Class Ultime / Focus sur Eric Lamy, le préparateur de Groupama 3

 Membre du team Groupama depuis mai 2006, Eric Lamy faisait partie de l'équipe qui a préparé Groupama 2 pour la Route du Rhum 2006 : « Le bateau était parfaitement prêt. Avec Bruno Laurent, le boat captain, nous avons démonté tous les winches et mélangé les pièces dans une grande bassine. Charge à Yoann Bibbeau, qui venait de rejoindre l'équipe, de les remonter rapidement ».

Crédit : Y Zedda

Avec Eric, le ton est rapidement donné, mélange d'humour, de simplicité mais aussi et surtout d'une grande connaissance de son métier : la préparation d'un bateau de course.

Il est conscient de la difficulté qui attend Franck Cammas
Fils de parents sportifs qui se sont rencontrés lors d'une compétition de 2 CV dans le Sahara, Eric a probablement su lover un bout avant de marcher. Car après avoir piloté voitures et avions puis sauté en parachute, Monsieur et Madame Lamy ont embarqué leurs deux enfants pour une grande croisière familiale. De cette virée au long cours, Eric retient la parfaite maîtrise de l'anglais, le plaisir d'être en mer, le sens du partage.

Et n'allez pas penser que, s'il reste à terre quand Cammas prend la mer, c'est par dépit : « Je ne suis pas pilote. Je suis mécano. Cela n'a rien à voir car je n'ai pas l'esprit de compétition que peut avoir Franck. À l'arrivée de la dernière édition du Rhum, à Pointe-À-Pitre, Franck était très déçu de sa cinquième place. Pas nous, car tout avait bien fonctionné. On avait bien fait notre boulot ».

Pour cette neuvième édition de la Route du Rhum - La Banque Postale, le boat captain de Groupama 3 est conscient de la difficulté qui attend Cammas : « C'est très physique. Entre le roulé du gennaker et le déroulé du Solent, c'est 90 minutes d'effort intense. On travaille donc beaucoup sur l'ergonomie pour gagner en manoeuvrabilité. Tout le temps qu'on gagne, c'est de la dépense d'énergie en moins. On est là pour faciliter la vie de Franck, lui permettre de ne pas perdre de temps ».

Sous la casquette de protection de Groupama 3, un petit boîtier aligne les diodes. Vertes et oranges. Des capteurs sont placés sur les drisses et sur les manoeuvres de dérive et de foils. Quand la pièce est en place, la diode s'allume. En un coup d'oeil, sans avoir à quitter la colonne de winches ou à descendre de son vélo, Franck Cammas sait qu'il en a terminé. Gain de temps, protection contre un mauvais jugement, le système est novateur et Ô combien précieux. « C'est très agréable de travailler avec Franck car il sait ce qu'il veut. L'une de ses demandes était de ne pas aller plus d'une fois sur le pont lors de l'envoi ou de l'affalage d'une voile. Un aller-retour sur un bateau de 32 mètres, ça prend du temps, de l'énergie et ça représente aussi des risques physiques, notamment quand la mer est forte. Il fait seul ce qu'ils étaient six à faire en équipage. C'est énorme. » précise Eric, un brin admiratif.

Quand on lui parle des cinq mètres de mât en moins, le boat captain de Groupama 3 sourit : « Quand tu es en mer et que tu regardes là-haut à 36 mètres, tu te dis que c'est largement suffisant. Avec 288 mètres carrés pour 200 kilos, la grand-voile est bien dimensionnée. Les performances du bateau le prouvent car, s'il y a moins de surface de voilure, il y a aussi beaucoup moins de poids à traîner. Au départ du Rhum, Groupama 3 sera trois tonnes plus léger qu'au départ du Jules Verne. C'est beaucoup ».

Peu présent physiquement chez Multiplast pour le chantier de mise en configuration solitaire de Groupama 3, Franck Cammas a néanmoins suivi de près les transformations : « Franck a été très pris par la préparation de la Volvo Ocean Race, par la conception du futur Groupama 4. Il nous a fait confiance. Parfois, on décidait à sa place, mais il a l'oeil sur tout. Certains membres de l'équipe qui ne le connaissaient pas ont été surpris. Franck n'est pas toujours très expressif à terre alors qu'en mer, tu sais tout de suite s'il est content de ton travail. Il est très ouvert, même à la critique. Et il aime partager. C'est aussi pour cette raison que l'équipe se donne à fond dans le projet » poursuit Eric Lamy.

Source : Groupama