Crédit : JM Liot / NCR 2010
A 250 milles de l 'arrivée, Ruyant et Leglatin doivent non seulement considérer une fin de parcours semée d 'embûches, avec notamment le terrible passage de la pointe du Cotentin et ses redoutables courants, mais aussi compter sur l 'expérimenté Mabire et sa connaissance de la Manche pour accentuer mille après mille la pression et jouer crânement sa chance pour la victoire finale. Un duel colossal s 'annonce sous le soleil estival et dans les petits airs d 'Est de la Manche. Une arrivée à vue de ces deux protagonistes devant Hermanville sur mer dimanche matin entre désormais dans les probabilités d 'une course qui tient jusqu 'au bout toutes ses promesses.
L 'issue de la Normandy Channel Race première du nom plonge au fur et à mesure que les concurrents s 'approche de la ligne d 'arrivée vers l 'incertitude. "Destination Dunkerque" a toujours son destin bien en main. Ses derniers virements de bord laissent à penser que l 'expérimenté Tang (Tanguy Leglatin) et le fougueux Tom (Thomas Ruyant) ont senti la menace "40 Degrees" et tentent de la juguler en se positionnant entre l 'étrave du duo Franco Britannique et la marque d 'arrivée. Ce petit jeux des contre bords a ramené le déficit de Mabire-Harding à une douzaine de milles, alors que la Manche entière reste encore à négocier. La Manche, et ce morceau de bravoure redouté de tous les régatiers et plaisanciers qui s 'y aventurent, le raz Blanchard, situé entre la pointe ouest du cap de la Hague et Aurigny, à l 'entrée du passage de la Déroute, et ses courants de marée les plus puissants d 'Europe. Leur vitesse peut atteindre jusqu 'à 12 nœuds lors des grandes marées d 'équinoxe. Un casse tête supplémentaire pour le leader de la course, qui sait que ses choix de route seront observés au point de définir la stratégie de ses poursuivants. Mabire et Harding ont tous deux démontrés lors de la remontée vers le Fastnet leur capacité à aller vite au près ; ils envisagent la fin de course avec une grande sérénité ; "... le près dans les conditions actuelles c 'est plutot super. Ca glisse tout seul et le bateau une fois bien réglé se debrouille très bien, barre bloquée ou pilote en mode économique. Cela nous a permis de bien nous reposer cette nuit et j 'avoue que personnellement j 'en avais bien besoin, car depuis le départ je n 'avais quasiment pas pu dormir. Les manoeuvres principales consistent a jouer plus ou moins avec le volume d 'eau dans les ballasts, un petit virement de temps en temps avec la séance de matossage qui va avec et à part ça, il nous reste du temps, pour vous écrire par exemple...."
Au près dans un régime d 'une douzaine de noeuds de vent orienté au Sud Est, les 8 protagonistes encore en lice et qui ont tous désormais enroulé la dernière marque de parcours, le rocher du Fastnet, négocient leur entrée en Manche et le nouveau passage de Land 's End, la pointe occidentale de l 'Angleterre. Le châpelet d 'îles appelées Scilly égrainés sur leur route, vient corser davantage encore les choix de route. Derrière les deux duos de tête, on assiste à une certaine redistribution des cartes. Marc Lepesqueux et Eric Defert ramènent ainsi imperceptiblement mais sûrement leur "Marie toït- Caen la Mer" au coeur du peloton, tandis que Tanguy Delamotte et Jean Galfione (Novedia Initiatives) sont à la lutte bord à bord avec "Groupe Partouche" de Christophe Coatnoan et Pierre-Yves Lautrou à une centaine de milles des leaders. Un écart certes conséquent mais qui peut encore permettre, et selon les estimations du moment, permettre à tous les concurrents de rejoindre Caen dimanche soir....
Source : Denis van den Brink / NCR 2010