ouest pour rester sur la route la plus directe vers les Caraïbes, il y a une différence fondamentale qui se marquera dès le mercredi matin ! Dans le premier cas, l’option stratégique est de glisser rapidement vers le soleil pour retrouver une mer moins chaotique, un vent moins soutenu et à moyen terme, un régime d’alizés de Nord-Est qui semble s’installer sous la latitude de Madère : la route vers Saint-Barthélemy est certes plus longue, mais elle est plus paisible avec toutefois l’incertitude sur la stabilité du régime alizéen à l’horizon de la fin de la semaine…
De l’autre côté, la voie directe en piquant vers les Açores est plus mouvementée mais joue le long terme : les dépressions circulent à cette époque de l’année au Nord du 45° Nord, ce qui entraîne un flux parfois puissant de vents de secteur Sud-Ouest passant Nord-Ouest derrière la perturbation. La route est mal pavée, mais elle est plus courte et moins aléatoire au niveau du vent (il y en a presque toujours !), avec un doute à lever : à un moment crucial, il faut pouvoir descendre vers les Antilles sans avoir à traverser en plein milieu, l’anticyclone atlantique où il n’y a que des brises erratiques… Or une perturbation pourrait se creuser en fin de semaine dans le Sud-Ouest des Açores : si c’était le cas, ce serait un formidable coup de pied au tableau arrière pour glisser vers des latitudes plus clémentes !

Une troisième voie ?

Ce choix après le cap Finisterre est essentiel car il n’y aura pas de chemins de traverse : une fois engagé dans une option stratégique, changer son fusil d’épaule sera voué à l’échec pour cette première semaine de course ! Car entre les vents contraires, soutenus (30 nœuds et plus de secteur Nord-Ouest pendant plus d’une journée) et dépressionnaires de la voie açorienne, et les brises progressivement portantes, mais mollissantes (une bulle sans vent à traverser) en gagnant dans le Sud par la route madérienne, il y a tout simplement des hautes pressions et donc des calmes prolongés en plein milieu… Il faut donc s’attendre à une dichotomisation de la flotte dès mardi soir. Et si à l’issue d’une semaine de course, il sera possible d’établir une hiérarchie stabilisée et réaliste, il restera encore deux tiers d’océan Atlantique à avaler jusqu’à Saint-Barthélemy, puis 1 500 milles le long des côtes caraïbes jusqu’à Progreso ! Cette première édition de la Solidaire du Chocolat s’annonce donc plein d’incertitudes et de rebondissements…

Source : La Solidaire du Chocolat