Tour de France à la Voile / La loi du large

Le large, la houle qui tape, les longues heures de près. Le brouillard nocturne, le petit matin, et 194 milles entre Dieppe et Pléneuf-Val-André, en Bretagne Nord. Les concurrents du Tour de France à la Voile sont partis hier de Normandie pour leur troisième course-étape. 24 heures plus tard, ils sont toujours en mer. Compte-rendu en direct depuis le bateau-presse.

Crédit : JM Liot / TFV 2010

Cela a démarré hier à 17h04, devant Dieppe, dans 13 nœuds de vent de face et une mer verte. Les locaux de l'étape, Manche - Basse Normandie et Côtes d'Armor, mènent la flotte vers la côte. Le spectacle est magnifique sous les falaises de craie et pour les équipages, déjà un piège : les nombreux filets de pêche ! Plusieurs concurrents tirent de suite au large. Le groupe parti à la côte les retrouve quelques heures plus tard, après la renverse du courant. C'est un véritable ascenseur qui éloigne les 28 bateaux des plages normandes.

Coucher de soleil couvert. Nuit noire. Le vent monte à 20 nœuds. La mer est hachée. Les Farr 30 progressent au près, les équipiers au rappel, l'étrave qui tape. Ce n'est que le début de l'étape... En baie de Seine, il pleut et il fait froid. La VHF grésille : les concurrents allument les moteurs pour recharger les batteries. Il y a beaucoup de cargos. Au petit matin, on retrouve la flotte très au large. A 11h48, le premier bateau pointe son étrave à la marque officielle de parcours CH1, devant Cherbourg. Le large a redistribué les cartes, c'est le bateau Ville du Port - Région Réunion qui mène. Les amateurs ultramarins ont la pêche ! Derrière eux, on retrouve l'un des favoris, Toulon Provence Méditerranée - COYCH, toujours à l'aise dans la brise. Les étudiants hollandais de TU Delft sont eux aussi dans le coup à la troisième place. Nouvelle Calédonie, leader provisoire du classement général, est le 11ème à passer la marque, juste derrière un autre favori, Courrier Dunkerque.

A midi, c'est reparti le long des cailloux du Cotentin. Le long ? Dans les cailloux, oui ! Le vent est retombé à dix nœuds, la renverse est pour bientôt et le passage du Raz Blanchard presse. En frôlant les rochers, ils jouent à quitte ou double : s'abriter du courant pour passer plus vite, ou risquer de toucher et échouer. Ca passe... Et on respire. Mais ce n'est pas fini ! Le raz Blanchard est déjà agité, une vraie bouillasse. Et les Réunionnais, toujours devant, foncent dans le tas. Ils hissent le spi à la sortie et descendent au portant vers la côte bretonne. Le reste de la flotte évite la houle, mais vient se glisser derrière la Foraine, cardinale Nord du Cap de la Hague. Les bateaux sont dépalés par le courant, les marins sortent de plus de 20 heures de près, mais ils envoient le spi sans hésiter en enroulant la marque.

A 18 heures, les bateaux étaient à sept milles de la Bouée Désormes située à 48 milles de l'arrivée. Cela fait maintenant 24 heures que la flotte a quitté Dieppe. Tendus au rappel, sous spi, les coureurs accusent le coup. Le comité de course envisage une heure d'arrivée vers minuit pour les leaders. Pas question de se relâcher : Dieppe - Pléneuf Val André, c'est une étape de coefficient trois. Les Réunionais vont devoir tenir le rythme au reaching et ne pas céder sous la pression des « pros » notamment, celle de TPM COYCH, toujours deuxième à l'heure d'envoyer ce communiqué et celle de Nouvelle Calédonie qui était revenu à la troisième place. Autre danger pour le bateau Ville du Port Région Réunion, Courrier Dunkerque, actuellement 2ème du classement général provisoire, qui était quant à lui décalé de 0,5 milles sous le vent des deux leaders. Le spectacle à l'approche de la Côte de Penthièvre est donc total et la bataille sportive à son plus haut niveau.

Source : Tour Voile