Mercredi, après leur arrivée en 4e position de la Transat Jacques Vabre, Michel et Jérémie ont ‘refait le match’ sur les pontons de Puerto Limon, dans la chaleur du comité d’accueil costaricain. Les visages et les corps marqués par l’intensité de ces 17 jours de course, les deux skippers de FONCIA respiraient la joie et la plénitude, celles des choix assumés et du travail bien fait au sein d’une aventure humaine particulièrement réussie.
La quatrième place…
Michel : « Nous n’étions certainement pas partis pour faire quatrièmes ! Maintenant n’oublions pas qu’il y en a 10 derrière nous. Notre option, nous l’avons prise en connaissance de cause. C’était un choix délibéré, de ma part notamment, de préserver le matériel. En fait, on est les vainqueurs des moins de 50 nœuds (rires)! »
© Marcel Mochet /AFP
Jérémie : « Il y avait un choix stratégique à faire d’entrée de jeu, à la sortie de la Manche. On le savait avant de partir, on y a bien réfléchi et une fois sur l’eau, on a pesé le pour et le contre. Par rapport à la route sud qu’on avait choisie, on a essayé de simuler au maximum l’impact du vent fort et des vagues sur une route plus ouest. Est-ce qu’on a mal interprété les modèles météo ? Est-ce qu’ils ont mieux navigué dans la brise que ce qu’on pensait, est-ce qu’il y a eu moins de brise que ce q u’on pensait ? C’est peut-être un peu de tout ça. Il se trouve qu’après, nous étions derrière avec un gros paquet de retard et qu’il a fallu assumer. Il y a eu une journée où on s’est regardés et où on s’est dit : « ça va peut-être être un petit peu long cette histoire… ».
Michel : « Je pensais que les bateaux partis sur la route nord souffriraient plus et qu’il y aurait plus de dégâts. Pas de gros problèmes comme ceux de BT, mais des dégâts suffisamment astreignants pour nuire à la performance. Trois équipages s’en sont super bien sortis et ont très bien navigué dans la brise : bravo à eux ! Même si ce n’était pas gagné d’avance. »
Si c’était à refaire…
Michel : « Quand on choisit une option, comme ça, c’est plus du feeling à un instant donné. Et cet instant tient compte de plein de paramètres y compris des paramètres psychologiques : dans quel état d’esprit se trouve-t-on au moment où on appuie sur le bouton? Peut-être qu’en d’autres circonstances, à situation météo égale, j’aurais opté pour l’option nord ? Je ne sais pas… »
Les satisfactions…
Michel : « On a très bien exploité notre option, au bon moment, on a pris les bonnes bascules et on a été réactifs. Ce n’est pas parce qu’on prend une option ‘safe’ qu’il faut la jouer les mains dans les poches. Clairement, ce n'est pas ce que l'on a fait. Les quatre derniers jours en mer des Caraïbes, on s’est retrouvés sous grand spi avec plus de 30 nœuds de vent. A un moment, on s’est dit : Mike Golding est 250 milles devant, on va calmer le jeu, arrêter de faire les idiots, ramener le spi… mais non. On est restés combatifs jusqu’au bout. Si on avait pu être "furtif" pendant 36 heures au lieu de 24, on aurait peut-être pu passer Golding. Et puis on s’est super bien entendu avec Jérémie. On a continué à dérouler le film même quand la messe était dite. On ne s‘est jamais morfondus avec l’écart qui augmentait inexorablement devant car il augmentait aussi derrière nous…»
Jérémie : « On était à la traîne mais ce n’était pas les vacances ! On s’est bien arrachés. Et puis le fait de creuser avec ceux de derrière nous a permis de rester motivés jusqu’à la fin, c’était quand même intense. »
Michel, un mot sur Jérémie ?
« En un mot : super ! »
Jérémie, un mot sur Michel ?
« Pareil ! »
Une équipe
Jérémie : « L'autre source de motivation, ça a été l’équipe. Michel en est le porte-drapeau mais derrière, il y a les chevilles ouvrières qui font tout pour que ça fonctionne bien. C’est l’équipe technique, les gens de la com’ et de chez Foncia. J’ai été bluffé : on recevait des encouragements, des petites blagues, toujours le bon mot pour te mettre la banane et la motivation. Des pet ites choses qui font qu’avec cette équipe-là, tout tient debout. Cette chance là, je la mesure. »
L’avenir proche…
Michel : « Aller boire des coups, assister à la remise des prix vendredi et grimper dans l’avion samedi. Puis, dans les jours qui vont suivre, reprendre une activité de terrien un peu plus normale. Jerem’, lui, a tout juste le temps de refaire ses valises…»
Jérémie : « Si l’équipage de Pascal Bidégorry n’est pas parti quand je serai rentré en France et que j’ai le temps de laver mes petites chaussettes, oui, je devrais embarquer sur Banque Populaire V pour la tentative du Trophée Jules Verne… »
Rappel : A bord de FONCIA, Michel Desjoyeaux et Jérémie Beyou ont franchi la ligne d’arrivée devant Puerto Limon (Costa Rica) le mercredi 25 novembre à 23h 14m et 34s - heure française (16h 14m 34s heure locale). Ils terminent 4e de la 9e Transat Jacques Vabre derrière un podium composé de Safran, Groupe Bel et Mike Golding Yacht Racing.
Source : Foncia