Barcelona World Race / Baston à l’horizon

Le détroit de Cook est la prochaine cible des équipages de la Barcelona World Race. A 1500 milles de ce passage naturel entre l’île du Nord et l’île du Sud de la Nouvelle-Zélande, la tête de course s’apprête à vivre son premier gros coup de vent. Une fois passée la baston, il faudra ensuite négocier le vaste anticyclone qui barre la route vers Wellington… tout un programme !

© Neutrogena

Ça file vite et droit sur la piste de l’Indien qui prodigue un solide flux de secteur ouest aux trois quarts de la flotte, permettant à différents duos d’aligner des moyennes journalières de plus de 400 milles. De là à dire que les douze concurrents de la Barcelona World Race sont tous logés à la même enseigne, il y a un monde, ou plutôt 3583 milles (6635 km). C’est la distance qui sépare désormais la flèche bleue Virbac-Paprec 3 de la nouvelle lanterne rouge We are Water, surclassé cette nuit par son compagnon de route Central Lechera Asturiana.

Baston à l’horizon
Les quatre premiers bateaux ont doublé la longitude du cap Leeuwin, deuxième des trois grands caps de ce tour du monde et se dirigent désormais vers la mer de Tasmanie. En signe d’adieu un peu brutal à ce valeureux quatuor, l’Indien a déterré la hache de guerre. Dans les prochaines heures, Virbac-Paprec 3, MAPFRE, Estrella Damm et dans une moindre mesure Groupe Bel vont rencontrer ce que l’équipage de MAPFRE a qualifié de « tempête parfaite » : 50 à 55 nœuds d’ouest-nord ouest et une mer très forte. Si ces prévisions se confirment, ce sera le premier vrai gros coup de tabac encaissé par la tête de course. Dans ce contexte, la régate passera forcément au second plan au profit d’une navigation sage et prudente. Pas de panique pour le leader Virbac-Paprec 3 : avec 452 milles d’avance sur leurs deux chasseurs espagnols MAPFRE et plus loin Estrella Damm, Jean-Pierre Dick et Loïck Peyron, peuvent se permettre de lever le pied quelques heures !

Des joies, des frustrations, du spleen
La flotte est aujourd’hui étalée sur une telle distance que chaque équipage offre un visage différent. Les réalités ne sont plus les mêmes selon où l’on se situe géographiquement et selon son niveau d’exigence par rapport à la course. Si Dominique Wavre et Michèle Paret (Mirabaud) ont, en vertu de leur expérience, un peu de mal à se satisfaire de leur 6e place, leurs rivaux Boris Hermann et Ryan Breymaier (Neutrogena) s’apprivoisent, apprennent, et font bonne figure malgré les milles perdus. L’équipage 100% féminin de Gaes Centros Auditivos est dans le même état d’esprit : Dee Caffari et Anna Corbella sont tout sourire en dépit de leur 8e place volée cette nuit par Hugo Boss. Aujourd’hui, la joie se lisait aussi sur le visage et dans les gestes de l’Espagnol Pachi Rivero. Sollicité ce midi par des écoliers de Barcelone, le co-skipper de Renault Z.E a répondu à toutes les questions sans jamais se départir de sa bonne humeur légendaire. Pourtant, l’équipage de Renault Z.E, esseulé 400 milles derrière Groupe Bel et 400 milles devant Mirabaud, doit parfois avoir du mal à trouver la motivation pour pousser le bateau. Sans compter le spleen qui s’invite à bord en passager clandestin. Après 42 jours de mer et cette longue session dans la grisaille, le manque s’insinue et c’est probablement là le point commun entre tous les équipages. La famille, les enfants, les amis brillent par leur absence. Les effluves, les saveurs, les nouvelles de la terre font rêver. Patience, car les 12 vaillants tandems n’ont pas encore accompli la moitié du chemin. Pour tromper les coups de blues ou la monotonie, un vaste programme les attend, sous forme d’anticyclone à négocier en mer de Tasmanie.

Ils ont dit :
Boris Hermann, Neutrogena: « Nous avons eu des problèmes avec notre système de ballast, mais tout est réglé maintenant. J’ai la chance d’avoir un bon technicien avec moi donc il a fait des stratifications. Avec Ryan, nos relations évoluent. Au début on a travaillé pour « normer » le tandem et maintenant nous sommes performants, car nous avons créé une base de routine. On se connaissait bien avant, mais il faut quand même trouver le bon rythme pour naviguer ensemble. Moi, je suis plus calme, plus carré que Ryan. Lui est plus spontané et plus à fond parfois, il pousse plus loin. Ça marche bien entre nous, on « s’amortit » bien je crois. »

Dee Caffari, Gaes Centros Auditivos : « Nous sommes évidemment déçues d’être reléguées à la neuvième place mais au classement de ce matin, Hugo Boss n’est qu’à quinze milles devant nous alors on ne s’avoue pas encore vaincues. Nous ne sommes pas tout à fait à la moitié de ce tour du monde et je sais d’expérience que la route est encore longue jusqu’à la ligne d’arrivée. Les conditions actuelles favorisent Hugo Boss qui est un 60 pieds IMOCA plus lourd et nous avons du pain sur la planche si nous voulons rester au contact avec eux.»

Anna Corbella, Gaes Centros Auditivos : « C’est hallucinant de voir comment défilent les milles. Nous volons de porte en porte. Nous allons au maximum de notre vitesse. D’ici deux jours nous serons au niveau de la barrière australienne puis après, rapidement, en Nouvelle-Zélande. Hugo Boss, nous le repasserons quand le vent baissera. »

Classement du 11 février à 15 heures (TU+1) :
1 VIRBAC-PAPREC 12963,9 à milles de l’arrivée
2 MAPFRE à 452,3 milles du leader
3 ESTRELLA DAMM Sailing Team à 521,2 milles
4 GROUPE BEL à 806,7 milles
5 RENAULT Z.E à 1217,9 milles
6 MIRABAUD à 1629,8 milles
7 NEUTROGENA à 1712,5 milles
8 GAES CENTROS AUDITIVOS à 2180,3 milles
9 HUGO BOSS à 2189,7 milles
10 FORUM MARITIM CATALA à 3307,9 milles
11 CENTRAL LECHERA ASTURIANA à 3561,1 milles
12 WE ARE WATER à 3583,3 milles
ABD FONCIA
ABD PRESIDENT

Source : C.El / Barcelona World Race