Record / Dernières 36h plus que délicates pour Thomas Coville

Les minutes ont dû lui sembler durer des heures. On a même du mal à imaginer ce qui peut bien bouillonner au font de soi lorsque l'on avance seul au milieu de tout et que le radar signale la présence d'icebergs. Pendant 36 heures, le skipper a vécu la peur au ventre l'un des moments les plus éprouvants depuis son départ il y a 35 jours de Ouessant.

Ce matin, l’écho a confirmé à deux reprises qu’il y avait de la glace dans les parages. Qui dit avertissement du radar, dit aussi que la taille du "glaçon" peut être conséquente. On sait également que les icebergs dérivent à la vitesse de 10 à 20 milles par jour escortés par des grolers, ces "petits" morceaux qui fondent dans une eau que Thomas mesurait hier à six degrés.

Pris en étau, le trimaran devait éviter de se faire rattraper par une dorsale anticyclonique et arriver à temps pour le passage du front dépressionnaire qui lui permet aujourd’hui de quitter la région des glaces sur un bon bord au Sud-Est. Tom a "coupé le fromage" pendant quelques heures mais le marin déteste par dessus tout être le fruit du hasard. Il est remonté un peu plus au Nord à la faveur d’un contre-bord salutaire.

Le front situé dans le Sud de Sodebo est passé dans la nuit pour nous avec des rafales de plus de 40 nœuds. Eprouvé par ses heures de veille sans fermer l’œil, essayant de faire avancer son bateau dans une mer chaotique et un vent vraiment très instable où il a perdu un peu de terrain sur Francis (1266 milles de retard à 15h), Thomas réussi à s’offrir aujourd’hui quelques tranches de 10 à 20 minutes de sommeil dans un vent de 20 à 30 nœuds.

Le maxi trimaran va continuer sa progression vers le Horn dans le secteur Nord-Ouest de cette dépression qui se déplace lentement vers l'Est. Il empannera dans le Nord du centre afin de repartir pratiquement en route directe vers la pointe de l’Amérique du Sud. En quittant l'océan Indien il y a une semaine, Thomas déclarait "le Pacifique t’as à l’usure et parler de la délivrance du Cap Horn n’est pas un excès de langage."

S’éloigner des glaces représente déjà un premier soulagement, même si le risque de faire de mauvaises rencontres persiste tant que l’on navigue dans le Grand Sud. D’autant que Thomas descend à nouveau. Le rocher du Horn s’avance dans l’océan par 55 degrés Sud et les conditions météo à l’approche du Cap des Tempêtes s’annoncent à la hauteur de la réputation de la région.

Chiffres du Jour à 18h :
Retard : -1 257,50 nm
VM sur 24h : 18,8 Nds
Milles parcourus en 24 h : 451,5 nm

Source : J.H. / Sodebo